Chaque année, 50 bourses d’études Schulich Leader sont remises à des diplômés du secondaire à la fibre entrepreneuriale qui s’inscrivent en sciences, en technologie, en ingénierie ou en mathématiques (STIM) dans une des 20 universités partenaires du programme au Canada. Chaque école canadienne peut soumettre la candidature d’un élève par année à cette bourse de premier cycle en STIM.
Cette année, les lauréats de la bourse d’études Schulich Leader à l’Université d’Ottawa sont en fait… des lauréates. Neve Foreman et Ellen Perry, qui ont en commun un amour des mathématiques, des sciences et du sport, ne sont pas du genre à se laisser arrêter par les stéréotypes sexuels.
Une étudiante en statistique met les chances de son côté
Neve Foreman est inscrite au B.Sc. spécialisé en statistique à l’Université d’Ottawa. Elle se destine à une carrière en politique, en droit ou en économie comme analyste ou experte en science des données.
« La statistique réunit le meilleur de deux mondes : mon talent pour les mathématiques et mon intérêt pour l’analyse, dit-elle. J’ai choisi l’Université d’Ottawa pour son programme, ses possibilités de recherche et son régime coop. Si je finis par travailler en statistique, par exemple au gouvernement, c’est vraiment à Ottawa que ça se passe. J’ai déménagé en Ontario pour être au cœur de l’action. »
La jeune femme a grandi à Smithers, une petite ville de 6000 habitants dans le nord de la Colombie-Britannique. Elle avait quatre ans lorsque sa famille a emménagé là-bas pour que son père, un travailleur social, puisse oeuvrer auprès de la population autochtone locale.
« Quand on grandit dans une petite ville, on connaît tout le monde, explique-t-elle, mais on est bien loin des grandes villes et des possibilités qu’elles offrent. La plus proche, Prince George, une ville de 80 000 habitants, est à quatre heures de route. Par contre, comme je suis active, j’aimais tout particulièrement mon coin de pays pour les activités de plein air, comme le ski et la randonnée. Je faisais aussi beaucoup de patinage artistique. En plus, j’ai joué au soccer et j’ai fait de la lutte, un sport que j’adore. »
À l’école secondaire, Neve Foreman se sentait un peu exclue. Elle travaillait fort à l’école et participait à des concours de mathématiques, un choix pas très populaire.
« Mon intérêt pour le monde universitaire était mal vu, dit-elle. Je me sentais incomprise des autres élèves. J’ai présenté une demande aux bourses d’études Schulich Leader pour élargir mon réseau et participer à des conférences et autres activités savantes, mais aussi parce que je voulais montrer qu’on pouvait gagner une telle bourse même si on venait de Smithers. J’espérais encourager d’autres personnes à croire en cette possibilité. Je n’avais pas une super longue liste de réalisations à faire valoir dans ma demande, mais je me suis présentée de façon honnête, en expliquant ce que je voulais faire pour la société. »
Neve Foreman est fière d’être une femme en STIM. Elle est représentante de première année pour les sciences dans la section uOttawa de WISE, un club pour les femmes en sciences et en génie. Jamais elle ne penserait à renier ses passions.
« J’ai toujours défendu le droit des femmes à investir tous les domaines, dit-elle. Je fais beaucoup de choses traditionnellement associées aux hommes, et l’idée de m’empêcher de faire de la lutte ou des mathématiques m’est insupportable. La lutte est un de mes sports préférés, et j’ai choisi d’étudier en statistique à cause de la beauté des explications mathématiques. »
Une ingénieure civile qui bâtit son avenir sur de solides fondations
Ellen Perry est une étudiante de première année inscrite en génie civil à l’Université d’Ottawa, où elle suit ses cours en français. Elle espère un jour aider à bâtir des villes intelligentes.
« J’ai choisi le génie civil pour me donner le plus d’options de carrière possible, dit-elle. Les infrastructures présentent une grande variété, j’ai donc beaucoup d’options. De plus, vu les énormes défis environnementaux liés aux changements climatiques, l’idée de bâtir des villes intelligentes et d’aider les gens à accéder aux ressources dont ils ont besoin me sourit beaucoup. »
Ellen Perry vient de North Bay, une ville d’environ 52 000 habitants qu’on appelle souvent « la porte d’entrée du nord de l’Ontario ». Native de Virginie, aux États-Unis, elle est arrivée à North Bay avec ses parents à cinq ans, pour se rapprocher de leur famille.
« Je suis enfant unique et j’habitais avec mes parents et mes grands-parents, dit-elle. J’ai grandi dans une famille très occupée, mais aussi très aimante. »
Au secondaire, elle fréquentait une très petite école, la seule école publique francophone de la ville, ce qui lui a ouvert beaucoup de portes.
« Il manquait du monde partout, alors on pouvait s’inscrire à n’importe quel sport d’équipe, dit-elle en riant. J’ai donc fait beaucoup de sport, surtout du badminton. J’ai participé aux Jeux d’été et d’hiver de l’Ontario, et aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord. »
Elle a aussi fait une Majeure Haute Spécialisation en environnement, un programme spécialisé qui permet à des élèves du secondaire de poursuivre leurs objectifs de carrière et d’enrichir leurs connaissances et leurs compétences dans un secteur économique. Dans le cadre de ce programme, la jeune femme a fait un stage coop à l’Université Nipissing, où elle aidait des étudiants en biologie à mesurer et à cataloguer des échantillons d’arbres pour leurs projets de recherche.
« Le programme m’a donné un avant-goût de l’université et du milieu de la recherche, explique-t-elle. Maintenant, comme étudiante de premier cycle à l’Université d’Ottawa, j’adore mes cours et le fait que je peux les suivre en français. Je me suis inscrite à l’équipe de badminton, je joue au quidditch et je pense aussi m’inscrire au concours de toboggan/canoë de béton ou à un autre club de génie. La bourse Schulich Leader m’aide beaucoup, parce que je n’ai pas à m’en faire pour mes finances. Ça m’enlève cette pression et ça me permet de vivre mon expérience universitaire à fond. »
En tant que femme en STIM, Ellen Perry espère inspirer les autres par son exemple, ce qui, pour elle, signifie tracer sa propre voie.
« Je poursuis mes rêves en menant la vie que je voulais, même si elle ne correspond pas nécessairement aux rôles traditionnellement associés aux femmes, dit-elle. Comme femme en STIM, je me dois d’être un leader et un modèle. Je dois avoir une perspective inclusive, garder l’esprit ouvert et essayer de nouvelles choses. Si tout le monde faisait toujours tout de la même façon, la science n’avancerait pas. »