Protéger la liberté de pensée grâce au programme Scholars at Risk

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Professeur Fayyaz Baqir devant une salle de classe
Fayyaz Baqir a toujours rêvé de contribuer à un monde meilleur, or, les tensions dans son pays natal ont mis en péril ses ambitions. Aujourd’hui professeur invité à l’Université d’Ottawa, il peut poursuivre son travail. 
Portrait de Fayyaz Baqir

Fayyaz Baqir a toujours rêvé de contribuer à un monde meilleur, tant par l’action humanitaire que par la recherche et l’enseignement. Or, les tensions dans son pays natal, le Pakistan, ont mis en péril ses ambitions. Aujourd’hui professeur invité à l’Université d’Ottawa grâce au Réseau universitaire Scholars at Risk (SAR), M. Baqir peut poursuivre son travail en bénéficiant d’une liberté d’expression que la plupart d’entre nous tiennent pour acquise. 

Le professeur Baqir est d’abord et avant tout un professionnel du développement communautaire. Sa carrière a pris racine au sein du Programme Aga Khan de soutien rural au Pakistan, de même qu’à l’ONU et auprès d’organisations gouvernementales. Déterminé à améliorer la qualité de vie des communautés les plus démunies, il a longtemps œuvré à la mise sur pied de stratégies visant réduire la pauvreté et à dynamiser l’économie locale.

Fort de son expérience auprès des populations, M. Baqir s’est dirigé vers la recherche, l’enseignement et l’écriture. Il souhaite ainsi diffuser ses connaissances et stimuler la réflexion en vue de l’élaboration d’approches innovantes en développement participatif. 

« Ce que j’ai appris en travaillant auprès des communautés, c’est qu’elles sont les mieux placées pour déterminer les défis avec lesquels elles composent et les solutions pour y faire face, mentionne M. Baqir. La meilleure façon de leur rendre service, c’est de les écouter et de leur offrir les outils auxquels elles n’ont pas accès pour accomplir leurs objectifs. » 

La liberté universitaire menacée

La carrière du chercheur a pris un tournant décisif en 1983 en raison du climat politique qui s’installait dans son pays natal sous le régime du général Muhammad Zia-ul-Haq. 

« J’ai dû quitter le Pakistan parce que l’espace pour l’expression d’idées rétrécissait et que le régime militaire en place menaçait cette tradition d’ouverture à l’autre et de dialogue qui existait auparavant au pays, raconte-t-il. Comme plusieurs, je m’opposais à l’idée du gouvernement d’entrer en guerre, ce qui m’a causé des ennuis et a mis en péril ma liberté de parole. » 

L’histoire de Fayyaz Baqir n’est pas qu’un cas isolé. Dans plus d’une centaine de pays, des attaques sévissent contre l’enseignement supérieur. Des universitaires et des militants sont menacés, arrêtés, persécutés et brimés en raison de leurs recherches, de leur enseignement et de leur prise de position dans l’espace public. 

Ces attaques remettent en cause la liberté individuelle de s’interroger et d’exprimer des idées, en particulier sur des questions d’une importance cruciale pour les progrès scientifiques, les politiques publiques et le débat démocratique. Le droit de parole et la pensée progressiste sont ainsi censurés sous peine de représailles. 

« Lorsqu’on constate que plusieurs universitaires doivent lutter pour leur liberté, parfois au péril de leur vie et de celle de leurs proches, on réalise à quel point ce que nous avons est précieux, observe Jill Scott, provost et vice-rectrice aux affaires académiques. Nous pouvons les accueillir et leur permettre de poursuivre leur travail pour continuer de contribuer au savoir collectif. En ce sens, le programme Scholars at Risk cadre parfaitement avec la mission de l’Université d’Ottawa. »

Retrouver un souffle d’espoir 

En mai 2018, le professeur Baqir s’est joint à l’École de développement international et mondialisation de la Faculté des sciences sociales pour une durée de deux ans dans le cadre du programme SAR. 

« Les gens qui veulent changer le monde sont des rêveurs et des visionnaires. J’ai la chance d’être l’un d’eux. Mais il y a des moments dans toute société où le climat social et politique ne laisse plus place à la communication. SAR nous offre un refuge, la possibilité de prendre du recul, de poursuivre notre travail et de recommencer à tisser des liens. Cela nous aide à garder nos rêves bien vivants », explique Fayyaz Baqir. 

Depuis son arrivée à l’Université d’Ottawa, il a noué d’importantes relations avec des pairs du milieu de la recherche et avec les étudiants. Il a également publié deux ouvrages en deux ans, dont son plus récent livre, écrit en collaboration avec Sanni Yaya et Nipa Banerjee.  

Selon lui, le Canada est un carrefour pour la communauté universitaire et lui offre la chance de rayonner et de collaborer avec un auditoire à l’échelle mondiale. Une telle tribune était jadis hors de sa portée.  

« Le travail des universitaires, c’est aussi de trouver des façons de poursuivre le dialogue. Les circonstances demandent parfois qu’on s’éloigne pendant un temps, mais il faut garder la certitude que le moment viendra de communiquer avec le monde. C’est important d’y croire », indique le sage homme. 

Appuyez le programme Scholars at Risk à l’Université d’Ottawa

L’Université d’Ottawa a rejoint le réseau SAR en 2014, sous la direction du Centre de recherche et d'enseignement sur les droits de la personne, et a depuis accueilli quatre chercheurs. En offrant des postes temporaires dans les universités et collèges membres, le programme assure une protection aux universitaires qui sont la cible de graves menaces afin que leurs idées ne soient pas perdues et qu’ils puissent continuer leur travail.

Aidez-nous à promouvoir les droits de la personne et la liberté universitaire et à donner aux chercheurs en danger, comme Fayyaz Baqir, la chance de poursuivre leurs recherches sans crainte de discrimination, de censure, d’intimidation ou de violence. Donnez en ligne au Fonds du programme Scholars at Risk.