Aborder des sujets d’actualité sensibles en classe : Naviguer des dialogues « courageux »

Faculté d'éducation
Éducation
Équité, diversité et inclusion
Illustration abstraite d'une conversation avec des opinions diverses
Aider les pédagogues de demain à animer des discussions respectueuses et productives est au cœur de notre programme de formation à l’enseignement. Pour se préparer à une carrière auprès de différentes populations, les étudiantes et étudiants au B.Éd. participent à des activités de perfectionnement auprès de partenaires communautaires qui luttent contre le racisme et pour la protection des droits de la personne.

Compte tenu de la montée de l’antisémitisme – dont le négationnisme– et de l’islamophobie, sujet qui a fait l’objet d’un rapport du Sénat du Canada en novembre 2023, les enseignantes et enseignants doivent souvent gérer des conversations complexes en classe.  Mais comment aborder adéquatement les préjudices historiques, les fractures sociales et la polarisation avec les enfants et les jeunes? De quelle manière peut-on créer des environnements bienveillants où il leur sera possible de se raconter? 

Récemment, ces gens ont pu assister à la conférence de Tibor Egervari, professeur émérite de l’Université d’Ottawa et représentant du Centre for Holocaust Education and Scholarship et à celle d’Aasiyah Khan, directrice des programmes d’éducation pour le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), qui présentaient des perspectives sur la manière dont le personnel enseignant peut aider les élèves à comprendre l'importance des valeurs démocratiques.

Chaque fois, on les invitait à réfléchir à leur propre compréhension de l’histoire, puis à poser un regard critique sur la façon dont le racisme et la haine sont associés à la montée de la violence au pays. Ces présentations sont en phase avec le plan du ministère de l’Éducation de l’Ontario visant à élargir le programme d’études sur l’Holocauste et les investissements de la province pour lutter contre l’islamophobie dans les écoles. 

Apprendre de l'histoire

Professor speaking to students in a lecture hall
Tibor Egervari s'adressant à la population étudiante de la Faculté d'éducation. Crédit photo : The Centre for Holocaust Education and Scholarship (Centre pour l'enseignement et l'étude de l'Holocauste)

Comme la Seconde Guerre mondiale a éclaté il y a plus de 80 ans, de moins en moins de survivantes et survivants de l’Holocauste peuvent témoigner de leur expérience. M. Egervari, qui a lui-même survécu au génocide, a donné un cours d’histoire sur la manière dont le discours raciste a déshumanisé les personnes juives à l’époque du régime nazi en Allemagne, entraînant ainsi rapidement et violemment la privation de leurs droits et libertés. Il a parlé de son enfance en Hongrie et de la dernière fois où il a vu son père et son frère : ils marchaient vers Auschwitz, forcés de le faire.  

Ce témoignage de première main montre la vitesse à laquelle on peut franchir la mince ligne qui sépare les idéologies haineuses de la violence meurtrière. « Ce que j’aimerais que vous compreniez surtout, c’est que cette persécution était fondée sur la race », a-t-il souligné en parlant des origines de l’Holocauste.  

Défier les stéréotypes

Aasiyah Khan
Aasiyah Khan, directrice des programmes d’éducation, Conseil national des musulmans canadiens

Dans le cadre de ses fonctions de directrice des programmes d’éducation du CNMC, Aasiyah Khan enseigne, donne des formations et milite pour l’inclusion de la population musulmane dans la vie au Canada. Elle presse notamment les écoles de lutter contre l’islamophobie. Pour être en mesure d’offrir à l’ensemble de leurs élèves un environnement sécuritaire et bienveillant, les enseignantes et enseignants ont le devoir de briser les mythes sur l’Islam et les stéréotypes néfastes.  

En s’appuyant sur les définitions de la Commission ontarienne des droits de la personne, Mme Khan a expliqué aux participantes et participants comment reconnaître l’islamophobie et présenté les formes qu’elle peut prendre dans différents milieux scolaires. Elle a parlé des répercussions du discours négatif ambiant à propos de l’Islam sur les enfants de confession musulmane et a expliqué pourquoi profiter de ces « occasions d’apprentissage » sur la riche diversité des communautés musulmanes et la contribution de leurs membres à la société peut aider à contrer la discrimination.  

La militante a ajouté qu’il faut impérativement avoir recours à ce qu’on appelle la « pédagogie sensible et adaptée à la culture » – qui nécessite par exemple de tenir compte de l’identité culturelle et linguistique des élèves dans l’enseignement au quotidien – pour favoriser le sentiment d’appartenance en classe. 

Préparer la relève en enseignement

Selon Tracy Crowe, spécialiste des programmes de formation à l’enseignement, « ces activités de perfectionnement servent de complément aux apprentissages réalisés dans le cadre des stages et des travaux universitaires. Notre programme est centré sur l’importance pour les enseignantes et enseignants de s’adapter aux besoins de leurs élèves et d’aligner leurs responsabilités sur les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion. »  

« Lorsqu’on les amène à comprendre le vécu des élèves et à réfléchir à leurs propres expériences, nos apprenantes et apprenants développent les connaissances, les compétences et les comportements qu’il leur faut pour enseigner dans la réalité d’aujourd’hui. »

Les écoles sont un microcosme de la diversité canadienne où on cultive les valeurs démocratiques que sont la liberté et le respect de la différence. Dotons les futurs enseignants et enseignantes des connaissances et des outils nécessaires pour accueillir un éventail de points de vue afin de leur donner les moyens, mais surtout le courage d’en discuter.