Un programme de psychologie du counseling pour la francophonie

Gazette
Andrea Too
Le programme de psychologie du counseling en français à l’Université d’Ottawa vise à répondre au besoin accru de services de santé mentale pour les francophones qui habitent hors du Québec.
Camille Ferland
André Samson et Philippe Robaey assis à une table dans un bureau.

Un programme de maîtrise en psychologie du counseling en français va permettre d’augmenter les services de santé mentale offerts aux francophones dans l’ensemble du pays, annonce le professeur André Samson, vice-doyen de la Faculté d’éducation. L’Université d’Ottawa est le seul établissement en Amérique du Nord à proposer un tel programme en français. Mais l’existence de celui-ci ne serait pas encore bien connue.

« La commissaire aux services en français de l’Ontario déplore souvent la pénurie d’intervenants en santé mentale qui peuvent offrir des services en français. J’ai vécu deux ans à Toronto, et des psychologues ou des psychothérapeutes qui offrent des services en français, ça n’existe pratiquement pas. C’est encore pire dans le nord de l’Ontario. Le programme en psychologie du counseling aide justement à combler ce besoin. »

La psychologie du counseling est une discipline enseignée en anglais dans de nombreuses universités du Canada, mais les établissements francophones au Québec ne l’offrent pas. L’Université d’Ottawa se taille donc une place à cet égard.

Le programme, créé il y a trois ans, compte 16 étudiants (comparativement à 30 dans l’option en anglais, sélectionnés sur 300 demandes d’admission) et, selon le professeur Samson, il aurait a déjà un impact sur la prestation de services aux communautés francophones. Le programme forme des professionnels de la santé mentale qui seront très utiles auprès des communautés francophones en contexte minoritaire, car il y a une pénurie de psychothérapeutes francophones ou bilingues.


Un programme multiformat

Les étudiants peuvent effectuer une maîtrise en éducation (M.Éd.), programme professionnel à base de cours, car cette année une option de mémoire en recherche y a été ajoutée. Ou bien ils peuvent s’inscrire à la maîtrise ès arts avec thèse (M.A.), et, dans ce cas, mener des recherches au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), sous la supervision conjointe du professeur Samson et de professeurs de la Faculté de médecine.

Beaucoup de cours sont offerts en ligne ou en format hybride, ce qui favorise les étudiants qui travaillent ou étudient à temps partiel. Les programmes de maîtrise ès arts et maîtrise en éducation comprennent un volet de formation clinique qui peut rendre les diplômés admissibles à l’adhésion à certaines associations professionnelles, comme l’Ordre des psychothérapeutes autorisés de l’Ontario. Après l’obtention de leur diplôme, les étudiants québécois peuvent, quant à eux, intégrer l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec et obtenir le titre de psychothérapeute agréé auprès de l’Ordre des psychologues du Québec.


Une formation concrète

Camille Ferland, une francophone de l’Est de l’Ontario, a fait un stage de huit mois au Centre régional de santé mentale et toxicomanie de l’Hôpital Général de Hawkesbury, dans le cadre de son programme de maîtrise en éducation. Aujourd’hui psychothérapeute autorisée (stagiaire), elle affirme que le volet stage du programme lui a permis de poursuivre ses objectifs de carrière tout en lui apportant une expérience des plus enrichissantes.

« Lors de mon stage, j’ai eu l’occasion de travailler étroitement avec une grande équipe multidisciplinaire, auprès d’une clientèle de tous les âges et aux problématiques diverses. J’ai pu mettre en application les connaissances acquises lors de mon programme, mais surtout, profiter des connaissances et de l’expérience de ma superviseure, Caroline Tadros, et de mes autres collègues. J’ai eu le plaisir de m’épanouir professionnellement et personnellement au sein d’une équipe formidable. »

Occasions de recherche

Andrea Too, une anglophone montréalaise, déclare que le programme de maîtrise en psychologie du counseling lui a permis de s’adonner à des activités de recherche dans son champ d’intérêt en psychologie de la santé en français, pourtant sa seconde langue. Sous la supervision du professeur Samson et de la Dre Janice Barkey du CHEO, elle a mené des travaux visant à mieux comprendre le vécu des parents qui ont des enfants atteints de polypose, une maladie rare et potentiellement mortelle.

« Les données recueillies à partir d’entrevues auprès de parents ont révélé que la voix de ces derniers est très importante, pour ce qui est de défendre les intérêts de leurs enfants en matière de santé au sein du système et d’apprendre à leurs enfants à défendre leurs intérêts. Par ailleurs, on a démontré que les parents d’enfants atteints de maladies rares ou chroniques sont plus sujets à l’anxiété et à la dépression. Les médecins peuvent jouer un rôle dans la prévention de telles situations, en offrant des services axés sur la famille et en demeurant au fait des ressources disponibles aux parents. »

Andrea Too est aujourd’hui candidate au doctorat en psychologie clinique en français à l’Université du Québec en Outaouais. Dans le cadre de son programme, elle va effectuer un stage de 12 mois à l’Hôpital Montfort d’Ottawa à partir de septembre 2018.


Un besoin urgent

Que les étudiants de maîtrise en psychologie du counseling choisissent l’option recherche ou celle axée sur les cours, le professeur Samson sait qu’ils contribueront à pallier un besoin urgent.

« Beaucoup de nos diplômés et diplômées travaillent maintenant comme psychothérapeutes aux services du gouvernement fédéral ou de groupes communautaires. Il est certain que le besoin de psychothérapeutes ne sera pas comblé avant plusieurs années en Ontario, mais au moins on fait notre part. »

Apprenez-en plus à une séance d’information le 4 octobre à 13h au LPR 285 (129 Louis-Pasteur). Si vous ne pouvez pas assister à la séance en personne, suivez-là en ligne ! Inscrivez-vous ici.