Une stratégie panuniversitaire est actuellement élaborée dans le cadre du projet Assiettes saines. Ce dernier, qui a vu le jour l’an passé, est le fruit d’une collaboration entre le syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), l’Université et l’Étude de quartiers d’Ottawa à l’Institut de recherche Santé Bruyère.
Le 28 octobre, lors du sommet Assiettes saines, nos partenaires ont partagé leurs découvertes et écouté les points de vue d’étudiants et d’étudiantes, de partenaires communautaires et de membres du personnel et du corps professoral. L’objectif de cette rencontre était de créer ensemble une stratégie réaliste pour s’attaquer à l’insécurité alimentaire sur le campus.
Dans son mot de bienvenue, Éric Bercier, vice-recteur associé aux affaires étudiantes a déclaré : « L’insécurité alimentaire est un enjeu important et complexe, qui touche certaines personnes plus que d’autres. Certains groupes, comme les étudiantes et étudiants internationaux et racisés, sont affectés de manière disproportionnée. Nous savons aussi désormais que même s’il existe de nombreux programmes alimentaires, ils fonctionnent en grande partie en vase clos. D’où l’importance d’une intervention plus coordonnée et équitable. »
« Lutter contre l’insécurité alimentaire, c’est plus que répondre à un besoin de base : c’est promouvoir l’équité et favoriser le bien-être et la réussite des étudiants et étudiantes », a-t-il ajouté.
Assiettes saines : La recherche de faits d’abord
Selon le sondage Bien-être sur les campus canadiens du printemps 2025, 13 % des étudiantes et étudiants de l’Université d’Ottawa souffrent d’insécurité alimentaire grave, 18 % d’insécurité modérée et 42 % d’insécurité à un certain degré (suivant la classification de Santé Canada). Ce sondage a été réalisé à l’étape de la recherche de faits du projet. Il a également révélé que la population étudiante internationale était deux fois plus susceptible de vivre de l’insécurité alimentaire que la population étudiante canadienne.
Un sondage mené à l’automne 2025 en partenariat avec l’Association des étudiant.e.s diplomé.e.s de l’Université d’Ottawa (GSAÉD) a révélé que près de la moitié des étudiantes et étudiants de cycle supérieur avaient réduit leurs portions, ou sauté des repas, au moins une fois au cours des 12 derniers mois par manque d’argent. Une personne sur cinq a répondu avoir passé une journée entière sans manger pour la même raison.
En Ontario, l’insécurité alimentaire est passée de 17 % en 2019 à 24 % en 2023, et le même phénomène s’observe sur les campus universitaires. Au Canada, plus de 56 % des étudiantes et étudiants de niveau postsecondaire sont en situation d’insécurité alimentaire. Plusieurs ont du mal à s’offrir des plats équilibrés ou nutritifs, et d’autres sautent même des repas par manque de moyens. La Banque alimentaire du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa a connu une hausse de 400 % de la demande au cours des trois dernières années.
Groupes de discussion avec des populations étudiantes diversifiées
Des doctorantes et doctorants formés et les professeures Claire Kendall et Katherine Moreau ont mené des groupes de discussion avec des populations étudiantes diversifiées pour en savoir plus sur l’accès à la nourriture, le stress financier et les services de soutien sur le campus. L’objectif était de cibler les obstacles à l’accessibilité et trouver des moyens d’améliorer la situation.
En décembre, un rapport sera publié. Il contiendra des actions prioritaires établies à la suite de discussions qui ont eu lieu au sommet Assiettes saines.
Lors de l’événement, on a demandé aux personnes présentes de réfléchir, entre autres, à leur vision d’un campus sans insécurité alimentaire.
Prochaine étape : stratégie et plan d’action
La prochaine étape consiste à élaborer une stratégie institutionnelle et un plan d’action en nous inspirant des recommandations de nos partenaires et des programmes prometteurs d’autres établissements postsecondaires canadiens. Des banques alimentaires sur le campus, des programmes de partage de repas, du soutien financier facile d’accès et des partenariats communautaires sont des exemples de solutions.
Réflexions de leaders étudiantes et étudiants au sommet
Le président du SÉUO, Jack Coen, nous indique que le syndicat finance la Banque alimentaire du SÉUO et reçoit un soutien complémentaire de l’Université d’Ottawa, de Chartwells (le prestataire de services alimentaires sous contrat pour la restauration universitaire) et de particuliers. Le réseau de la Banque d’alimentation d’Ottawa offre également des denrées à la Banque alimentaire. De plus, à l’hiver 2025, le SÉUO a lancé la campagne Sur notre faim qui vise à offrir des repas chauds et des sacs d’épicerie gratuits. Le président affirme cependant que ces mesures répondent à une crise, et qu’elles sont insuffisantes pour résoudre le problème.
M. Coen a également déclaré : « Nous tentons de lutter contre l’insécurité alimentaire sur le campus par toutes sortes de moyens, mais nous sommes devant une crise dont les racines sont très profondes. Et les syndicats étudiants ne sont pas outillés pour s’y attaquer seuls. »
« On souhaite créer un campus où étudiantes et étudiants peuvent apprendre, sans se demander comment ils vont payer leur prochain repas, ou s’ils vont être moins efficaces pendant leurs examens et leurs périodes d’étude parce qu’ils ont l’estomac vide », poursuit-il.
Javier Armando Porras Gil, commissaire à la gouvernance de la GSAÉD, affirme quant à lui que les étudiantes et étudiants de cycle supérieur n’ont pas accès à la Banque alimentaire, mais que la GSAÉD offre environ 250 $ dans des situations d’urgence.
« Nous souhaitons trouver une solution durable, ajoute-t-il. Nous espérons que la stratégie comportera une action concertée et des mesures concrètes pour faire face à ce problème, et peut-être même de nouveaux modèles de financement. Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants de cycles supérieurs confrontés à ces problèmes ignoraient l’existence des programmes d’aide et ne savaient pas vers qui se tourner. »
Pour Abraham Tabo, coordonnateur de la Banque alimentaire du SÉUO, c’est une question d’unité : « Nous devons avoir une plus forte cohésion et un leadership commun sur le sujet. En échangeant leurs idées, l’Université et les associations étudiantes sont mieux équipées pour résoudre ce problème collectif. »
Quelques soutiens liés à l’alimentation offerts à l’Université d’Ottawa
- Banque alimentaire du SÉUO – Pendant l’année 2024–2025, plus de 3 000 visites ont été effectuées par des étudiants et étudiantes à la Banque alimentaire, ouverte trois jours par semaine. En septembre dernier, 657 personnes ont eu accès à de la nourriture – un record.
- Campagne Sur notre faim – Depuis son lancement à l’hiver 2025, cette campagne a permis d’offrir gratuitement 1 975 repas – dont certains ont été préparés par d’autres membres de la communauté étudiante – en partenariat avec l’église St. Albans, et 1 065 sacs d’aliments frais.
- Mieux-être étudiant – Cette équipe offre des ateliers de préparation des repas et de nutrition, et des collations gratuites à l’occasion.
- Galerie du Complexe sportif Minto – Depuis l’automne 2024, une initiative propose des collations équilibrées gratuites aux athlètes pour favoriser leurs performances.
- Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig – Près de 25 étudiantes et étudiants participent aux repas de soupe et banique qui ont lieu tous les jeudis. Huit personnes participent chaque mois à un cours de cuisine axé sur les aliments de base.
- Free Food Alert — Depuis son lancement en novembre 2024, ce programme a permis à des milliers d’étudiantes et d’étudiants de récupérer les restes d’événements sur le campus.
- République populaire du délice – Tous les jeudis, ce club étudiant prépare des mets avec des aliments qui ont été récupérés et donnés.