Une recherche médicale hors du commun : le Dr Guy Trudel dirige une nouvelle étude majeure sur les effets des vols spatiaux sur la santé

Par David McFadden

Rédacteur scientifique, Université d'Ottawa

Astronaut doing experiment
Photo gracieusement fournie par la NASA et l'Agence spatiale canadienne.
Dans le cadre d’une vaste initiative visant à obtenir des réponses plus significatives pour la science des vols spatiaux, le Dr Guy Trudel et une équipe de collaboratrices et collaborateurs de renommée mondiale chercheront à comprendre comment et pourquoi les astronautes développent un trouble sanguin commun en microgravité.

Le Dr Trudel, professeur à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawachercheur et médecin en réadaptation à L’Hôpital d’Ottawa, est depuis longtemps à l’avant-garde des efforts déployés pour élucider un grand mystère des effets physiologiques des vols spatiaux.

Entouré d’une équipe de collaboratrices et collaborateurs exceptionnels soutenue par l’Agence spatiale canadienne (ASC), le Dr Trudel dirigera une nouvelle étude visant à recueillir des données sur l’anémie induite par les vols spatiaux. L’anémie est une affection caractérisée par une diminution du nombre de globules rouges sains pour transporter l’oxygène vers les tissus de l’organisme.

Guy Trudel
Photo gracieusement fournie par l'Hôpital d'Ottawa

« Le soutien de la Faculté de médecine et de l’Université d’Ottawa nous a permis de faire progresser nos recherches à un point tel que nous sommes devenus des chefs de file dans le domaine prestigieux et convoité de la recherche spatiale »

Dr Guy Trudel

L’ASC a fait une annonce à cet égard lors d’une récente séance d’information, en vue de la mission de longue durée de l’astronaute canadien Joshua Kutryk à bord de la Station spatiale internationale (SSI).

Dans le cadre de la prochaine mission Starliner-1, l’astronaute albertain devrait passer jusqu’à huit mois en microgravité. Son travail contribuera aux recherches scientifiques du Dr Trudel ainsi qu’à trois autres nouvelles expériences menées au Canada.

Une tradition d’innovations percutantes

La nouvelle étude, intitulée officiellement Spleen Activity in Space Anemia (SPA2), vise à approfondir les travaux novateurs menés précédemment par le Dr Trudel et ses collègues de recherche dans le cadre de l’étude MARROW. Réalisée grâce à un financement de l’ASC, cette étude portait sur la santé de la moelle osseuse et la production de globules rouges dans l’espace. 

Space

« Nous nous préparons à retourner sur la Lune et, un jour, à aller sur Mars : il est de plus en plus important de comprendre les causes de l’anémie due aux vols spatiaux afin d’en atténuer les symptômes »

Agence spatiale canadienne (ASC)

Entre autres découvertes importantes, le projet MARROW avait permis d’établir que le corps, une fois de retour sur Terre, peut utiliser la graisse stockée dans la moelle osseuse pour restaurer les globules rouges et la masse osseuse perdus pendant un séjour dans l’espace. 

En combinant des mesures effectuées en vol avec des techniques d’imagerie avancées, l’équipe du Dr Trudel compte maintenant cartographier les changements observés dans la taille, la forme et la structure de la rate chez les astronautes en mission de longue durée. Le groupe s’intéresse particulièrement à cet organe, car il joue un rôle essentiel dans le filtrage et l’élimination des globules rouges anciens ou endommagés.

Les modifications survenues dans l’architecture de la rate au cours d’une longue mission spatiale pourraient aider à expliquer pourquoi la destruction des globules rouges est plus importante dans l’espace, et ouvrir la voie à des interventions visant à atténuer l’anémie spatiale.

Astronaut giving blood
L'astronaute canadien David Saint-Jacques subit une prise de sang à bord de la Station spatiale internationale dans le cadre de MARROW, une étude spatiale menée précédemment par le Dr Guy Trudel. (Crédit photo : NASA)

« Le projet MARROW a révélé que l’anémie spatiale est hémolytique, précise le Dr Trudel, c’est-à-dire qu’elle est caractérisée par une destruction accrue des globules rouges. L’étude SPA2 s’attachera donc à répondre aux questions liées à l’hémolyse spatiale. »

Selon l’ASC, ces travaux auront des retombées majeures pour l’avenir de la santé humaine dans l’espace.

« Nous nous préparons à retourner sur la Lune et, un jour, à aller sur Mars : il est de plus en plus important de comprendre les causes de l’anémie due aux vols spatiaux afin d’en atténuer les symptômes. », déclare l’Agence dans un communiqué récent.

Course contre la montre à la SSI

Comme la date prévue pour la mise hors service de la SSI est fixée à décembre 2030, l’équipe de recherche ressent un réel sentiment d’urgence. Le temps presse pour recruter des astronautes, collecter des données significatives et mener à bien des expériences.

« Depuis 25 ans, les humains habitent l’espace de manière continue. Lorsque la SSI sera mise hors service en 2030, les possibilités d’étudier les effets de l’exposition à l’espace chez les êtres humains, en particulier sur de longues périodes, seront considérablement réduites », affirme le Dr Trudel.

L’objectif est de recruter au moins dix astronautes pour des missions de six à huit mois avant la mise hors service de la SSI.

« Il n’y a pas de temps à perdre », ajoute-t-il.

L’union fait la force

Le Dr Trudel attribue le mérite de la réalisation des ambitieux projets de recherche spatiale de son équipe au vaste écosystème de recherche hautement collaboratif d’Ottawa, qui bénéficie des partenariats étroits entre la Faculté de médecine, L’Hôpital d’Ottawa et d’autres hôpitaux et instituts de recherche affiliés.

« L’environnement de recherche médicale dynamique d’Ottawa et le soutien de la Faculté de médecine et de l’Université d’Ottawa nous ont permis de faire progresser nos recherches à un point tel que nous sommes devenus des chefs de file dans le domaine prestigieux et convoité de la recherche spatiale internationale », indique le Dr Trudel.

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