Une personne assise dans le cockpit d’un avion, en uniforme militaire.
Cet officier des Forces armées canadiennes et chirurgien orthopédiste sert son pays d’adoption avec reconnaissance, ambition et un goût de l’aventure.

Dans un abri de fortune, entouré d’ordures et de gens malades, le jeune Alenko se tapissait avec sa famille dans un camp de personnes réfugiées en Croatie.

Ayant fui leur Bosnie natale (ancienne Yougoslavie) pour échapper à la guerre, ils utilisaient un ruisseau étroit pour boire, se laver et aller aux toilettes – tout comme les 27 000 autres personnes qui s’entassaient dans le camp.

À 13 ans, Alenko, qui mesurait 1,80 m, est tombé malade et a vu son poids chuter à 90 livres. Il observait les équipes médicales de Médecins Sans Frontières s’affairer à soigner les gens, frappé par le réconfort et l’espoir que leur attention et leurs soins bienveillants apportaient aux familles terrifiées.

Déterminé à survivre à cette épreuve, il a décidé d’étudier en médecine afin d’aider ses semblables qui vivent des moments traumatisants.

Une personne en uniforme militaire se tient avec des gens dans un village.
Le Dr Alenko Šakanović à Bahit, aux Philippines, lors d’une mission de l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe (DART) des FAC en 2013.

« Ça m’a inspiré, et je me suis dit “C’est ce que je veux faire plus tard”. »

Dr Alenko Šakanović

— en observant les équipes de Médecins Sans Frontières soigner les personnes dans un camp de réfugiés

Départ pour le Canada

Affable, le Dr Alenko Šakanović raconte ouvertement ses expériences.

« J’ai réalisé que ces professionnels de la santé avaient quitté la sécurité de leur foyer et de leur pays pour venir en aide à la population de cette zone de crise », explique le Dr Šakanović, aujourd’hui professeur adjoint à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et chirurgien de la main et du poignet au campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa, où il travaille aux côtés du commandant Chris Kennedy, chirurgien orthopédiste militaire.

« Ça m’a inspiré, et je me suis dit “C’est ce que je veux faire plus tard”. »

Une personne en uniforme militaire sourit pour une photo.
Le major Šakanović en entretien, vêtu de son uniforme de travail.

Alenko et sa famille ont passé trois mois dans ce camp, avant d’être chaleureusement accueillis comme réfugiés en Saskatchewan, au Canada. Suivant les traces de son frère inscrit à l’Université Carleton en architecture, il s’est installé à Ottawa, où il a obtenu un baccalauréat ès sciences à l’Université d’Ottawa, puis une maîtrise en génétique moléculaire humaine à la Faculté de médecine du même établissement.

Il a ensuite été accepté en médecine et a rejoint les Forces armées canadiennes (FAC), bien conscient que ses ambitions professionnelles dans le domaine médical le mèneraient dans des endroits difficiles.

« L’armée nous envoie dans des places plutôt dangereuses, souligne-t-il, et je savais que mon expérience me serait très utile. »

C’est à titre d’officier militaire qu’il a effectué le reste de ses études médicales de premier cycle à l’Université d’Ottawa dans le cadre du Programme d’instruction à l’intention des médecins militaires (PIMM) des FAC. Celui-ci est destiné aux étudiantes et étudiants qui ne sont pas encore membres des FAC, mais qui souhaitent s’y enrôler après leur admission en médecine.

Une personne en uniforme militaire se tient devant une tente militaire.
Alenko Šakanović posant devant une installation médicale à la base aérienne Ali Al Salem, au Koweït, durant la crise de l’État islamique (opération IMPACT).

En quête d’aventure

« J’ai toujours éprouvé de la gratitude envers mon pays d’accueil, et je me sentais redevable envers lui, confie le Dr Šakanović. Je savais qu’une expérience militaire me serait utile pour travailler dans une organisation humanitaire internationale comme Médecins Sans Frontières. »

Il explique qu’en s’enrôlant, la pression liée aux études de médecine a disparu, non seulement sur le plan financier, mais aussi pour ce qui est du choix de la spécialité, car l’armée subventionne uniquement les études en médecine familiale.

« C’était merveilleux : quand on sait où on s’en va, on peut s’amuser à apprendre et découvrir ce qui nous plaît le plus en choisissant des cours optionnels », dit-il. « Je n’ai aucun regret et je n’ai eu que du plaisir. »

Il affirme avoir adoré sa résidence en médecine familiale à l’Université d’Ottawa, saisissant toutes les occasions de découvrir et d’expérimenter différents modes de vie.

« Je me lançais dans toutes les aventures possibles », raconte-t-il, expliquant avoir choisi des expériences pédagogiques et personnelles dans des régions éloignées du nord de l’Ontario et ailleurs au pays, y compris dans l’Arctique canadien. « Ça m’a donné une autre vision, une idée de la réalité ailleurs dans le monde. Dans les zones plus rudes, par exemple, j’ai pu constater l’impact de la pauvreté sur la santé des gens. » 

Une personne en uniforme militaire se tient devant un panneau de base de l’armée dans l’Arctique canadien.
En tant que médecin-chef d’escadre à Trenton en 2016, le Dr Alenko Šakanović était responsable sur le plan médical de tout le personnel militaire et civil stationné à la Station des Forces canadiennes Alert, le point le plus au nord du Canada.

Il a travaillé comme médecin de famille pendant cinq ans dans les bases des Forces canadiennes à Petawawa et à Trenton. Durant cette période, il a servi à quatre reprises à l’étranger.

« J’ai été déployé au Koweït comme médecin de l’air pendant la crise de l’État islamique en Irak et en Syrie, se souvient-il. J’ai aussi été dépêché aux Philippines avec l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe des FAC après un typhon en 2013. » La mission, appelée Opération RENAISSANCE, envoyait des équipes médicales mobiles dans les centres d’évacuation afin de soigner les blessures et d’identifier les endroits où une aide pourrait être nécessaire.

Un médecin militaire soignant un jeune enfant aux Philippines.
Le Dr Šakanović mettant une marionnette à doigt à une fillette à Saipan, aux Philippines, en 2013, pour la calmer avant de procéder à un examen, dans le cadre d’un déploiement de l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe (opération RENAISSANCE).

Afin de mieux gérer le stress lié à sa formation médicale, il s’est tourné vers le sport : il a joué pendant plusieurs années dans l’équipe de water-polo de l’Université d’Ottawa. « C’est l’une des choses qui m’ont permis de maintenir un équilibre durant mes études », révèle-t-il.

Pendant tout ce temps, la spécialité de l’orthopédie lui faisait de l’œil. Il a poursuivi cette passion, effectuant une résidence en chirurgie orthopédique ainsi que des stages en traumatologie orthopédique et en chirurgie complète de la main et du poignet à l’Université d’Ottawa.

« Je plaisante en disant qu’en plus d’aimer ma spécialité, j’y étais destiné, rigole le Dr Šakanović. En bosniaque, šaka (prononcé “shaka”) signifie “poing”, et “nova”, nouveau. Comment aurais-je pu faire autre chose? »

Deux chirurgiens se préparent à une opération dans une salle d’hôpital.
Le Dr Šakanović (à gauche), chirurgien de la main et du poignet à L’Hôpital d’Ottawa, partage une pratique avec son collègue, le chirurgien orthopédiste militaire, le commandant Chris Kennedy.

Prêt à partir

Aujourd’hui, le Dr Šakanović est spécialisé dans les traumatismes orthopédiques ainsi que les traumatismes et les soins complets de la main et du poignet. Il exerce à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Hôpital général de Hawkesbury. Mais puisqu’il est aussi major dans l’armée, il doit toujours être prêt à partir.

Vêtu de son uniforme militaire pendant l’entretien, il indique d’ailleurs être sur son départ pour la Base de soutien de la 4e Division du Canada Petawawa en vue d’une formation de trois semaines.

Le Dr Alenko Šakanović effectue une chirurgie sur un patient simulé, vêtu d’une blouse de chirurgien par-dessus un uniforme militaire.
Le Dr Alenko Šakanović (à droite) effectue une simulation chirurgicale militaire lors d’un entraînement à Petawawa en 2025.

Le sacrifice du service

La famille du Dr Šakanović réside désormais en grande partie en Ontario. Pour contrebalancer les ravages dont il a été témoin, il consacre ses temps libres à des activités paisibles et enrichissantes : voyages, plein air et vie de famille avec ses jeunes enfants. 

Une personne en uniforme militaire profite d’un appel FaceTime avec des membres de sa famille.
Le Dr Šakanović durant un déploiement récent, en appel FaceTime avec sa famille à Ottawa.

Ils se rendent souvent ensemble au Monument commémoratif de guerre à Ottawa, où il se recueille sans faute le 11 novembre de chaque année. C’est avec intérêt que ses enfants l’observent lorsqu’il se met au garde-à-vous pour effectuer un salut.

« Je leur rappelle que c’est l’occasion de se souvenir des sacrifices de ce pays et des personnes qui ont donné leur vie, mais aussi celles qui continuent de servir notre pays. »

« Certaines sont en santé, d’autres sont blessées. C’est important de les honorer également », souligne-t-il.

Un major des Forces armées canadiennes se tient devant le Monument commémoratif de guerre du Canada.

« C’est l’occasion de se souvenir des sacrifices … des personnes qui ont donné leur vie, mais aussi celles et ceux qui continuent de servir notre pays. »

Le major Alenko Šakanović

— réfléchissant à la signification du jour du Souvenir

Photo principale : le major Šakanović aux commandes d’un avion CC130 Hercules en tant que médecin de bord lors du vol de retour du Koweït.

Toutes les photos : Alenko Šakanović

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