Santé mentale en période de pandémie : la Dre Kathleen Pajer répond à nos questions

Gazette
Santé mentale
Gros plan de vignes feuillues sur un mur.
Entretien avec Kathleen Pajer, chef du département de psychiatrie de l'Université d'Ottawa, sur le maintien de la santé mentale pendant une pandémie.
Portrait de la Dre Kathleen Pajer

Isolement social, chômage, difficultés financières… La pandémie actuelle ne menace pas seulement notre santé physique : elle risque aussi d’affecter grandement notre santé mentale.

Et cette réalité, peu de gens la connaissent mieux que la Dre Kathleen Pajer. En tant que directrice du Département de psychiatrie de l’Université d’Ottawa, cheffe du Service de psychiatrie du CHEO et spécialiste de la santé mentale, la Dre Pajer travaille sur la ligne de front de la crise sanitaire actuelle.

Au cours des dernières semaines, elle et ses collègues des hôpitaux de la région ont ajusté les processus d’admission et de circulation des patients afin de minimiser les risques d’infection. Pendant ce temps, les soins externes sont rapidement en train de passer au virtuel en vue de protéger les patients, les médecins et le personnel, et sont prodigués lors de rendez-vous en ligne, ce qui permet de continuer de répondre aux besoins de la population en matière de santé mentale.

La Dre Pajer et ses collègues travaillent également d’arrache-pied au développement d’outils à offrir aux jeunes et aux familles.

« Nous travaillons à plusieurs initiatives afin de soutenir les parents et les jeunes pendant cette période difficile, dans l’espoir d’assurer la stabilité de leur état et, peut-être, de leur donner des outils qui permettront aux familles de sortir plus fortes de cette épreuve », affirme-t-elle.

Puisque les derniers temps n’ont pas été des plus faciles pour la population étudiante, le corps professoral et le personnel de l’Université d’Ottawa, nous avons demandé à la Dre Pajer de répondre à certaines de nos questions sur les meilleurs moyens de protéger sa santé mentale lors de périodes éprouvantes.

Comment faire la différence entre le sentiment d’être coincé, de mauvaise humeur ou triste et de possibles symptômes de maladie mentale? Comment savoir qu’il est temps de demander de l’aide?

Il est normal, dans la situation actuelle, d’avoir peur, d’être triste, en colère, découragé ou même de penser beaucoup à la mort. Ces expériences sont ce qui fait de nous des humains; elles NE sont PAS des symptômes de maladie mentale. Ce n’est que lorsque ces sentiments ou ces états durent plusieurs jours qu’il faut demander de l’aide professionnelle.

Le contexte actuel engendre beaucoup de stress chez tout le monde, et en particulier chez les étudiants qui ont des examens dans quelques semaines. Avez-vous des conseils pour les aider à prendre soin de leur santé mentale et à passer à travers cette période difficile?

Voici de bons moyens de surmonter cette épreuve :

  • Réservez 10 à 15 minutes de votre journée pendant lesquelles vous vous donnez la permission de vous sentir triste, en colère, découragé, etc. Vous pouvez même régler une alarme à cet effet. Vous pourriez également trouver grandement utile de tenir un journal pour y consigner, aussi rapidement que possible, toutes vos mauvaises pensées au sujet de la situation actuelle. Fermez ensuite le cahier, oubliez vos mauvaises pensées et adonnez-vous à une activité qui vous procure du plaisir.
  • Fixez-vous des objectifs propres au contexte actuel et qui n’exigent pas que vous communiquiez avec qui que ce soit au moyen de vos appareils. Par exemple : « Quand tout cela sera terminé, je veux m’être grandement amélioré à X. » ou « Je veux avoir appris à Y. »
  • Planifiez tous les détails de votre vie quotidienne : dormir, manger, vous promener à l’extérieur, vous divertir, etc. Indiquez des heures précises pour toutes ces activités et respectez-les, chaque jour.
  • Faites preuve de créativité dans vos communications avec vos proches. Organisez des soupers, des pauses café ou des jeux de groupe par vidéoconférence.
  • Joignez-vous à une initiative qui fait quelque chose de concret pour aider les autres.

Y a-t-il des comportements ou des techniques d’adaptation à éviter dans une situation comme celle que nous vivons actuellement?

Il ne sert à rien de consulter compulsivement les nouvelles ou de lire le défilement constant d’informations dans les médias sociaux. Les effets sur votre humeur et votre anxiété seront inévitablement négatifs. Il en sera de même si vous comptez vous distraire par la consommation abusive d’alcool, de drogue ou de nourriture; ces voies ne vous mèneront nulle part.

Quel est l’effet de cette période de distanciation physique sur les jeunes? Quelles sont vos suggestions pour l’atténuer?

La distanciation sociale pourrait ne pas être complètement mauvaise. Dans certaines situations, elle pourrait permettre de resserrer vos liens avec un plus petit nombre de personnes, de les enrichir. Elle pourrait mener à un sentiment d’isolement si vous êtes seul. C’est pourquoi je recommande fortement de mettre en pratique mes conseils sur les rencontres virtuelles amusantes avec vos amis ou votre famille.

Besoin de parler? Des ressources sont à votre disposition. Consultez le site web de la santé mentale et mieux-être pour obtenir les informations les plus récentes sur les services et les événements à venir (livrés virtuellement !).
 

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