(De gauche à droite) Rui Liu, gestionnaire de laboratoire et analyste principal pour RADAR, le professeur Cory Harris et le professeur Adam Shuhendler, en sarraus devant leur équipement de laboratoire.
Grâce à l’initiative de deux professeurs de l’Université d’Ottawa, le personnel des sites d’injection sécuritaires et les personnes qui consomment des drogues disposent maintenant des outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, susceptibles de sauver des vies. Le service RADAR (Rapid Access Drug Analysis and Reporting) vise à réduire les risques par la prévention, le soutien et une analyse efficace des drogues.

Chaque jour, un drame silencieux se joue dans l’ombre de notre communauté. Les gens atteints de dépendance risquent leur vie chaque fois qu’ils consomment des substances, ne sachant jamais si celles-ci auront un effet euphorisant ou nocif. Voilà pourquoi il est si nécessaire de mettre en place des services d’analyse des drogues accessibles. Actuellement, il faut attendre deux à quatre semaines avant d’obtenir des résultats puisque les échantillons sont analysés à Toronto. Entre-temps, les drogues en circulation risquent de changer complètement, de sorte que les résultats seront pratiquement inutiles pour prévenir les décès ou les effets néfastes sur les gens de la communauté.

Afin de résoudre ce problème, l’ethnobotaniste Cory Harris et le biochimiste Adam Shuhendler ont lancé RADAR (Rapid Access Drug Analysis and Reporting) avec l’aide de Riu Lui, gestionnaire de laboratoire et analyste principal. Avec ce service d’analyse rapide des drogues, l’équipe veut transformer la manière dont nous protégeons les plus vulnérables.

Une aide immédiate

« Contrairement au système actuel, RADAR permet de vérifier rapidement la composition des drogues, fournissant ainsi des informations presque instantanément sur le contenu des drogues et sur la manière de les consommer en toute sécurité », souligne le professeur Shuhendler.

Le personnel des sites d’injection sécuritaires et les personnes qui consomment des substances peuvent envoyer des échantillons au service pour une analyse rapide. En quelques minutes, on obtient des renseignements détaillés sur les substances présentes, ainsi que des conseils sur les pratiques de consommation sûres. Les sites reçoivent également des rapports mensuels énumérant les ingrédients actifs et les composés présents dans chaque catégorie de drogue. « Pour la première fois, notre communauté peut accéder rapidement à des informations utiles, ce qui réduit le risque de surdose », explique le professeur Harris.

Plus qu’une simple analyse

La portée de cette initiative dépasse le cadre des utilisatrices et utilisateurs individuels. En effet, les renseignements fournis par RADAR aident le personnel des sites d’injection sécuritaires à intervenir plus efficacement en leur permettant d’adapter leurs protocoles d’urgence en fonction des substances en circulation. Les données actuelles peuvent aussi servir à orienter les politiques. De plus, la communauté dans son ensemble bénéficie d’une réduction des situations d’urgence.

RADAR est particulièrement remarquable parce qu’il est susceptible de déclencher un mouvement à l’échelle nationale. Comme le soulignent les professeurs Harris et Shuhendler, aucune autre université de l’Ontario ou de l’est du Canada n’offre un tel service. Ils espèrent que leur initiative servira de modèle pour d’autres établissements au pays afin de créer un réseau de services d’analyse rapide des drogues qui protégeront collectivement des milliers de Canadiennes et Canadiens à risque.

« La plupart des professeures et professeurs de chimie disposent du matériel que nous utilisons », précise le professeur Harris, suggérant que ce modèle pourrait être reproduit dans tout le pays.

Un investissement communautaire

Pour les professeurs Harris et Shuhendler, RADAR est un moyen d’aider directement les membres de leur communauté. La crise des opioïdes continue de faire des victimes chaque jour, car le contenu imprévisible des drogues rend chaque consommation potentiellement mortelle. Avec RADAR, ils espèrent prévenir les incidents néfastes et prouver que les universités peuvent contribuer activement à la résolution des problèmes sociaux urgents.

Malgré les défis liés au financement et aux politiques, les professeurs Harris et Shuhendler sont déterminés à s’investir dans leur communauté et à changer les choses. Leur travail montre que lorsque l’expertise universitaire s’intéresse aux besoins de la communauté, des solutions salvatrices peuvent voir le jour. Tout ce qu’il faut, ce sont des personnes dévouées prêtes à se mobiliser pour les mettre en œuvre.

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