Un service innovant en coaching pour le rendement occupationnel (CRO) – créé à l’initiative de la professeure Mary Egan, de la Faculté des sciences de la santé, et dirigé par des ergothérapeutes en devenir – s’annonce prometteur. Ce service vise à aider les membres de la population étudiante à atteindre leurs objectifs scolaires et personnels, tout en réduisant leurs symptômes de dépression, d’anxiété et de stress.
Selon Mary Egan, l’objectif du CRO est d’aider les personnes à faire les choses qu’elles veulent et doivent faire dans des contextes qui sont importants pour elles.
Ce service a été lancé durant la pandémie, alors que les possibilités de stage étaient considérablement réduites en raison des règles de distanciation sociale. La professeure Egan, également chercheuse et ergothérapeute inscrite, était directrice de l’École des sciences de la réadaptation depuis peu quand elle a eu l’idée d’organiser un stage à l’interne. Les stagiaires pouvaient ainsi acquérir de l’expérience clinique en offrant du coaching pour le rendement occupationnel en ligne à leurs pairs. Mise sur pied au trimestre d’hiver 2021, la première clinique comptait six thérapeutes étudiantes et étudiants qui offraient de l’encadrement à 35 de leurs pairs.
Depuis, plus de 150 personnes de toutes les facultés et de tous les cycles, y compris au niveau postdoctoral, ont bénéficié du CRO, un modèle qui a vu le jour en Nouvelle-Zélande au début des années 2000.
Poser les bonnes questions
Comme le souligne la professeure Egan, le coaching pour le rendement occupationnel ne sert pas à déterminer et à travailler sur « ce qui ne va pas » chez quelqu’un. Les thérapeutes cherchent plutôt à identifier, à hiérarchiser et à structurer les objectifs uniques de leur clientèle en imaginant ce à quoi ressemblent les choses lorsque tout va bien. Les objectifs peuvent être très variés : par exemple, certaines personnes peuvent vouloir améliorer leur sommeil, d’autres, terminer leurs lectures et travaux, et d’autres encore, nouer de nouvelles amitiés.
« Nos thérapeutes étudiantes et étudiants les aident à réfléchir à ce qui pourrait leur convenir », ajoute Mary Egan. « L’idée n’est pas de leur donner des suggestions, mais de poser les bonnes questions, pour qu’elles puissent réfléchir à ce qui est le mieux pour elles. » Autrement dit, l’approche fait appel aux points forts des personnes, et s’appuie sur leur expérience et leur connaissance de soi pour trouver une solution.
Ensemble, les deux parties élaborent un plan pour atteindre des objectifs qui ont été fixés par la principale personne intéressée. Ce plan est ensuite testé et amélioré au fil du temps. Des rencontres hebdomadaires ont lieu en ligne pendant cinq à huit semaines. Pour apprécier les résultats, la situation de la cliente ou du client est évaluée avant et après l’approche CRO à l’aide d’un outil appelé Mesure canadienne du rendement occupationnel. Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants.
Diminution notable de la dépression et de l’anxiété
« Les étudiantes et étudiants ont réalisé des progrès importants vers l’atteinte de leurs objectifs, et nous avons constaté une importante amélioration des symptômes de dépression et d’anxiété », déclare Mary Egan. « En moyenne, des niveaux modérés de dépression et d’anxiété étaient signalés chez notre clientèle étudiante avant les séances de coaching. Après les séances, ces niveaux étaient définis comme légers. »
Au terme de ses consultations, une personne qui étudie aux cycles supérieurs a déclaré : « ce qui est bien avec l’approche CRO, c’est qu’on choisit ses propres stratégies, et que si l’une d’elles ne fonctionne pas, ça ne veut pas dire qu’il y a quelque chose qui cloche chez nous. On n’a qu’à changer de stratégie. »
Pour leur part, en travaillant de manière indépendante sous la supervision d’une personne inscrite à l’ordre des ergothérapeutes, les stagiaires acquièrent une expérience précieuse en gestion d’une clientèle. Les thérapeutes développent des compétences essentielles en matière d’entrevue et de relations interpersonnelles, une grande capacité d’écoute et des façons d’aider leur clientèle à réfléchir, sans imposer leurs propres idées ou valeurs, ajoute la professeure Egan.
Un ajout précieux aux services en santé mentale
La professeure Egan a récemment reçu une subvention de trois ans du Conseil de recherches en sciences humaines pour explorer davantage les aspects théoriques et pratiques de fournir des services de CRO à la population étudiante postsecondaire. Son équipe de recherche interdisciplinaire comprend notamment les professeures Katherine Moreau (Faculté d’éducation) et Kathryn Prince (Faculté des arts), ainsi qu’Andrée-Anne Maranda du Centre de santé et mieux-être étudiant.
Sur le plan de la recherche, Mary Egan souhaite réaliser un essai contrôlé randomisé pour démontrer de manière empirique comment le CRO aide les personnes à atteindre leurs objectifs, à pratiquer des activités importantes pour elles et à améliorer leur santé mentale. Sur le plan clinique, elle espère qu’à l’avenir l’équipe du Centre de santé et mieux-être étudiant comprendra au moins une ou un ergothérapeute, afin d’offrir des services de CRO tout au long de l’année universitaire. En somme, la chercheuse considère l’approche CRO comme un complément précieux aux autres services de santé mentale offerts sur le campus, qui s’appuie sur l’autonomisation pour permettre aux personnes de cheminer vers le mieux-être.