Manifestantes à Toronto lors d’un rassemblement pour l’équité, les services de garde et la libération de Morgentaler. 10 mai 1975. 10-001-S3-I347
© Amanda Banquier. Archives et collections spéciales, Bibliothèque, Université d’Ottawa
Et si un simple geste de réorganisation devenait le point de départ d’une aventure collective vers une meilleure connaissance de notre histoire féministe ? C’est le pari que s’est donné notre équipe en repensant la façon de préserver, présenter et partager les photographies de la collection des Archives Canadiennes du Mouvement des Femmes (ACMF-CWMA). Car dans les archives, comme dans la vie, un petit changement peut ouvrir de plus grandes perspectives.

Feuilleter l’histoire : une nouvelle façon de consulter la collection

Les photographies des ACMF ont récemment été transférées dans des classeurs spécialement conçus pour la conservation et la consultation de documents visuels historiques. Chaque photo est désormais accompagnée, au verso, d’une fiche descriptive détaillée : Titre et numéro de référence; date, personnes, photographes, évènements, usage quand ces informations sont connues. 

Ce nouvel arrangement facilite le repérage, la consultation et l’analyse, tout en respectant l’ordre original de la collection. Mais surtout, il permet une expérience de découverte plus fluide et plus vivante. Feuilleter les classeurs, c’est un peu comme ouvrir un album de famille collectif, où chaque image appelle à la mémoire, à l’identification et au récit.
 

Une collection née d’un engagement militant

Rappelons que cette collection est le fruit du travail rigoureux et engagé de femmes réunies au sein du Centre d’information des femmes un collectif qui s’est formé à Toronto dans les années 80. Militantes et archivistes, elles ont documenté avec soin les luttes, les visages et les moments clés du mouvement féministe canadien. Grâce à leurs inventaires, une grande partie des photographies a déjà été identifiée — mais plusieurs visages, lieux et événements restent encore à nommer.

C’est là que la communauté entre en jeu.
 

Ouvrir les archives à la communauté

Ce nouveau mode de présentation rend les photographies plus accessibles, tant à notre communauté étudiante, aux chercheuses et chercheurs qu’aux membres des communautés représentées. Il devient plus simple de consulter plusieurs images à la fois, de croiser les regards, de faire émerger des souvenirs oubliés ou d’apporter des précisions. Un nom oublié refait surface, une date se corrige, une anecdote éclaire tout un contexte. C’est ce processus d’enrichissement participatif, une co-construction de la mémoire que nous souhaitons désormais à cette collection.

Et les retombées sont multiples : communauté étudiante en visite, chercheuses et chercheurs, communauté de nos amies et amis des archives, journalistes, etc., toutes et tous peuvent plus facilement repérer les images pertinentes, illustrer leurs publications, se rappeler qu’iels y étaient et s’y reconnaitre ou reconnaitre ses amies, amis, ou simplement tisser des liens avec une histoire trop souvent reléguée au silence.
 

Prendre soin, reconnaître, respecter

Cette transformation répond aussi à un souci éthique : prendre soin des personnes représentées. Mieux identifier, c’est aussi mieux respecter. Il devient possible d’informer les personnes concernées, de discuter des droits liés aux images, d'assurer une utilisation respectueuse et conforme. Cette attention fait écho aux principes du « care » en archivistique : ne pas se contenter de conserver, mais aussi protéger, valoriser, et dialoguer avec les documents et les personnes qui y sont liées.

Classeurs de préservation pour les photographies de la collection des Archives Canadiennes du Mouvement des Femmes (ACMF).
Classeurs de préservation pour les photographies de la collection des Archives Canadiennes du Mouvement des Femmes (ACMF).

Et vous, que découvrirez-vous ?

Nous vous invitons à venir consulter cette collection renouvelée, à feuilleter ces albums des mouvements de femmes qui continuent d’inspirer. Qui sait ? Vous y reconnaîtrez peut-être un visage familier, un moment oublié, ou découvrirez une page d’histoire qui vous parlera autrement.

Car parfois, ce sont les petits changements (comme un changement de classeur!) qui ouvrent de plus grandes perspectives sur le passé, et sur l’avenir.

Nos remerciements à Surraby, Madeline, et Leah, bénévoles aux ARCS, pour leur participation active à la réalisation de ce projet.