Diplômée d’une école secondaire francophone d’Edmonton, Amélie a décidé de venir étudier à Ottawa après avoir été sélectionnée pour le programme des pages de la Chambre des communes. Ce prestigieux programme offre à 40 étudiantes et étudiants ottaviens un emploi à temps partiel rêvé : participer à la démocratie canadienne en travaillant sur la Colline du Parlement. « J’ai adoré mon expérience, souligne Amélie. Je continue de travailler au Parlement en tant que guide cette année. » En plus de l’expérience professionnelle qu’offre le programme des pages, la possibilité de faire ses quatre années universitaires en français l’a amenée à choisir l’Université d’Ottawa.
La passion d’Amélie pour le théâtre ne date pas d’hier. En 8e année, elle faisait partie d’une troupe de théâtre à son école. Elle se préparait pour le Festival Théâtre Jeunesse quand la pandémie a frappé. Ce festival franco-albertain invite les élèves d’écoles francophones à présenter des pièces qu’elles et ils ont écrites et même mises en scène. Amélie a toutefois dû se contenter du théâtre en mode virtuel. Sans surprise, elle avait donc très hâte de participer aux productions en personne à l’Université d’Ottawa.
Pendant ses années de théâtre au secondaire, son problème d’audition ne compliquait pas sa performance. Puisque le club de théâtre ne comptait qu’une dizaine d’élèves, c’était facile pour Amélie d’entendre ses collègues. Dans le cas des productions de théâtre à l’Université d’Ottawa, la grande envergure des pièces rend les choses plus complexes : « Il y a plus d’acteurs et de techniciens, c’est plus gros, plus professionnel. Nous utilisons beaucoup plus de technologies, ce n’est plus du théâtre amateur. »
Amélie peut entendre grâce à ses appareils cochléaires et à sa capacité à lire sur les lèvres : « J’ai eu deux chirurgies quand j’étais jeune pour ajouter des aimants dans ma tête, pour que les sons externes puissent rejoindre mon cerveau ». Ces appareils imitent les cils qui se retrouvent à l’intérieur de nos oreilles. Lorsque ces aimants vibrent, les sons sont transmis à notre cerveau et deviennent des mots, des paroles. C’est une technologie différente des appareils auditifs.
« Tina Goralski, directrice de production, et Jon Lockhart, directeur technique, ont travaillé avec moi afin de trouver des accommodements pour que je puisse suivre l’éclairage et la gestion du son. »
Amélie Mercier, étudiante de deuxième année au programme de théâtre à l’Université d’Ottawa.
Le principal problème d’Amélie dans la régie, la petite pièce située en fond de salle où l’on travaille notamment l’éclairage et le son, ce sont les écouteurs : « Je ne peux pas facilement les porter parce qu’ils ne sont pas parfaitement compatibles avec mes appareils cochléaires », explique-t-elle. Or, ils sont d’une importance primordiale pour l’équipe technique, qui s’en sert en régie pour entendre les interprètes. Cette communication entre l’avant et l’arrière-scène est cruciale au théâtre. « Tina Goralski, directrice de production, et Jon Lockhart, directeur technique, ont travaillé avec moi afin de trouver des accommodements pour que je puisse suivre l’éclairage et la gestion du son », deux sujets qui intéressent particulièrement Amélie. Même si l’étudiante aime surtout se retrouver sur les planches, le Département lui offre une formation qui englobe à la fois l’avant et l’arrière-scène.
Après avoir reçu autant de soutien de ses pairs et ses professeures et professeurs, Amélie ne tarit pas d’éloges envers son département, qu’elle recommanderait à quiconque s’intéresse au sixième art : « Tous les professeurs de théâtre m’ont marquée, ils sont fantastiques. Ils sont accommodants, gentils. Si tu dois leur parler, ils sont disponibles et faciles d’approche. »
Ce n’était pas la première fois que l’Université donnait un coup de pouce à Amélie pour assurer sa réussite. Tous ceux et celles qui lui enseignent portent un appareil Roger On pendant les cours. Grâce à cet outil qui agit comme un petit micro, Amélie peut les entendre directement dans ses oreilles sans devoir se fier à la lecture des lèvres. Elle a également droit à plus de temps pendant ses examens et peut les faire dans un endroit isolé, à l’abri de sons dérangeants. En effet, les petits sons qui nous semblent anodins sont grandement amplifiés par ses appareils.
Après quelques tentatives et des discussions avec des audiologistes, Jon Lockhart a annoncé que le test réalisé avec Amélie était un succès. « Le prototype a fonctionné! Il s’agit essentiellement d’un simple câble en Y qui divise le signal audio qui irait normalement au haut-parleur du casque, et l’envoie à la place à un émetteur à radiofréquence qui transmet le signal directement aux implants cochléaires d’Amélie. Elle peut toujours utiliser le même microphone sur le casque et le porter simplement autour de son cou. Ce qui est formidable dans cette solution relativement simple, c’est qu’elle s’intègre parfaitement à notre système préexistant et qu’Amélie peut ainsi travailler dans n’importe lequel de nos trois espaces de théâtre. »
Que ce soit à l’avant ou à l’arrière-scène, la Faculté des arts continuera de trouver de nouvelles façons ingénieuses de soutenir des étudiantes et étudiants aussi passionnés – et passionnants – qu’Amélie.