En 2005, la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa a lancé son Programme autochtone avec une vision bien précise : soutenir les étudiantes et étudiants autochtones dans leurs études en médecine, et créer un avenir plus équitable dans ce domaine.
Deux décennies plus tard, cette vision a donné naissance à un réseau en pleine expansion de médecins autochtones dont les réalisations rayonnent à travers le Canada. Des cliniques rurales aux hôpitaux urbains, des salles de classe aux laboratoires de recherche, les diplômées et diplômés du programme ne se contentent pas d’exercer dans leur discipline respective : ce sont également des leaders d’opinion, des mentores et mentors inspirants ainsi que des voix influentes prônant les soins adaptés à la culture.
« Nos diplômées et diplômés ont accompli de grandes choses. Ambassadrices et ambassadeurs de notre programme, ces personnes transmettent leurs connaissances en encadrant la relève autochtone en médecine, explique la Dre Darlene Kitty, directrice du Programme autochtone. Je suis très impressionnée par leurs accomplissements, et je les soutiens pleinement dans leurs activités. »
Dans les derniers jours, nous avons rencontré quelques diplômées et diplômés aux carrières remarquables pour discuter de leurs expériences et solliciter leurs conseils pour la prochaine génération de professionnelles et professionnels de la santé autochtones.
Dre Kona Williams
« Voir ces gens exercer leur profession et étudier pour accomplir des choses dont nos ancêtres pouvaient à peine rêver, c’est ce qui nous motive. »
Dre Kona Williams
— La première – et jusqu’à tout récemment, la seule – médecin légiste autochtone au pays.
Membre de la première cohorte du Programme autochtone, la Dre Kona Williams a marqué l’histoire de la médecine au Canada. En effet, cette professionnelle kanien'kehá:ka (Mohawk) et crie, qui a obtenu son diplôme en 2009, a été la première – et jusqu’à tout récemment, la seule – médecin légiste autochtone au pays.
Elle a beaucoup travaillé dans le nord de l’Ontario, où elle a contribué à l’établissement et au renforcement des relations entre les communautés des Premières Nations et les organismes provinciaux dans le milieu de la pathologie. Elle est directrice médicale du Département de médecine de laboratoire et de pathologie à Horizon Santé-Nord (HSN), un hôpital de Sudbury desservant la région du nord-est de l’Ontario.
La Dre Williams a également travaillé sur des dossiers complexes et très médiatisés, notamment relativement aux tombes anonymes des pensionnats autochtones et aux cas de disparition et d’assassinat de femmes et de filles autochtones. Son expertise et sa profonde compréhension des cultures ont joué un rôle essentiel dans des enquêtes sur des décès inexpliqués et ont permis à des familles de faire leur deuil.
Lorsqu’elle repense à ses années d’études au sein du Programme autochtone, elle affirme que la communauté soudée qu’elle a contribué à créer avec ses collègues de classe dans différents domaines a joué un rôle clé dans sa vie et ses études. « Pouvoir enfin bénéficier d’un système de soutien de ce genre, ça a vraiment tout changé », confie la Dre Williams, qui a terminé sa résidence en pathologie anatomique à l’Université d’Ottawa en 2014.
Son rapport à l’esprit, au cœur, à la pensée et aux façons d’être et d’agir autochtones lui sert de guide pour aider la prochaine génération de médecins autochtones.
« Voir ces gens exercer leur profession et étudier pour accomplir des choses dont nos ancêtres pouvaient à peine rêver, c’est ce qui nous motive. Ça m’apporte beaucoup d’espoir et de joie. »
Dr James Makokis
« La communauté autochtone tout entière est fière de vous. Votre admission à ce programme est le fruit d’efforts et de sacrifices immenses; c’est admirable. »
Dr James Makokis
— Pionnier dans le domaine de la santé des Autochtones et des personnes transgen
Originaire de la Nation crie de Saddle Lake, couverte par le Traité No 6, le Dr James Makokis se fait un devoir d’intégrer la médecine et les savoirs du peuple cri dans les soins qu’il prodigue à ses patientes et patients, et ce, depuis la fin de ses études de médecine à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa en 2010.
Exerçant dans une clinique de médecine familiale dans le nord-est de l’Alberta ainsi que dans une clinique spécialisée en santé des personnes transgenres dans le sud d’Edmonton, le médecin de famille nehiyô (cri des plaines) se démarque en tant que véritable leader de la santé autochtone et trans. Ses pratiques médicales sont ancrées dans les lois naturelles cries de la gentillesse, de l’honnêteté, de la force, de la détermination et du partage.
Si son visage vous est familier, c’est peut-être parce que vous l’avez vu à la télévision. En 2019, son mari et lui ont été couronnés vainqueurs de la 7e saison de l’émission Amazing Race Canada.
En plus de servir sa communauté, le Dr Makokis cherche à inciter celles et ceux qui pratiquent la médecine occidentale, tout comme les établissements de santé, à reconnaître la valeur des systèmes de soins autochtones et à les intégrer aux soins prodigués.
Quel message souhaite-t-il transmettre aux étudiantes et étudiants actuels et futurs du Programme autochtone de la Faculté de médecine?
« La communauté autochtone tout entière est fière de vous. Votre admission à ce programme est le fruit d’efforts et de sacrifices immenses; c’est admirable. N’hésitez pas à demander de l’aide si vous en avez besoin. N’ayez pas peur de le faire et trouvez des mentores et mentors qui vous épauleront dans votre cheminement », a-t-il conseillé lors d’un appel récent.
« N’oubliez pas : un des plus beaux cadeaux que vous puissiez vous offrir, à vous-même et aux autres, c’est de vous aimer, d’aimer les autres, et surtout de ne jamais perdre de vue l’humain derrière chacune de vos interactions. »
Dre Jessica Dunkley
« Je me souviens la force du mentorat et toutes les petites choses qui laissent une empreinte indélébile dans votre vie. »
Dre Jessica Dunkley
— Médecin de famille et premier médecin métis sourd au Canada
Après avoir obtenu son diplôme en médecine à l’Université d’Ottawa en 2010, la Dre Jessica Dunkley est devenue la première médecin métisse sourde au pays.
Elle s’est révélée une actrice du changement dès son passage à l’Université d’Ottawa, où elle a milité pour une plus grande inclusivité et sensibilisé les gens au capacitisme. Pendant sa résidence en dermatologie à l’Université de la Colombie-Britannique, la Dre Dunkley s’est battue pour des réformes politiques qui ont fait jurisprudence en matière de mesures d’adaptation pour les résidentes et résidents en situation de handicap.
Au fil des ans, la médecin de famille a organisé des ateliers spécialisés sur la terminologie médicale en langue ASL pour les interprètes, destinés plus précisément à celles et ceux qui travaillent en milieu de soins. Elle a aussi animé des séances de formation sur la santé adaptées aux personnes sourdes.
Membre de la deuxième cohorte du Programme autochtone, elle se souvient très bien des collègues de classe qui ont joué un rôle déterminant dans le resserrement de la communauté.
« La force du mentorat et toutes les petites choses qui laissent une empreinte indélébile dans votre vie. Je faisais partie de la deuxième cohorte, et on ne savait pas encore trop comment soutenir un groupe d’étudiantes et étudiants de divers horizons au sein du programme. Kona (Williams), qui nous précédait d’un an, nous a remis des petits carnets et des stylos pour nous aider dans nos études. Je ne me souviens pas de les avoir utilisés, mais je me rappelle que cette attention symbolique illustrait à quel point les petits gestes peuvent compter. »
La Dre Williams affirme que le soutien qu’elle a reçu de son collègue James Makokis a été décisif. « Si ce n’était de lui, mon chemin aurait probablement été différent », estime-t-elle.
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