Par ailleurs, les professeures Aimée Craft et Anna Zumbansen ont reçu chacune un Prix d’excellence en mobilisation des connaissances (MdC) pour 2022-2023, pour leurs activités de MdC ayant eu des retombées percutantes à l’extérieur de la communauté scientifique.
« Je suis très fier de remettre notre nouveau prix récompensant l’EDI en recherche à cette chercheuse qui, en consacrant son travail à la santé et au mieux-être des plus vulnérables de la société, contribue à bâtir un monde meilleur, déclare Sylvain Charbonneau, vice-recteur à la recherche et à l’innovation à l’Université d’Ottawa. Je suis tout aussi ravi de présenter le Prix d’excellence en MdC à deux professeures innovantes qui travaillent à rapprocher la communauté scientifique des personnes utilisatrices de connaissances. »
Une relation étroite avec la communauté
Le manque d’équité dans les soins de santé persiste depuis trop longtemps. La discrimination, le logement inadéquat, l’insécurité alimentaire, le faible niveau d’instruction et de revenus et les problèmes de santé mentale augmentent le risque de maladie chronique dans les populations défavorisées par le système.
C’est précisément à ces inégalités en matière de santé que s’attaque Smita Pakhalé, professeure au Département de médecine de la Faculté de médecine et scientifique au Programme d’épidémiologie clinique de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa.
Dans son travail de recherche-action participative communautaire, la professeure Pakhalé utilise le « modèle Bridge », nommé d’après le Bridge Engagement Centre à Ottawa, qui s’est révélé efficace pour améliorer l’accès aux soins aux personnes sans-abri ou risquant de le devenir, aux personnes autochtones et racisées et aux toxicomanes.
« Le modèle Bridge est une stratégie fondée sur la compassion et l’intervention personnalisée, qui considère l’individu dans son ensemble et sous toutes ses coutures, et qui a pour but d’améliorer durablement la santé et le bien-être des personnes marginalisées, explique la professeure. Au centre Bridge, nous favorisons la création de partenariats constructifs entre membres de la communauté de recherche. C’est aussi pour les étudiantes et étudiants un lieu d’apprentissage sur les déterminants sociaux de la santé et leurs répercussions dans la vie des gens. »
L’équipe du centre Bridge a réussi à gagner la confiance des populations vulnérables et à établir avec celles-ci un véritable dialogue.
« Je suis moi-même une femme racisée, à la tête d’une équipe de recherche privilégiant l’inclusion de chercheuses et chercheurs et de stagiaires de divers horizons ou qui mènent une carrière atypique en recherche, précise la professeure Pakhalé. Nous mettons l’accent sur les liens communautaires et nous valorisons l’expérience propre à chaque membre de l’équipe, en favorisant la participation égale de toutes et tous. »
Au centre Bridge, on utilise différentes formes de mobilisation des connaissances, notamment des forums et des conférences interdisciplinaires, pour le recrutement de chercheuses et chercheurs. Cette approche soutient la diversité en favorisant l’embauche de personnes issues de minorités qui n’ont pas de titre professionnel ou de poste officiel. C’est ainsi que l’équipe a pu tisser un réseau englobant les milieux cliniques, communautaires, universitaires, politiques et d’affaires, et les secteurs de l’action sociale et du travail de première ligne.
La transmission des traditions
Il est crucial pour la résilience du Canada d’assurer une gouvernance responsable et durable des ressources en eau. À cet égard, l’évolution des cadres juridiques en faveur des droits des Autochtones a fait émerger de nouvelles approches de consultation et de gouvernance conjointe, relevant le niveau d’incertitude.
Déterminée à faire le pont entre les traditions juridiques autochtones et occidentales, Aimée Craft, professeure à la Section de common law de la Faculté de droit et experte de renommée mondiale en matière de relations entre les Autochtones et l’État colonial et de droits relatifs à l’eau, entend collaborer avec les communautés, les gouvernements et les ONG autochtones afin de repenser les stratégies de gouvernance de l’eau et de faire ainsi plus de place aux savoirs et perspectives autochtones dans les processus décisionnels. Avec son équipe, elle a mis en place un projet de décolonisation de l’eau.
« Le projet vise essentiellement à s’éloigner de l’approche occidentale en matière de gouvernance de l’eau pour mieux réintégrer les conceptions traditionnelles de cette ressource et des liens qui nous unissent à elle, explique la professeure Craft. Il fallait donc appliquer une méthode de mobilisation des connaissances allant dans le même sens. Les chercheuses et chercheurs ont fait appel à des partenaires et des communautés autochtones, qui les ont aidés à cerner des stratégies utiles pour bien faire connaître leurs traditions au-delà de leur collectivité. »
Un groupe de travail a notamment été constitué pour voir à ce que les connaissances produites soient diffusées à grande échelle. L’équipe de recherche est pleinement engagée dans la collaboration et l’utilisation de méthodes novatrices de communication des connaissances, comme le camp forestier sur l’eau, une activité immersive d’apprentissage expérientiel, et la méthode du rassemblement Nibi (Eau) pour l’organisation de formations et de rencontres annuelles.
Faire tomber les obstacles à la participation sociale
Qu’arrive-t-il lorsqu’un individu perd totalement ou partiellement la faculté de langage? Parler, lire, écrire et comprendre se complexifient, et les interactions basées sur le langage deviennent limitées.
Spécialiste en orthophonie chez les adultes, la professeure Anna Zumbansen de la Faculté des sciences de la santé, également directrice adjointe de l’Institut de recherche en musique et santé, mène des travaux sur le traitement de l’aphasie dans les semaines et années suivant un accident vasculaire cérébral.
« L’aphasie est un trouble de la communication causée par une lésion cérébrale qui perturbe la capacité à utiliser le langage oral et écrit pour comprendre et s’exprimer, explique la chercheuse. Ce trouble pose ainsi un obstacle considérable à la participation sociale et au bien-être des personnes concernées. »
Plus de 100 000 personnes sont aphasiques au Canada. Bien que la recherche en santé et en sciences humaines donne des résultats pour nous permettre de mieux comprendre cette condition et d’améliorer la réadaptation, ces résultats se rendent rarement aux personnes aphasiques et, inversement, les besoins de ces personnes parviennent difficilement aux scientifiques, selon la chercheuse.
« Par exemple, la recherche sur les victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) exclut largement les personnes survivantes atteintes d’aphasie, alors qu’elles représentent un tiers de cette population post-AVC. »
Anna Zumbansen croit qu’il est possible d’adapter la communication pour qu’elle soit accessible aux personnes aphasiques en y accordant plus de temps et en offrant des supports variés pour la même information. Avec l’aide de son équipe, elle a travaillé à la mise en œuvre d’une nouvelle méthode de mobilisation des connaissances accessible et inclusive qui facilite les échanges entre les scientifiques et la communauté touchée par l’aphasie. Elle a notamment organisé des événements réunissant les utilisatrices et utilisateurs des connaissances en aphasie – des personnes directement touchées par l’aphasie – qu’elle a offerts gratuitement à l’Association québécoise des personnes aphasiques.
En plus des Prix d’excellence en mobilisation des connaissances, cinq subventions dans ce domaine ont été octroyées à des centres et instituts de recherche de l’Université d’Ottawa :
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Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités
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Centre de recherche sur les services éducatifs et communautaires
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Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique
Renseignez-vous sur les centres et instituts de recherche de l’Université d’Ottawa.