Le Canada se trouve à un moment charnière. L’intelligence artificielle transforme rapidement les milieux de travail, le commerce et la vie publique, alors que le pays doit aussi composer avec les changements climatiques, l’évolution des chaînes d’approvisionnement et la nécessité d’une énergie à faibles émissions de carbone. Un nouveau rapport exhaustif soutient que le Canada peut exercer un leadership mondial en développant et en encadrant l’IA selon ses propres termes — ancrés dans l’éthique, la durabilité et la justice sociale — plutôt que de chercher à égaler l’ampleur et la vitesse des géants technologiques américains.
S’appuyant sur les sept priorités énoncées dans la lettre de mandat de mai 2025 du Premier ministre Mark Carney, le rapport met en lumière la façon dont l’IA recoupe des enjeux nationaux tels que :
- l’établissement d’une nouvelle relation économique et sécuritaire avec les États-Unis;
- la construction d’un réseau énergétique national intégré et à faibles émissions de carbone;
- la protection des travailleurs et des consommateurs contre la discrimination algorithmique et la compression des salaires;
- l’assurance de la qualité et de l’abordabilité du logement à l’ère des technologies intelligentes;
- le renforcement de la souveraineté et de la sécurité sans compromettre les droits;
- l’attraction et la formation de talents diversifiés dans un marché du travail en mutation;
- le maintien de services publics transparents et responsables.
Rédigé par une équipe interdisciplinaire de chercheuses et chercheurs canadiens, le livre blanc (en anglais seulement) formule des recommandations concrètes :
- la création d’une société d’État pour l’infonuagique publique,
- la réglementation de l’IA dans les marchés du logement et du travail,
- la planification de corridors pour des centres de données alimentés par des énergies renouvelables,
- et l’adoption de règles claires encadrant l’usage des algorithmes dans les domaines policier et militaire.
Le rapport soutient que le Canada devrait éviter une « course où le gagnant rafle tout » visant à construire le plus grand modèle d’IA à usage général, et privilégier plutôt un développement éthique et durable. Il contribue aux discussions nationales et internationales en cours sur le développement responsable de l’IA et offre des orientations aux décideurs canadiens dans l’élaboration de leurs stratégies en matière de technologie, de travail et de climat.
Codirigé par la professeure Kelly Bronson, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en science et société et chercheure au Centre de recherche en droit, technologie et société de l’Université d’Ottawa, et par la professeure Anne Pasek, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médias, la culture et l’environnement à Trent University, ce rapport est le fruit de plusieurs années de recherche fondée sur des données probantes, soutenue par le projet AI for Healthy Humans and Environments financé par le Forum de dialogue Alex Trebek au sein de l’Initiative IA + Société au Centre de recherche en droit, technologie et société de l’Université d’Ottawa.
Lisez «Challenges and Opportunities for a Made-In-Canada Approach to Artificial Intelligence» (en anglais seulement) par Anne Pasek, Trent University; Kelly Bronson, Université d’Ottawa; Alissa Centivany, Western University; Olivia Doggett, University of Toronto; Kayla Hilstob, Simon Fraser University; Jordan Kinder, New York University; Zenia Kish, Ontario Tech University; Naomi Okabe, Queens University; Sarah-Louise Ruder, Université d’Ottawa; Eliot Tretter, University of Calgary; Kailey Walker, Queens University; Jiaqi Wen, Simon Fraser University; et Aiden Bradley, Université d’Ottawa.
La rédaction de ce livre blanc a été appuyée par une subvention Connexion du Conseil de recherches en sciences humains du Canada intitulée « Extractive AI: From Data Mining to Resource Extraction ».