Quand l’université devient une expérience transformatrice

Gazette
Portrait d'Océanne Comtois
Les études universitaires représentent un moment charnière dans la vie de bien des gens. C’est le cas d’Océanne Comtois : cette expérience a complètement changé sa perception de la condition génétique avec laquelle elle est née, l’albinisme. Voici le récit d’une jeune diplômée de la Faculté des sciences qui s’apprête à foncer avec confiance dans le monde du travail.

Née avec un trouble génétique rare, l’albinisme, Océanne Comtois a longtemps rêvé de mettre au point un remède qui la rendrait comme les autres. 

« L’albinisme est une condition génétique récessive qui affecte la production de mélanine dans le corps, explique-t-elle. J’ai les cheveux blancs, les yeux et la peau très sensibles, et ma vision est atteinte. Toute ma vie, j’ai été différente de mes camarades. » 

C’est d’ailleurs sa volonté de mieux comprendre les mystères du génome, jumelée à sa curiosité pour les sciences, qui l’a incitée à se diriger vers des études en sciences biopharmaceutiques avec option en génomique à l’Université d’Ottawa. 

Or, son parcours universitaire a changé sa perception. Au lieu de découvrir le traitement qu’elle convoitait tant, Océanne a plutôt trouvé des réponses qui allaient grandement influencer sa trajectoire. 

« Plus je m’informais sur les conditions génétiques durant mes études, plus j’en apprenais à mon sujet. Au fil de ces apprentissages, j’acceptais petit à petit ma condition, et aujourd’hui, je suis bien avec moi-même. Alors qu’auparavant je voulais trouver un traitement, maintenant ça ne m’importe plus. Ma perspective a vraiment changé », confie la jeune femme. 

À travers son parcours, Océanne a pris conscience de ses qualités de leader, de son entregent ainsi que de son intérêt pour le monde des affaires. Elle a alors opéré un changement de cap pour combiner ses passions, ce qui l’a menée vers le baccalauréat ès sciences avec majeure en sciences de la vie et mineure en communication – le diplôme qu’elle empoche ce printemps. 

Une chance égale de réussir

Lorsqu’elle s’est établie à Ottawa pour poursuivre ses études en français, l’étudiante originaire de Sudbury a dû s’adapter à sa nouvelle réalité. Mais là n’était pas son plus grand défi. 

« Évoluer de façon indépendante dans un monde qui n’est pas conçu pour des personnes en situation de handicap signifie devoir surmonter l’adversité », explique Océanne. « La science est difficilement accessible pour les gens qui ont une déficience visuelle. Je devais redoubler d’efforts et, le soir venu, rattraper tous les apprentissages de la journée pour pouvoir suivre le lendemain », raconte celle qui avoue s’être sentie découragée à de nombreux moments dans ce cycle sans fin.

« J’ai réalisé que la philosophie selon laquelle tu peux tout faire si tu essaies assez fort était fausse. J’ai alors décidé d’aller parler à mes professeurs. » La nouvelle diplômée se réjouit de l’écoute et de l’accueil qu’elle a reçus, et qui lui ont permis de trouver des solutions pour enfin être sur le même pied d’égalité que le reste de sa cohorte. 

Cette affirmation de soi en a inspiré plusieurs autour d’elle. Elle est d’ailleurs la première à avoir occupé le rôle de vice-présidente à l’équité au sein de l’Association des étudiant.e.s en sciences à l’Université d’Ottawa. « Je veux contribuer à un environnement où chaque personne a une chance égale de réussir », précise celle qui s’est aussi impliquée dans des activités de mentorat à l’intention des femmes et personnes non binaires qui s’intéressent aux STIM. 

Un monde de possibilités devant soi

La jeune diplômée déborde d’ambition. Elle souhaite gagner de l’expérience en milieu de travail pour entreprendre ensuite un MBA qui lui permettrait de se diriger vers des postes de haute gestion. « C’est vraiment important pour moi, car il n’y a pas suffisamment de personnes vivant avec un handicap qui occupent des rôles de leadership. Je veux pouvoir représenter ma communauté. » 

Au cours de son parcours universitaire, elle a su développer l’assurance nécessaire pour être bien dans sa peau, s’exprimer et défendre ses intérêts. Océanne célèbrera donc de grandes réussites lors de la collation des grades.

« J’ai appris énormément sur le plan scolaire, mais mon plus grand apprentissage aura été sur le plan personnel, souligne-t-elle. Je suis fière du chemin que j’ai parcouru et de la personne que je suis aujourd’hui! »