Vous souvenez-vous d’une époque peut-être pas si lointaine où vos parents vous exhortaient à éteindre votre console de jeux vidéo pour faire vos devoirs? Croyez-le ou non, une bonne trentaine d’étudiants du Département de théâtre de l’Université d’Ottawa ont récemment dû s’atteler à ces mêmes consoles pour réaliser leurs travaux. Portrait d’un cours inédit à s’être déroulé au Laboratoire d’exploration, petit paradis de la technologie sur le campus.
À l’automne 2018, le professeur Peter Kuling a su exploiter le plein potentiel de la nouvelle salle du Carrefour des apprentissages (CRX) pour un cours spécial situé à la croisée du théâtre et du jeu vidéo (THE 3310). Bien calés dans des fauteuils grand confort, les étudiants ont pu visionner des jeux vidéo sur des écrans géants à haute résolution installés à même les murs de la salle.
Placé sous le signe de la théorie du théâtre, le cours se penchait sur les éléments dramatiques de différents types de jeu (dont les jeux vidéo, les jeux de rôle et les jeux de société), s’attardant notamment aux prestations qu’on y retrouve. Peter Kuling amenait ainsi ses étudiants à analyser d’un point de vue théâtral les Fortnite, Donjons et Dragons et autres jeux populaires de ce monde. La salle, elle, s’est révélée le milieu idéal pour ce cours.
Selon Peter Kuling, les jeux vidéo sont sans conteste l’ultime divertissement à l’horizon, tous pays confondus.
«En termes de revenu, d’emplois, d’idées et d’expériences, les jeux vidéo ont déjà dépassé le cinéma, le théâtre, la littérature et la musique.»
Mais quel rapport y a-t-il à faire entre le théâtre et le jeu vidéo?
«C’est une expérience qui conjugue les effets théâtraux à la prestation des joueurs. Les jeux vidéo s’appuient sur des personnages complexes, et les joueurs doivent faire des choix qui détermineront la suite des choses. Il existe aussi un certain rituel ludique: une manette, une trame narrative, un objectif, une réussite à déverrouiller. On s’exerce de corps et d’esprit à travailler d’une certaine façon pour atteindre des résultats. Au fond, ce n’est pas si différent de la formation théâtrale.»
Le cours réservait aux étudiants un programme hors de l’ordinaire. Au terme du trimestre, ceux-ci pouvaient choisir de remettre une dissertation, un balado d’une quarantaine de minutes ou une vidéo YouTube d’une vingtaine de minutes.
Jonathan Degan, technologue en apprentissage actif à la bibliothèque, explique que le cours cadrait à merveille avec la vocation du Laboratoire d’exploration. En créant cet espace, la bibliothèque a voulu offrir aux corps étudiant et professoral un milieu d’apprentissage enrichi où la technologie de pointe permet de s’approprier le contenu comme jamais auparavant.
«C’est un espace unique sur le campus, et nous sommes heureux de constater que Peter Kuling a su tirer pleinement parti de ses possibilités, souligne Jonathan Degan. Grâce au mur d’écrans 8K de 16 pieds, aux multiples postes de jeu et de réalité virtuelle et au mobilier modulable, les professeurs et les étudiants peuvent se permettre d’explorer dans un milieu qui ne connaît de limite que l’imagination humaine.»