Ali Massoud, architecte principal de systèmes aux bureaux de Kanata de MDA Space, n’avait probablement jamais imaginé marcher un jour sur un paysage lunaire rocheux.
Or, un environnement lunaire simulé figurait parmi les nombreux fruits du partenariat de l’entreprise avec une équipe de recherche en génie de l’Université d’Ottawa, dirigée par les professeurs Pierre Payeur et Robert Laganière.
« L’un des défis que pose le travail avec les applications spatiales, c’est qu’il n’existe pas d’ensembles de données provenant de la Lune », explique Ali Massoud. En effet, les missions lunaires n’avaient pas les capacités ni la durée nécessaires pour recueillir les données de surface qui s’intégreraient aux ensembles dont M. Massoud a besoin. Par ailleurs, la division de capteurs de MDA Space à Kanata n’a pas la taille lui permettant d’accueillir un environnement de simulation aussi complexe. Heureusement, la collaboration de recherche pluriannuelle de MDA Space avec l’Université d’Ottawa a donné lieu à plusieurs résultats, dont un ensemble de données utilisable.
Et tout cela grâce au campus Kanata-Nord de l’Université d’Ottawa, qui se trouve dans le parc technologique et qui a pour mission de rapprocher l’Université d’Ottawa et les partenaires locaux de l’industrie pour faire progresser les projets de recherche novateurs et en atténuer les risques.
Stimuler la recherche exploratoire ambitieuse
Les professeurs Payeur et Laganière ont dirigé une équipe de recherche étudiante en génie, qui devait construire un environnement lunaire à l’échelle réelle présentant des collines, des rochers et d’autres obstacles. Des simulateurs ont ensuite été ajoutés à l’environnement pour mettre à l’essai les différentes manières dont les capteurs optiques, comme les caméras et les scanneurs au laser, le perçoivent.
M. Massoud relève l’importance d’un environnement d’essai réaliste, étant donné le manque de données concrètes et les défis que représentent les déplacements sur le terrain lunaire, notamment en raison des obstacles comme les cratères et de la luminosité imprévisible.
Il explique que l’entreprise a été attirée par l’expertise des deux professeurs en matière de capteurs, de vision artificielle, d’apprentissage machine, de traitement des vidéos et des images et de systèmes autonomes, et que cette expertise a joué un rôle critique dans la réussite du projet.
« Le projet a donné lieu à de nouvelles méthodologies, qui seront fort probablement adoptées afin d’améliorer la performance de certains de nos produits », explique M. Massoud, qui a assuré la liaison entre MDA Space et l’Université d’Ottawa.
« Les méthodologies mises au point dans le cadre du projet pourraient bien un jour être utilisées sur les véhicules qui parcourront et exploreront le terrain accidenté de la Lune.
L’équipe de recherche était composée d’une dizaine de membres de la population étudiante de cycle supérieur et du milieu de la recherche postdoctorale, qui ont contribué à accélérer le projet. »
Les avantages des partenariats entre le secteur privé et le milieu universitaire
Le professeur Payeur de la Faculté de génie explique que MDA Space retire divers avantages de ce projet, comme des outils de mise à l’essai de logiciels, un modèle de reconnaissance d’objets compacts et des prototypes liés à la détection d’objets.
Selon lui, quand les universités mettent leur expertise à contribution et adoptent des démarches novatrices de recherche pour régler les enjeux de l’industrie, par exemple en construisant un paysage lunaire, le secteur privé atténue le risque associé à la recherche exploratoire en misant sur les compétences spécialisées de la population étudiante de cycle supérieur et les infrastructures universitaires de pointe. Une telle collaboration profite à tout le monde, y compris aux étudiantes et étudiants, qui pourraient un jour travailler pour l’entreprise.
« Ces partenariats sont avantageux tant pour les universitaires que pour l’industrie », explique-t-il, parce qu’ils donnent souvent lieu à de nouveaux éléments de propriété intellectuelle pour l’entreprise, y compris des brevets, alors que les chercheuses et chercheurs comme les professeurs Payeur et Laganière peuvent publier des articles de revue ou de conférence dans la foulée du projet.
Quant aux étudiantes et étudiants, ils vivent une expérience précieuse leur permettant de mettre leurs connaissances en pratique. « C’est une excellente occasion pour les étudiantes et étudiants de s’exposer à de vraies applications et à de réels problèmes, qui leur permettent d’aller bien plus loin que les questions théoriques abordées en classe », explique le professeur Laganière. M. Massoud note que « les étudiantes et étudiants chercheurs étaient excellents », ajoutant qu’il a été impressionné par la souplesse dont a fait preuve l’Université d’Ottawa en prolongeant le projet de six mois pour en assurer l’achèvement.
Un partenariat avec l’Université d’Ottawa pour stimuler l’innovation
Selon le professeur Laganière, le projet illustre l’importance du campus Kanata-Nord de l’Université d’Ottawa, dont la mission principale est de faciliter les partenariats entre l’établissement et des entreprises comme MDA Space pour accélérer la progression et la commercialisation des projets de recherche de pointe.
« Il y a un énorme potentiel de collaboration entre les entreprises de Kanata-Nord et le campus principal », et les projets de recherche qui en découlent sont relativement abordables; les entreprises peuvent en plus profiter d’un financement gouvernemental pour en réduire davantage les coûts.
« Par la recherche, nous trouvons des solutions aux problèmes réels que rencontre l’industrie, ce qui aide les entreprises à croître et à explorer, et nous permet en plus de rapporter des connaissances en classe, ajoute-t-il. Voilà un partenariat motivant pour les étudiantes et étudiants. »
Selon le professeur Payeur, il s’agit d’« une manière efficace pour les entreprises de chercher et de mettre à l’essai de nouvelles solutions qu’elles n’auraient pas forcément pu élaborer à l’interne, parce qu’elles ne disposaient pas du personnel nécessaire, qu’elles ne pouvaient consentir les investissements requis, ou qu’elles n’en avaient pas les ressources. »
« Je dis souvent que les entreprises demandent la lune; dans ce cas-ci, nous l’avons décrochée. »