La Collection des Archives canadiennes du mouvement des femmes est une collection de documents personnels, de macarons, de dépliants et d’autres articles documentant la deuxième vague du mouvement féministe, amorcée dans les années 1960. Son registre compte plus de 282 descriptions d’artefacts en possession de 59 centres d’archives un peu partout au Canada.Grâce à de généreux dons, la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa a pu embaucher quelqu’un pour mettre en récit les trésors qu’elle recèle.
Diplômée de l’Université d’Ottawa et journaliste au Montreal Gazette, Michelle Lalonde a été ravie d’accepter cette tâche.
Selon elle, « cette période n’a pas eu toute l’attention qu’elle mérite ».
Jusqu’à maintenant, Mme Lalonde a rédigé trois textes, dont un traite du travail de terrain accompli par le mouvement des femmes. Elle a passé beaucoup de temps à lire des documents et à consulter la base de données qui, selon elle, est accessible et bien conçue.
« Ce qui me frappe le plus, c’est que nous nous sommes fait des idées à propos du féminisme au siècle dernier […]. Nous avons imaginé un mouvement mené par des femmes blanches bien en vue de la classe moyenne, mais il était tellement plus diversifié que ça. Les luttes étaient multiples à l’intérieur même du grand combat, les enjeux d’intersectionnalité figurant au premier plan. »
Pour écrire ses histoires, Mme Lalonde a parlé à plusieurs femmes qui ont consacré leurs vies à la cause féministe. « Elles ont travaillé à faire avancer la cause sur tellement de fronts en même temps. C’est vraiment impressionnant […]. Ce qui me frappe également, c’est l’incroyable capacité de ces femmes à tisser des liens. À une époque où les technologies de réseautage dont nous jouissons actuellement n’existent pas […], écrire autant de lettres, distribuer des tracts et organiser des manifestations était un travail exigeant, mais nécessaire pour mobiliser la population. Il existait une telle solidarité entre elles! Ces femmes savaient comment créer des réseaux et les mobiliser pour faire changer les choses. C’est tellement inspirant! »
Alors qu’elle écrivait sur les parcours professionnels non traditionnels, Mme Lalonde a eu l’occasion de parler à Monique Frize, première femme à obtenir un diplôme en génie de l’Université d’Ottawa. Celle-ci lui a transmis de sages paroles qui ne peuvent que résonner encore aujourd’hui chez la jeune génération : « Il est tellement important d’écouter ce que ces femmes, ces pionnières, ont à dire. Le contexte est peut-être différent, mais il existe encore des obstacles pour nous dans les domaines scientifiques et techniques. »
Le troisième récit de Michelle Lalonde porte sur la maternité.
Sarah Simpkin, chef du soutien à la recherche (arts et collections spéciales) à la Bibliothèque, souligne que les textes de Mme Lalonde évoquent un dialogue intergénérationnel.
« Elles tissent des liens entre le passé et le présent du mouvement des femmes. »
En 2019, la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa a reçu un don d’un million de dollars de l’honorable Nancy Ruth et d’une personne anonyme pour soutenir les Archives des femmes.
« Cette contribution importante nous a permis d’embaucher une archiviste ainsi qu’une archiviste numérique pour traiter les documents destinés à la collection, établir notre plan de conservation numérique et étendre le rayonnement des Archives des femmes », de dire Sarah Simpkin.
Octobre 2022 marque le 30e anniversaire du Mois de l’histoire de femmes au Canada. Le thème de cette année, Elle m’a ouvert la voie, nous offre une occasion rêvée de découvrir les récits inspirés de la riche collection des Archives des femmes!