Un public assis dans un grand auditorium. Encart : Alex Neve
Le 30 octobre, lors de la dernière conférence Massey 2025 de la CBC au Centre national des Arts, Alex Neve nous invitera à prendre conscience du fait que les droits de la personne dépendent de notre volonté d’agir, collectivement, les uns pour les autres.

Pour ce professeur auxiliaire en droit international en matière de droits de la personne, le concept d’universalité englobe tout : il nous lie les uns aux autres et crée un tout à partir de nombreux éléments hétérogènes. Dans sa conférence sur le renouvellement des droits de la personne dans un monde divisé, il admet que nous assistons à des bouleversements sans précédent.

« Ce n’est pas le moment le plus glorieux pour l’universalité, affirme-t-il. 

Mais ça pourrait l’être.

Nous partageons une humanité commune et sommes toutes et tous animés d’un désir de justice et de liberté. Les droits universels de la personne […] reflètent les valeurs et les principes qui nous guident depuis des millénaires, notamment sur le caractère sacré de la vie. Je suis convaincu que nous pouvons renouveler la promesse [de la Déclaration universelle des droits de l’homme]. »

La force du nombre

La conviction d’Alex Neve découle de décennies d’expérience auprès de différentes communautés et sur divers continents, notamment dans des camps de personnes réfugiées au Bangladesh et ici même, au Canada, dans le cadre des efforts de réconciliation.

Le message qu’il envoie aux personnes qui vivent un sentiment d’impuissance face aux crises mondiales en est un d’espoir et d’influence. « On peut facilement penser que tout ce qu’on fait ne sert à rien, et qu’il est impossible, individuellement, de changer les choses, reconnaît-il. Mais chaque action compte, et collectivement, notre force est décuplée. Nos efforts s’ajoutent à ceux de dizaines, de centaines et de milliers d’autres personnes qui vivent dans notre quartier, notre ville et notre pays, ainsi qu’à ceux de millions d’autres dans le monde. »

Cette croyance que l’universalité se construit un petit geste à la fois est au cœur du travail d’Alex Neve. Pour lui, tout se joue à l’échelle locale, personnelle et humaine.

Alex Neve au podium, sur scène lors de la conférence Massey de la CBC.
Alex Neve prononce la première conférence Massey 2025 au Koerner Hall, à Toronto. 19 septembre 2025.

La promesse de l’universalité

Dans sa lettre d’opinion publiée le 18 septembre dans le Globe and Mail, intitulée « The Universal Declaration of Human Rights should not be written off as a failure », Alex Neve précise que la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 a permis de réaliser plus de progrès qu’il n’y paraît. « Depuis 1948, des progrès plus importants que jamais ont été réalisés en matière de droits de la personne. Et c’est la Déclaration elle-même qui est à l’origine de la plupart de ces changements. »

Selon lui, nous n’avons toutefois pas réussi à adopter l’universalité de cette promesse, c’est-à-dire l’idée que les êtres humains jouissent des mêmes droits, sans exception. « Nous n’avons même pas encore véritablement reconnu l’universalité des droits de la personne, et encore moins garanti leur protection et leur jouissance universelles, prévient-il. Nous les avons plutôt laissés devenir un club, dont les principaux membres sont généralement riches, blancs et de sexe masculin. »

Alex Neve ne cesse de s’inspirer et d’apprendre de l’expérience des personnes qui refusent d’abandonner. « Il faut se rappeler les leçons, les expériences et la sagesse des communautés directement touchées par des violations des droits de la personne, mais aussi celles des gens qui militent en faveur de ces droits dans des situations de conflit et d’inégalité et des climats de répression. »

En plus d’enseigner le droit international en matière de droits de la personne à l’Université d’Ottawa et à l’Université de Dalhousie, Alex Neve est un professionnel en résidence à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. Il a été secrétaire général d’Amnistie internationale Canada de 2000 à 2020 et a fait partie, pendant ce mandat, de plus d’une quarantaine de délégations de recherche et de défense des droits de la personne en Afrique, en Asie, en Amérique latine, à Guantánamo Bay et, plus près d’ici, auprès de communautés des Premières Nations au Canada. Il a également travaillé en pratique privé comme avocat spécialisé en droit des personnes réfugiées ainsi que dans une clinique d’aide juridique communautaire, et a été commissaire pour la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. En 2007, il a été fait Officier de l’Ordre du Canada, et en 2012, il a été décoré de la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II.

Dans son rôle à l’Université d’Ottawa, Alex Neve intègre l’espoir et l’humilité dans ses cours. Pour lui, le droit en matière de droits de la personne ne se limite pas aux lois ou aux traités. « Il ne faut jamais oublier que tout ce qui concerne le droit international en matière de droits de la personne se rapporte avant tout aux êtres humains, dit-il. Mon approche de l’enseignement et du mentorat est centrée sur l’intégration de ces voix en classe. »

Au fond, le travail d’Alex Neve nous rappelle que c’est lorsque nous faisons preuve de solidarité que les progrès commencent. « Ce sont les personnes qui me donnent confiance dans les droits universels : celles qui se battent sans relâche sur le terrain et les gens de partout qui les aident et les appuient par solidarité, ajoute-t-il. »

« Ensemble, notre force est incroyable, et à mon avis, invincible. »