La recherche en génie sous l’angle de l’EDI

Par Université d'Ottawa

Cabinet du vice-recteur à la recherche et à l'innovation, CVRRI

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Équité, diversité et inclusion
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Recherche et innovation
Les étudiantes Isa-Bella Leclair et Michelle Liu
Les étudiantes Isa-Bella Leclair et Michelle Liu
Étudiantes en génie, Isa-Bella Leclair et Michelle Liu s’efforcent de faire reconnaître l’importance de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) dans la profession.

Toutes deux espèrent démontrer que la prise en considération de ces questions ne peut qu’améliorer le service au public. « Dans notre domaine, il ne suffit pas d’appliquer des notions scientifiques en vase clos, estime Isa-Bella Leclair. Notre travail comporte aussi une dimension sociale. »

« Les ingénieures et ingénieurs sont tenus par la loi et les normes professionnelles de concevoir des ouvrages pour l’ensemble de la société, et non pas seulement pour les membres de la population conformes à l’identité dominante », souligne Michelle Liu.

Étudiante à la maîtrise en génie civil, Isa-Bella Leclair est francophone et se définit comme une femme pansexuelle en situation de handicap physique. Au cours de ses études, elle s’est elle-même heurtée à des obstacles à l’accessibilité : elle a dû marcher sur un mur de soutènement étroit, traverser des eaux turbulentes, éviter des excavations non signalées sur des chantiers et se frayer un chemin dans un bois jonché de troncs d’arbres.

« J’ai souvent affronté des difficultés de ce genre, très éprouvantes pour une personne à mobilité réduite, déplore-t-elle. Sans compter que mon équipement de protection n’était pas adapté à un gabarit féminin. Pour les femmes ayant un handicap, il est important de pouvoir soulever ces problèmes auprès du personnel enseignant et de leurs pairs. »

Sous la direction du professeur Martin Noël, Isa-Bella Leclair rédige son mémoire sur l’accessibilité dans la conception technique. « Je veux que la communauté de génie prenne conscience des besoins des personnes handicapées, dit-elle. Il faut se demander si la conception en tient compte, et quels sont les coûts sociaux et environnementaux des pratiques actuelles. »

Selon une enquête de la chercheuse auprès de 220 professionnelles et professionnels du génie civil et du bâtiment, 60 % estiment que l’accessibilité n’est pas leur responsabilité. Par ailleurs, elle a constaté que les questions de l’accessibilité et de la responsabilité sociale sont pratiquement absentes des programmes de génie.

Elle voit cependant une lueur d’espoir : 87 % des personnes ayant participé à l’enquête considèrent la formation en génie civil comme un moyen efficace d’améliorer la conception universelle et l’accessibilité des ouvrages.

Pour sa part, Michelle Liu mène de front un doctorat en génie et un programme de Juris Doctor (J.D.) en common law. Elle se définit comme une femme racisée, queer et cisgenre.

En milieu tant scolaire que professionnel, l’affirmation de son identité de femme queer d’origine asiatique lui a valu des réactions violentes, notamment son exclusion de certaines équipes en raison du malaise et de la peur qu’engendrait son identité queer. « Sur de nombreux chantiers, j’ai vu des collègues se tripoter en me criant des insultes homophobes ou racistes, et ce n’est qu’un exemple, dénonce-t-elle. Je trouve scandaleux que de tels agissements soient considérés comme normaux dans une profession réglementée de haut niveau et au service du public. J’espère faire bouger un peu les choses au cours de ma vie. »

Dans le but de sensibiliser la communauté professionnelle aux questions d’EDI, elle poursuit sa thèse de doctorat sur les dispositions du Code national du bâtiment faisant référence aux « utilisateurs » et aux « occupants », sous la direction de la professeure Beatriz Martin-Perez, de la Faculté de génie, et de la professeure Jena McGill, de la Faculté de droit. Elle tente de déterminer si les sujets ayant servi aux essais et aux modélisations étaient représentatifs de la population en général ou seulement des groupes dominants en génie, soit les hommes hétérosexuels, cisgenres et sans handicap. « J’espère recommander des modifications au Code afin de rendre l’environnement bâti accessible à l’ensemble de la population », résume la doctorante.

Les deux étudiantes estiment qu’une plus grande inclusion dans la profession passe par l’amélioration de l’expérience professionnelle de ses membres revendiquant l’équité, et de l’ensemble de la population qu’elle sert. « Bien sûr, nous voulons changer la culture dans les programmes en génie et les lieux de travail; mais pour cela, nous devons encourager les personnes en quête d’équité à persister dans leur choix de carrière, car c’est par elles que ce changement aura lieu », explique Isa-Bella Leclair.

Sa collègue renchérit : « La remise en cause de l’objectivité du génie laissera place à de nouvelles idées et permettra à la nouvelle génération d’intégrer l’EDI dans la profession. » 

Ensemble, Michelle Liu et Isa-Bella Leclair s’efforcent de démontrer que les ingénieures et ingénieurs peuvent participer à la construction d’une société canadienne plus équitable et inclusive.

Par Diego Herrera et Kirtarath Kaur, Service de gestion de la recherche de l’Université d’Ottawa

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