Chaque enfant compte : un jardin de t-shirts orange en mémoire des victimes des pensionnats autochtones

Autochtone
Les pancartes de la chandails oranges recouvrent la pelouse du pavillon Tabaret
Lors de la Journée du chandail orange, le 30 septembre, la communauté de l’Université d’Ottawa a été invitée à assister à une cérémonie et à laisser des messages personnels sur la pelouse du pavillon Tabaret en mémoire des atrocités du système des pensionnats autochtones.
Des élèves écrivent des messages sur des panneaux de t-shirt orange et les plantent dans la pelouse.
Meagan Commonda sur le podium, à gauche, la foule assise sur les marches du pavillon Tabaret, à droite
Reeta Koostachin
 Reeta Koostachin, Victoria Smith, Jacques Frémont, Meagan Commonda et Jill Scott.
Jonathan Mathews, à gauche, et Jericho Mac avec sa fille, à droite, chantent et jouent du tambour.

Huit cents t-shirts orange ornent la pelouse du pavillon Tabaret de l’Université d’Ottawa, établi en territoire algonquin non cédé, pour la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui se tiendra annuellement le 30 septembre. Aussi appelée « Journée du chandail orange », elle vise à susciter la réflexion et à rappeler les atrocités commises à l’endroit des peuples autochtones dans les pensionnats un peu partout au Canada, dont l’ampleur bouleversante a été mise au jour cette année par la découverte de milliers de tombes anonymes d’enfants arrachés à leur famille.

Sur chacune de ces pancartes orange, les membres de la communauté universitaire ont écrit des messages personnalisés exprimant leur peine, leur solidarité et leur engagement envers les communautés autochtones, qui ont été grandement lésées et continuent de subir la noirceur du système des pensionnats autochtones.

« Qu’est-ce que la réconciliation? », a demandé Meagan Commonda, une Algonquine de la Première Nation de Kitigan Zibi, diplômée des programmes d’études autochtones et de sociologie. « Le mot n’est pas de nous. La “réconciliation” ne fait pas partie du vocabulaire des peuples autochtones, car ce mot supposerait une admission de torts mutuels, fausse à nos yeux. Nous avons ouvert nos terres et nos maisons à tous les États colonisateurs, puisque le partage est dans notre nature. Et le mot “allié”, lui? Qu’évoque-t-il? Il dit que nous sommes solidaires, que nous marchons côte à côte. Pas devant ni derrière l’autre. Côte à côte. Toute personne alliée continue d’apprendre, de poser des questions et d’écouter activement. »

Le jardin et la cérémonie des chandails orange émanent d’une initiative de l’Association des étudiants autochtones, qui regroupe des étudiantes et étudiants des Premières Nations, métis et inuits s’appliquant à renforcer le sentiment d’appartenance et de communauté des Autochtones au sein de l’Université. L’Association a travaillé en partenariat avec le Bureau des affaires autochtones de l’Université d’Ottawa, le Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig, l’Institut de recherche et d’études autochtones et l’Association des étudiants autochtones en droit.

Mayhève Rondeau, membre de la Première Nation crie de la Moose et l’une des organisatrices de l’événement, n’a pu assister en personne à la cérémonie. Sa collègue Victoria Smith s’est faite sa porte-parole :

« J’adresse un message d’espoir à nos jeunes que la peine peut envahir », a écrit Mayhève Rondeau. « Quand j’ai le cœur lourd et que je me sens stressée, je me remémore la résilience et le courage de ma grand-mère, ainsi que sa volonté à se réapproprier sa langue et sa culture après avoir passé des années dans un pensionnat. »

« Cette force habite tous les jeunes des peuples autochtones, métis et inuits. Elle se transmet par le savoir intergénérationnel. Même dans la pénombre, orientons-nous en nous rappelant que nous sommes des peuples forts et résilients. Que nous existons toujours.

« Alliées et alliés, l’heure est à l’écoute. Demain, continuez d’arborer l’orange, d’être là, ainsi que de porter et de faire entendre plus fort nos voix. C’est ainsi que nous contribuerons collectivement à la vérité et à la réconciliation. »

« Si nous voulons incarner les valeurs de respect, d’acceptation culturelle et d’égalité si chères à notre pays, et si nous voulons parvenir à une véritable réconciliation pour les générations à venir, nous devons assumer notre histoire, l’accepter, la reconnaître et en tirer des leçons », a soutenu Jacques Frémont, recteur et vice-chancelier. « Nous devons nous approprier cette histoire non pas pour effacer le passé, mais pour bâtir un présent et un futur fondés sur la justice et la compassion qui raviveront notre fierté. »

« Notre équipe étudiante autochtone a mis tout son cœur dans l’organisation de la cérémonie d’aujourd’hui, et je ne saurais trop l’en remercier », a souligné Victoria Marchand, ancienne coordonnatrice du Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig et animatrice de la cérémonie. « Je suis si privilégiée d’avoir travaillé avec vous et d’avoir été guidée par vous. Aujourd’hui, la force de notre jeunesse saute aux yeux. »

En conclusion, Mme Marchand a rappelé à la communauté universitaire de vivre dans la bienveillance et l’amour. Meegwetch.