Cinq faits que vous ne connaissez peut-être pas sur le cœur

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Peinture de style graffiti représentant un coeur humain
Pour la Saint-Valentin cette année, nous avons interviewé Christopher Ramnanan, professeur à la Faculté de médecine, sur les affaires de cœur. Il nous présente cinq faits intéressants sur cet organe vital.

Un cœur brisé, apprendre par cœur, du fond du cœur… Ces expressions idiomatiques et bien d’autres remontent au début de l’âge du bronze et à l’Antiquité grecque, lorsque les philosophes croyaient que le cœur était responsable de l’intelligence humaine, du mouvement, de la mémoire et des émotions. 

Maintenant que nous avons une meilleure compréhension de l’anatomie humaine, nous savons que c’est le cerveau qui est  « au cœur » de ces capacités humaines, et que l’organe veineux qui bat dans notre poitrine est en fait une pompe qui alimente le reste de notre corps en sang oxygéné.

Christopher Ramnanan, professeur agrégé au Département d’innovation en éducation médicale de la Faculté de médecine, nous présente cinq faits intéressants sur le cœur que les gens ne connaissent peut-être pas. 

Diagramme de l'intérieur du cœur humain comprenant l'aorte, les oreillettes et les ventricules gauches et droits.

1. Deux cœurs valent mieux qu’un 

Le cœur humain comporte quatre cavités : les oreillettes gauche et droite, qui collectent le sang du corps et des organes, et les ventricules gauche et droit, qui pompent le sang hors du cœur. 

« Ce qui est moins connu, c’est que ces cavités sont organisées pour fonctionner essentiellement comme deux cœurs distincts, impliqués dans deux systèmes différents de circulation sanguine. Donc,

d’un point de vue fonctionnel, nous avons en fait deux cœurs dans la poitrine, qui pompent à des pressions différentes et chacun avec leurs propres objectifs », explique le professeur Ramnanan. 

Le cœur droit recueille le sang de tous les tissus du corps dans l’oreillette droite. Ce sang est ensuite acheminé dans le ventricule droit, qui le pompe vers les poumons pour l’oxygéner. Le ventricule droit pompe à une pression modérément basse, afin de ne pas endommager les tissus délicats des poumons. « C’est un voisin consciencieux », dit le professeur. 

Le cœur gauche recueille le sang oxygéné des poumons. De l’oreillette gauche, le sang descend vers le ventricule gauche, puis est pompé vers le reste du corps par l’aorte, la plus grande artère du corps. Le ventricule gauche pompe le sang à une pression plus élevée, car il doit travailler contre la gravité pour faire monter le sang vers la tête, tout en le faisant descendre jusqu’aux pieds. Le ventricule gauche est donc plus épais et plus musclé que le droit, car il travaille plus fort. 

2. Le cœur est bien au centre 

« Pendant l’hymne national, lorsque les gens mettent la main sur leur cœur, ils ont tendance à le placer beaucoup trop à gauche », explique le professeur Ramnanan. « Il est vrai que le cœur est orienté un peu vers la gauche, mais la plupart des tissus sont situés pile au milieu de la poitrine, confortablement placés derrière la protection osseuse du sternum, ou plastron. Pas mal en termes de conception, non? »

En effet, le cœur vit dans le médiastin, une cavité centrale de notre poitrine qui signifie littéralement « ce qui se trouve au milieu » en latin. C’est cette conception même qui a conduit des penseurs comme Aristote à déterminer que le cœur était l’organe le plus important du corps et le siège de la vitalité. Aristote croyait que le cerveau et les poumons n’existaient que pour refroidir le cœur. 

Ce n’est qu’en 1628, lorsque le médecin anglais William Harvey a écrit que la fonction première du cœur était « la transmission du sang et sa propulsion », que les croyances ont commencé à changer. Le philosophe français René Descartes a été l’un des premiers à décrire le cœur comme une pompe mécanique, dans son livre Discours de la méthode publié en 1637. 

Illustration du cœur humain présentant les artères coronaires, dont l'artère descendante antérieure gauche dont l'obstruction provoque la crise cardiaque du faiseur de veuves.

3. Le cœur commence en forme de tube 

In utero, le cœur d’un bébé se développe en forme de deux tubes, comme des attrape-doigts. Après quatre à huit semaines de croissance, les tubes fusionnent et subissent de vastes transformations. 

« Au départ, nous n’avons qu’une oreillette située sous un ventricule, avec un seul circuit de circulation sanguine », explique-t-il. « Ce cœur à circuit unique connaît ensuite une croissance, un bouclage et un pliage importants. Finalement, l’oreillette et le ventricule sont divisés en deux, ce qui nous donne un total de quatre compartiments. À mesure que les ventricules grossissent, ils commencent à descendre sous les oreillettes, donnant à l’organe sa forme finale ». 

4. Le plus grave problème d’obstruction artérielle est surnommé « faiseur de veuves » 

Les artères coronaires sont les vaisseaux sanguins qui relient l’aorte au cœur. Ces artères prélèvent une partie du sang oxygéné pour alimenter le cœur lui-même – car lui aussi a besoin d’oxygène pour fonctionner. 

« Il y a une artère coronaire droite et une gauche, chacune avec plusieurs branches alimentant des parties spécifiques du cœur », dit le professeur Ramnanan. « Lorsqu’il y a un blocage dans l’une de ces branches, cela empêche une partie du cœur d’être alimenté en oxygène. Ce manque d'oxygène entraîne des dommages et la douleur associée que nous ressentons dans la poitrine et l'épaule. Ça, c'est une crise cardiaque. C'est le manque de circulation sanguine, ou le blocage, qui est en est le problème. » 

Selon le professeur Ramnanan, l’artère coronaire gauche et l’une de ses branches, l’artère descendante antérieure gauche en particulier, sont plus susceptibles de se bloquer que toute autre artère. Le problème d’obstruction dans cette zone critique est si courant et dangereux qu’il est appelé dans le jargon « faiseur de veuves ». 

Le surnom découle probablement d’une ancienne idée préconçue selon laquelle les maladies cardiaques étaient surtout un problème d’hommes. « Quand j’étais jeune, je me souviens avoir pensé que les crises cardiaques arrivaient plutôt aux pères qu’aux mères », dit-il. « Je pense qu’il est communément accepté maintenant que les maladies cardiaques et les autres problèmes de cœur touchent tout le monde. En fait, des études récentes ont montré que, statistiquement, c’est en fait plus fréquent chez les femmes. Des recherches importantes sont actuellement menées pour comprendre pourquoi. » 

Le professeur Christopher Ramnanan avec ses deux jeunes filles

5. Crise cardiaque ≠ arrêt cardiaque 

« J’ai entendu les termes “crise cardiaque” et “arrêt cardiaque” utilisés de manière interchangeable, mais ce sont en fait deux choses différentes. » 

Une crise cardiaque est un blocage des artères qui interrompt la circulation du sang oxygéné vers une partie du cœur. L’arrêt cardiaque signifie que le cœur arrête de battre, mais pas à cause de problèmes de circulation sanguine. « C’est plutôt un problème électrique », explique le professeur Ramnanan. 

« Le cœur a son propre câblage électrique, et pour une raison quelconque, il peut cesser de fonctionner. La plupart du temps, c’est soudain et brutal, et la sensation s’apparente à être à bout de souffle. Si vous avez le temps de ressentir quelque chose avant de perdre conscience, ce qui n'est pas toujours le cas, vous pourriez ressentir de la faiblesse, de la fatigue, des étourdissements et un essoufflement, parce que la pompe a cessé de fonctionner tout d’un coup et qu’il n’y a plus de sang qui circule vers votre cerveau, vos organes et vos membres. »

Le professeur Ramnanan explique qu'en tant qu’humains, nous sommes très doués pour détecter la paroi de notre corps et nos tissus externes. Si quelqu’un touche l’arrière de notre genou droit, par exemple, nous pourrons localiser précisément l’endroit de ce contact. Mais nous sommes très imprécis quant aux sensations dans nos organes.

« Lors d’une crise cardiaque, la douleur est généralement interprétée par notre moelle épinière comme provenant de notre bras et de la paroi de notre poitrine, plutôt que de notre cœur. Nous appelons généralement cela la douleur irradiée. C’est peut-être une question d’évolution, parce que nous ne voulons pas être dérangés par chaque petite chose qui se passe à l’intérieur. Mais cela rend également plus difficile de détecter un problème et de le décrire précisément à un médecin. Heureusement, les professionnels de la santé sont bien formés pour faire le lien entre les tendances courantes de la douleur irradiée chez les patients et les causes sous-jacentes probables. » 

Le cœur reste un sujet de grand intérêt. C'est l'un des organes qui fascinent le plus le grand public. Après tout, il n'y a pas de fêtes avec des bonbons en forme de rein ou des chocolats en forme de foie (probablement pour le mieux). 

C'est pourquoi le cœur est généralement au centre des activités de promotion proposées par la Division d'anatomie clinique et fonctionnelle de la Faculté de médecine. Ces activités de sensibilisation visent à éduquer le grand public sur l'anatomie humaine, à l’aide de ressources pédagogiques comme les organes de leur programme de don de corps. Ces événements sont une excellente occasion pour les étudiants en médecine d'acquérir une certaine expérience d’enseignement en interagissant avec les membres de leur communauté. 

La Division d’anatomie clinique et fonctionnelle et les étudiants en médecine de l'Université d'Ottawa sont impatients de recommencer à offrir ces événements au public, une fois la pandémie derrière nous. Le cœur, bien sûr, restera au centre de tout cela. 

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La Division d’anatomie clinique et fonctionnelle a établi le Fonds de l’École d’anatomie dans le but de favoriser l’expérience étudiante et d’améliorer notre programme. Les dons versés au fonds serviront à financer des activités d’apprentissage ou à acquérir des appareils et des technologies d’enseignement, tels que des échographes ou des imprimantes 3D. Ces outils essentiels à la formation médicale permettront à nos étudiants et étudiantes de s’épanouir dans ce milieu fort compétitif.