« Le simple fait de traduire et de faire de l’alternance codique (code switching) fait travailler le cerveau. C’est un muscle. Plus vous développez ces voies neuronales, plus vous renforcez votre cerveau, » explique Valia Spiliotopoulos, professeure à l’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB) et directrice du Centre canadien d’études et de recherches en bilinguisme et aménagement linguistique (CCERBAL).
Mais qu’en est-il des autres bienfaits du bilinguisme? Découvrez-les dans cet article basé sur des entrevues que la professeure Spiliotopoulos a accordé à la radio de Radio-Canada cet automne. Écoutez l’entrevue radio complète en français.
Une plus grande sensibilité interculturelle et socioémotionelle
Il existe également des dimensions sociales et émotionnelles au bilinguisme et au multilinguisme. Par exemple, les personnes qui maîtrisent plusieurs langues présentent une plus grande sensibilité et de meilleures compétences interculturelles. Elles arrivent à naviguer plus aisément dans des contextes socioculturels différents. Sur le plan émotionnel, il est plus facile pour elles d’affirmer leur identité et de faire preuve d’empathie. L’apprentissage d’une langue ouvre l’esprit sur les différentes cultures du monde.
Viser l’inclusion des langues d’héritage à l’école
Les langues façonnent l’identité des enfants, des familles et des communautés. Les enfants sont donc parfois exposés à une langue à la maison et à une autre à l’école. Compte tenu des avantages du bilinguisme et du multilinguisme, une plus grande inclusivité des langues d’héritage à l’école serait souhaitable, surtout dans un contexte anglophone.
« Dans certaines provinces au Canada et dans les pays anglophones, il y a un discours déficitaire envers les jeunes élèves qui présentent un bilinguisme émergent. Ils ou elles intègrent le système scolaire anglophone sans les compétences linguistiques de la langue majoritaire. Ils ou elles sont considérés comme des élèves « anglais langue seconde ». Une telle étiquette peut les stigmatiser et, paradoxalement, les placer dans une situation perçue comme d’infériorité. » — Valia Spiliotopoulos, professeure
Ce discours découle d’une perspective monolingue de la langue de la majorité, c’est-à-dire, le plus souvent, l’anglais. Il intervient dans un contexte où les personnes monolingues sont avantagées par rapport aux personnes bilingues ou multilingues. L’impact socioémotionnel de cette étiquette « anglais langue seconde » peut susciter des émotions d’insécurité linguistique et sociale, l’enfant évitera de prendre des risques linguistiques dans la poursuite de ses apprentissages. Curieusement, selon le contexte, ce bilinguisme émergent peut même devenir une source d’anxiété pour les étudiantes et étudiants, et les amener à remettre en question leurs capacités linguistiques, intellectuelles ou cognitives.
Heureusement, depuis une dizaine d’années, les écoles et le corps enseignant sont encouragés à tenir compte de la situation de ces élèves et à inviter les langues d’héritage dans les salles de classe pour célébrer leur multilinguisme. Par exemple, les élèves peuvent être encouragés à écrire des textes identitaires dans leurs deux langues, traduire d’une langue à l’autre, et parler de leur culture, de leur identité et de leur pays d’origine avec leurs camarades de classe. Ce type d’exercices vise à trouver des moyens pour favoriser l’inclusion des langues d’héritage à l’école.
Trop jeune ou trop âgé?
Il n’y a pas que les enfants qui peuvent apprendre de nouvelles langues – c’est possible à tout âge. Comme en témoignent les jeunes adultes inscrits au régime d’immersion de l’Université d’Ottawa et aux cours de langue de l’ILOB qui découvrent le français ou l’anglais. Des recherches ont montré en outre que les adultes aînés peuvent tirer des avantages cognitifs sur le plan de la mémoire en étudiant une nouvelle langue.
Pourquoi choisir l’ILOB pour devenir bilingue ou approfondir ses connaissances langagières?
L’ILOB offre des cours d’anglais ou de français langue seconde conçus pour les besoins de tous les types d’adultes apprenants, qu’il s’agisse de la population étudiante déjà inscrite à l’Université d’Ottawa, de celle en voie d’être admise ou, encore, de professionnelles et professionnels qui cherchent à améliorer leurs compétences langagières.
Le Service de soutien linguistique pour le personnel de l’ILOB propose des cours de langue, des ateliers intensifs et des services sur mesure gratuits pour le personnel et le corps professoral de l’Université d’Ottawa.
En outre, les programmes de majeures et de mineures en français et en anglais langue seconde permettent aux étudiantes et étudiants de renforcer leurs habiletés de communication autant à l’oral qu’à l’écrit, tout en favorisant les découvertes culturelles.
La maîtrise ès arts (M.A.) en études du bilinguisme, un programme unique, permet à la communauté étudiante du deuxième cycle de se spécialiser dans ce domaine.
Le CCERBAL : là où la recherche en bilinguisme s’épanouit
L’ILOB a également mis sur pied le Centre canadien d’études et de recherche en bilinguisme et aménagement linguistique (CCERBAL) qui a pour mandat de promouvoir l’innovation et l’excellence en recherche dans les domaines de l’immersion, de l’évaluation linguistique, des politiques linguistiques, et des technologies en apprentissage des langues.
Il favorise l’interdisciplinarité à l’échelle nationale et internationale par l’entremise de chaires et de groupes de recherche, d’une revue scientifique, les Cahiers de l’ILOB, de forums de recherche, d’un colloque bisannuel, d’événements spéciaux et de partenariats.
L’ILOB, c’est l’endroit par excellence où apprendre l’une des langues officielles du pays, devenir bilingue et se pencher sur les enjeux du bilinguisme et du multilinguisme au Canada et ailleurs.