Rares sont ceux qui auraient pu prédire à quel point la COVID-19 balaierait notre quotidien en un coup de vent. Les répercussions de la crise sanitaire se mesurent à l’échelle planétaire, tous secteurs confondus, et se feront probablement sentir encore longtemps. Le milieu de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette nouvelle réalité : nous avons dû nous adapter rapidement en tablant sur des solutions originales et des technologies innovantes. Cette transition rapide à l’apprentissage à distance s’est traduite par une courbe d’apprentissage abrupte pour tous.
Avec ces perturbations en toile de fond, c’est une rentrée universitaire sans précédent qui s’annonce, et l’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB) s’apprête à accueillir ses étudiants pour un trimestre d’automne singulièrement virtuel. Une question s’impose bien sûr : l’apprentissage des langues peut-il être aussi efficace en ligne? Tout à fait, répond en somme la professeure Margret Norenberg, qui enseigne l’anglais langue seconde depuis plus de 20 ans.
Aide aux professeurs et collaboration
« En mariant pédagogie robuste et technologies de mise, on peut faire de l’apprentissage à distance une expérience de premier ordre », affirme Margret Norenberg, qui ne s’est pas laissée démonter par la transition impromptue à l’apprentissage en ligne et ce, grâce à l’appui qu’a obtenu le corps professoral de l’ILOB en vue du trimestre de printemps-été.
Des rencontres ont été tenues pour permettre aux membres d’échanger idées, pratiques exemplaires et savoir-faire technologique. L’Institut a aussi organisé divers webinaires pour les aider à se familiariser avec la pédagogie, les évaluations et la correction en ligne.
Les professeurs de l’ILOB ont également pu tirer parti de l’expertise de collègues comme Martine Rhéaume, spécialiste des cours hybrides, qui a transmis à ses collègues son enthousiasme pour l’apprentissage à distance en cartographiant les processus de développement des cours et en démontrant comment impulser la participation des étudiants à l’aide d’outils numériques.
Pour tisser des liens entre ses 30 étudiants répartis entre le Canada, la Chine et le Koweït, la professeure Norenberg a par exemple utilisé la fonction Breakout Rooms de la plateforme Zoom pour diviser sa classe en petits groupes régionaux, qu’elle appelait ensuite à travailler sur des exercices. Elle s’est notamment fiée à cet outil pour présenter une vidéo à ses étudiants aux quatre coins du monde, puis les amener à travailler ensemble, en temps réel, dans la classe virtuelle.
Apprentissage à distance : deux grandes approches, des bienfaits multiples
Il existe deux grandes approches d’apprentissage à distance, chacune comportant des avantages bien distincts. Toutes deux peuvent être utilisées en complémentarité pour optimiser les résultats d’apprentissage.
L’apprentissage synchrone regroupe les interactions en temps réel, comme les téléconférences, le clavardage et les cours magistraux en direct. Ce format favorise la participation en classe, une profondeur pédagogique et l’apprentissage dynamique. Outre le potentiel de difficultés techniques, ces cours peuvent se donner sans interruption.
L’apprentissage asynchrone offre aux étudiants davantage de latitude – ils peuvent consulter à leur propre rythme des modules en ligne, du contenu vidéo, des bibliothèques virtuelles et des notes de cours dans un système de gestion de l’apprentissage comme Brightspace. Les étudiants peuvent accéder à leurs travaux et satisfaire à diverses exigences en fonction d’un calendrier flexible. Ils peuvent également échanger sur les forums de discussion et les réseaux sociaux.
Selon la professeure Norenberg, les bienfaits de l’apprentissage à distance dépassent de loin les défis qu’il peut engendrer. Or, les pépins techniques peuvent occasionner des frustrations, et certains étudiants et professeurs disent se sentir isolés par leur expérience à distance.
Pour rassurer ses étudiants et les motiver, la professeure a organisé des rencontres individuelles sur Zoom.
« Ces séances d’une demi-heure me donnaient l’occasion de parler avec les étudiants seul à seul, de répondre à leurs questions, de les rassurer et d’établir un contact direct. »
Encouragements, participation et soutien
Étudiants et professeurs ont beau faire salle à part, Margret Norenberg insiste sur un point : les professeurs doivent trouver d’autres moyens de se montrer bien présents aux yeux des étudiants. Elle y va des conseils suivants :
- Bien planifier et organiser les cours pour offrir une expérience d’apprentissage porteuse dans laquelle les étudiants s’investiront.
- Aborder l’apprentissage en ligne avec enthousiasme et optimisme pour que les étudiants en fassent de même.
- Se familiariser avec la plateforme de vidéoconférence que l’on utilisera, tester son microphone et ses haut-parleurs, et s’assurer de pouvoir compter sur une connexion Internet fiable.
- Instaurer d’entrée de jeu des protocoles pour les présences au cours.
- Préciser ses attentes quant à la participation des étudiants. Ceux-ci doivent-ils utiliser la fonction « Lever la main » pour poser leurs questions? Écrire leurs messages dans la fenêtre de clavardage? Peuvent-ils utiliser la méthode qui leur convient le mieux, quelle qu’elle soit?
- S’assurer que les liens vers les exercices et les ressources fonctionnent bien.
- Employer une gamme de méthodes pédagogiques visuelles, audio et textuelles pour répondre aux besoins de chaque membre de la classe.
- Offrir des commentaires constructifs en temps utile à l’aide des outils numériques et des différentes fonctionnalités.
- Favoriser l’autonomie ou l’autoapprentissage; présenter aux étudiants le calendrier des travaux pour la durée du trimestre afin qu’ils puissent prévoir leur temps en conséquence.
- Inviter les étudiants à se fixer eux-mêmes des objectifs dès le départ; ils pourront ainsi tirer pleinement parti du processus d’apprentissage en ligne.
- Encourager les étudiants à parler à leurs professeurs d’anglais langue seconde s’ils ont besoin de plus d’encadrement ou de soutien, ou les aiguiller vers les ressources de l’ILOB.
En ces temps d’incertitude, la technologie est un outil prodigieux pour tisser des liens et alimenter le sentiment d’appartenance à la communauté universitaire. Elle s’allie ainsi au professeur et au programme pour faire de l’apprentissage des langues une expérience plus agréable, stimulante et accessible pour les étudiants – une génération prometteuse d’apprenants ouverts, avisés et sensibles sur le plan culturel.