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L’économiste de l’environnement Carolyn Fischer mettra son expertise mondiale en innovation propre et en politiques climatiques au service de la Chaire de recherche Canada 150 de l’Université d’Ottawa.

Par Alanna Mitchell

Carolyn Fischer, une des figures les plus marquantes de l’économie de l’environnement dans le monde, est de retour dans son pays natal pour occuper la Chaire de recherche Canada 150 de l’Université d’Ottawa après de nombreuses années aux États-Unis et en Europe.

Mme Fischer a la double citoyenneté canadienne et américaine. Elle est née en Ontario, à l’époque où ses parents enseignaient l’informatique à l’Université de Waterloo. C’est la détermination du Canada à devenir un chef de file mondial de la lutte contre les changements climatiques qui a motivé son retour au bercail.

« Il est très exaltant, en ce moment, de travailler sur les politiques climatiques [au Canada] », dit-elle depuis l’Université libre d’Amsterdam, où elle enseigne. Au moment où le fédéral et plusieurs provinces cherchent des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre, enchaîne-t-elle, l’heure est à l’innovation en matière de politiques.

Pour le vice-recteur à la recherche, Sylvain Charbonneau, c’est un honneur d’accueillir Mme Fischer à l’Université d’Ottawa. La nouvelle chaire s’inscrit dans un programme de 117,6 millions de dollars du gouvernement fédéral qui a pour but d’attirer l’élite mondiale des chercheurs au Canada en l’honneur du sesquicentenaire de la Confédération.

« En tant que sommité mondiale de l’économie de l’environnement, Mme Fischer décuplera l’expertise de l’Université dans le domaine des énergies propres et des politiques climatiques, et ce, au moment même où le pays s’est donné pour priorité de bâtir une économie verte et éco-efficace. » — Sylvain Charbonneau

Des solutions ingénieuses et écologiques pour l’industrie

Carolyn Fischer est renommée pour son expertise hors du commun en matière de création d’outils d’intervention politique en environnement. Elle est aux premières loges des efforts mondiaux pour comprendre le rôle que peut jouer la technologie dans la réduction des émissions et concevoir des mécanismes de tarification du carbone qui tiennent compte des impératifs de compétitivité.

Ses collègues ne tarissent pas d’éloges au sujet de son intelligence, de sa prestance, de sa prose élégante et de ses solutions ingénieuses. La parution en 2013 de son premier album de musique folk, A Rumor in the Mill, donne par ailleurs la mesure de son originalité. Ses chansons parlent de sujets comme le smog meurtrier de 1948 en Pennsylvanie et le destin incertain de la tortue géante des îles Galapagos.

« En plus d’exceller dans son domaine, elle a une perspective interdisciplinaire », dit Stewart Elgie, professeur de droit et d’économie, et directeur de l’Institut pour l’IntelliProspérité, centre national d’études et de recherches sur l’économie propre établi à l’Université d’Ottawa.

La collaboration de longue date avec le professeur Elgie et l’Institut a joué pour beaucoup dans la décision de Mme Fischer de déménager à Ottawa. « L’Institut pour l’IntelliProspérité s’est rapidement imposé sur la scène mondiale comme un centre de réflexion de premier plan sur l’économie de l’environnement et la réorientation des politiques, dit-elle. Il offre un important espace de dialogue avec les décideurs canadiens, et, vu son emplacement dans la capitale, est à quelques coins de rue d’une bonne partie de ce groupe. »

Elle dit avoir très hâte de se joindre au Département d’économie de l’Université, qui jouit d’une excellente réputation, particulièrement en gestion des ressources et de l’environnement. Elle aura aussi le plaisir de contribuer à l’apprentissage interdisciplinaire à l’Institut de l’environnement.

Une influence réelle

Depuis qu’elle a obtenu son doctorat en économie en 1997, Carolyn Fischer travaille chez Resources for the Future (RFF), un centre d’études et de recherches de Washington qui fait figure de pionnier en économie de l’environnement. En plus d’avoir été nommée « senior fellow » de RFF en 2007, elle a exercé une influence déterminante sur les politiques et la recherche ailleurs dans le monde, notamment comme chercheuse invitée à la Fondazione Eni Enrico Mattei de Venise (en tant que boursière du programme Actions Marie Skłodowska-Curie de la Commission européenne), à l’Université de Göteborg en Suède, à la London School of Economics, à l’Université de la Californie à Santa Barbara et au Centre d’études avancées de l’Académie norvégienne des sciences et des lettres.

Ses travaux sur les effets de la tarification du carbone sur la concurrence internationale ont influencé la conception des programmes d’échange de droits d’émissions de la Californie et de la Nouvelle-Zélande, les propositions législatives du gouvernement américain et les règles de l’Alberta sur les gaz à effet de serre.

« Son travail a mené à des changements concrets. Ce genre d’expertise est précieux et complète à merveille celle de l’Université d’Ottawa dans ce domaine. » — Stewart Elgie

Mme Fischer est membre du Réseau national de recherche sur l’économie et la politique environnementale, sis à l’Institut de l’environnement de l’Université d’Ottawa et soutenu financièrement par Environnement et Changement climatique Canada. Elle est aussi vice-présidente de l’European Association of Environmental and Resource Economists pour 2018.

En plus de sa Chaire de recherche Canada 150, elle continuera de travailler pour Resources for the Future et différentes universités européennes, ce qui lui permettra de faire profiter les discussions politiques au Canada des idées et des recherches avant-gardistes d’autres pays.

Toutefois, elle ne se contentera pas d’amener des idées neuves au Canada. Elle se dit aussi déterminée à vanter les mérites de l’Université d’Ottawa, déjà un centre d’excellence en politiques économiques écologiques, en tant qu’« endroit par excellence où bénéficier de conseils stratégiques et de recherches poussées sur les politiques énergétiques durables, l’innovation et l’économie de l’environnement ».

Elle conclut en disant que la nouvelle chaire, combinée à trois Chaires de recherche du Canada en politiques de l’environnement, au Département d’économie, à l’Institut de l’environnement et à l’Institut pour l’IntelliProspérité, fera de l’Université d’Ottawa un centre incontournable pour la formation de la prochaine génération de penseurs.