Des solutions intelligentes pour un monde meilleur : transformer les politiques publiques sur l’IA, la gouvernance de l’eau et les droits de la personne

Gazette
Intelligence artificielle
Vue aérienne du campus et du Parlement
L’Université d’Ottawa tout entière se mobilise au moyen du Forum pour le dialogue Alex-Trebek en vue d’améliorer les politiques publiques dans trois domaines clés : la réglementation et la gouvernance de l’eau, l’IA dans la santé et l'environnement, et les droits de la personne dans un monde en pleine évolution. Pour chacun d’entre eux, nous avons demandé à un chercheur de pointe de nous parler des principaux défis en matière de politique publique et des avantages pour la société si nous les relevons dès maintenant.

Notre monde évolue à un rythme sans précédent. Face aux avancées technologiques et aux innovations économiques, sociales et politiques qui perturbent le statu quo, nous devons revoir nos politiques publiques et nos lois pour encadrer ces nouvelles réalités, tout en préservant les droits et le bien-être des citoyens. Le Forum pour le dialogue Alex-Trebek réunit les brillants esprits de l’Université d’Ottawa autour de ces grands enjeux.

Fondé en 2017 et financé grâce aux dons de plus de 7 millions de dollars d’Alex Trebek, distingué diplômé de l’université, le Forum pour le dialogue vise à promouvoir la recherche et les débats sur la politique publique en favorisant des échanges constructifs sur des enjeux qui préoccupent les Canadiens.

Les projets de recherche inaugurés en 2020 s’étendent sur trois années et ont pour objectif d’améliorer les politiques publiques dans trois domaines clés : la réglementation et la gouvernance de l’eau, l’intelligence artificielle dans les soins de santé et l'environnement, et les droits de la personne dans un monde en pleine évolution.

Douze centres et instituts de l'Université d'Ottawa, qui mènent des recherches sur les politiques publiques, participent à cette initiative. Le caractère interdisciplinaire des projets jouera un rôle majeur dans l’avancement du savoir sur ces enjeux critiques. Ensemble, ils accroîtront le rayonnement de l’Université d’Ottawa dans le domaine de la politique publique au Canada et dans le monde.

De gauche à droite, Heather McLeod-Kilmurray, Nathalie Chalifour, Eric Champagne et Marie-France Fortin.

Projet sur l'IA pour des humains et environnements sains

« À l’heure actuelle, on estime qu’on pourrait prévenir jusqu’à 24 000 décès par année dans les hôpitaux canadiens, soit l’équivalent des pertes de vie occasionnées par un écrasement d’avion par semaine », explique Colleen M. Flood, professeure de la Section de common law de la Faculté de droit et titulaire de la Chaire de recherche de l’Université en droit et politiques de la santé. « L’intelligence artificielle transformera rapidement les systèmes de santé et, si on l’utilise correctement, elle pourrait grandement améliorer la qualité et la sécurité de ces systèmes ».

Codirigé par Kelly Bronson, Colleen M. Flood et Florian Martin-Bariteau, le projet crée une synergie entre des centres et des chercheurs de premier plan qui se penchent sur le potentiel de l’IA pour faire progresser l’application des connaissances et la recherche dans le domaine de la santé, de l’agriculture et de l’environnement.

En collaboration avec le Centre de droit, politique et éthique de la santé, le Centre de recherche en droit, technologie et société, et l’Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique, et avec un réseau d'experts de premier plan issus du Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale, l'Institut de recherche LIFE, le Centre d’études en gouvernance et le Centre de droit public, ils développeront des outils et un cadre pour guider les décideurs politiques du Canada et de l’étranger dans la mise en œuvre de changements « intelligents » qui favoriseront une utilisation saine et durable de l’IA dans le domaine de la santé et de la production alimentaire.

« Grâce au financement du Forum, notre projet permettra de déterminer la meilleure façon de réglementer l’IA dans le domaine de la santé, et plus précisément comment le gouvernement fédéral devrait s’y prendre pour encadrer par des règles le recours à des appareils médicaux utilisant l’IA, précise Flood. Nous ne voulons pas surréglementer l’IA (puisque cela risque de nuire à l’innovation) tout comme nous voulons éviter une réglementation trop laxiste (qui pourrait entraîner des lacunes sur le plan de la sécurité et de la qualité, comme une IA élaborée à partir de données n’étant pas représentatives de tous les patients).

« Nous devons mettre autant d’effort dans la réglementation que dans le développement de l’IA, car l’absence d’une structure de gouvernance et de réglementation optimale pourrait causer préjudice aux patients et miner la confiance du public en cette technologie, une confiance qu’il faudrait des années pour rebâtir. »

De gauche à droite, Colleen M. Flood, Florian Martin-Bariteau et Kelly Bronson.

Projet sur la réglementation et la gouvernance de l’eau

Selon Marie-France Fortin, professeure adjointe de la Section de droit civil de la Faculté de Droit, « La ressource naturelle la plus précieuse pour l’humain – l’eau douce – est peu réglementée et exploitée de façon non durable, et la crise climatique ne fera qu’exacerber ces problèmes dans les années à venir. Il est notamment impératif de limiter l’épuisement des eaux souterraines. Ces ressources, souvent non renouvelables, sont surexploitées partout dans le monde à cause du laisser-faire des autorités et de l’absence de réglementation. La moitié de la population mondiale dépend des nappes phréatiques pour son approvisionnement en eau potable, mais nous serons confrontés à un déficit global en eau de 40 % d’ici 2030 si nous n’améliorons pas drastiquement la gestion de cette ressource indispensable. »

Un projet commun mené par Nathalie Chalifour, Eric Champagne, Marie-France Fortin et Heather McLeod-Kilmurray vise à ouvrir le dialogue entre les chercheurs, les acteurs gouvernementaux, les groupes d’intérêt et le grand public pour cerner les problèmes urgents liés à la gestion de l’eau.

En collaboration avec le Centre d’études en gouvernance, le Centre de droit public et le Centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale, le projet mettra à contribution les différents points de vue des parties prenantes.

En se basant sur les problématiques environnementales liées à l’eau, ils chercheront à mettre en évidence les complications causées par les changements climatiques et leurs répercussions, et formuler des recommandations pour les décideurs des différentes instances concernées.

« Les experts canadiens réclament une stratégie nationale sur l’eau depuis longtemps, précise Marie-France Fortin. Avec la tenue de consultations en vue de la création d’une Agence canadienne de l’eau, le moment est opportun pour jeter un regard critique sur les politiques existantes concernant la gestion, la conservation et la réglementation de l’eau au Canada. Cette démarche exigera une collaboration interdisciplinaire étroite et la participation de représentants d’organismes non gouvernementaux et d’autres parties prenantes de l’élaboration des politiques publiques.

« En plus de proposer des politiques et des règlements pour la gestion durable des ressources en eau douce et de mettre à contribution l’expertise de l’Université d’Ottawa, nous espérons promouvoir le dialogue avec les acteurs gouvernementaux, les groupes d’intérêt et le grand public. En favorisant la diffusion des connaissances liées à la consommation, à la conservation et à la gestion de l’eau douce, notre projet contribuera à la protection de cette ressource précieuse et à la construction de démocraties inclusives et durables. »

De gauche à droite, Jennifer Bond, Monica Gattinger, John Packer et Rita Abrahamsen.

Un projet pour changer l’ordre mondial

« L’incertitude, l’insécurité, l’instabilité et la complexité sont les traits dominants de notre époque », déclare Rita Abrahamsen, professeure à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales et directrice du Centre d’études en politiques internationales (CEPI). « L’ordre international fondé sur des règles est bousculé par les gouvernements antilibéraux et les mouvements populistes qui remettent en question les valeurs et les institutions démocratiques à tous les niveaux de gouvernance. À l’échelle nationale et internationale, les décideurs doivent trouver des solutions novatrices qui reflètent cette nouvelle réalité. Ces enjeux pressants, qui transcendent la dichotomie national-international, concernent tous les paliers de la politique – et ils influenceront la place du Canada dans le monde. Si on ne parvient pas à les régler, le bien-être de la race humaine, voire sa survie, sera gravement compromis. »

Rita Abrahamsen, Jennifer Bond, Monica Gattinger et John Packer se sont donc concertés pour mettre sur pied un projet visant à révéler la dynamique qui sous-tend les enjeux actuels de gouvernance et de droits de la personne. Le projet misera sur des travaux de recherche de pointe et sur des réseaux de décideurs pour régler des questions fondamentales, notamment la manière d’instaurer des démocraties inclusives et durables, de développer une coopération multiculturelle et de faire respecter les droits fondamentaux de la personne dans un ordre mondial fragmenté et changeant.

En collaboration avec le Centre de recherche et d'enseignement sur les droits de la personne, l’Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique, le Centre d'études en politiques internationales et le Carrefour des réfugiés, il proposera des solutions novatrices et des réponses stratégiques à ces questions pressantes, y compris des interventions juridiques de haut vol pour protéger les droits dans cet ordre en pleine mutation.

« Nous avions conçu ce projet avant la pandémie de COVID-19, mais son importance a été cruellement illustrée par la propagation rapide du virus et ses conséquences politiques et économiques énormes, tant à l’échelle nationale que mondiale, explique Abrahamsen. La pandémie a fait ressortir l’interdépendance de notre monde, la nécessité d’une coopération multilatérale et le lien étroit entre l’énergie et le climat. Parallèlement, l’ordre mondial libéral subit une menace sans précédent et la coopération internationale connaît un creux historique, ce qui peut avoir des répercussions importantes sur le Canada et sa population. »

« Ce projet s’intéressera aux occasions de redéfinir et de refaçonner la coopération multilatérale, et de bâtir des institutions plus inclusives et équitables. Il visera particulièrement à harmoniser les priorités mondiales et canadiennes en matière d’énergie et de climat, à l’heure où beaucoup réclament une “relance verte”, et à protéger les droits des populations réfugiées, alors que le nombre de personnes déplacées par un conflit, la persécution ou les atrocités de masse atteint un niveau record. »

M. Trebek a donné plus de 10 millions de dollars à son alma mater. Le Forum pour le dialogue Alex-Trebek est bien ancré dans la mission de recherche de l’Université, et vise à élargir sa portée et son incidence dans toutes les sphères de la politique publique à l’échelle mondiale. Ces trois nouveaux projets de recherche mettront à contribution la mine de talents de l’Université, sa remarquable tradition d’excellence en politique publique et son esprit d’innovation pour formuler des recommandations stratégiques ciblées et résoudre les enjeux complexes qui touchent nos sociétés. Ensemble, ils contribueront à consolider l’influence de l’Université d’Ottawa en matière de politique publique et à faire naître des solutions intelligentes pour un monde meilleur.