Une nouvelle approche normalisée permettant d’évaluer les risques associés à la conduite automobile chez les Canadiens vieillissants

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Femme âgée conduisant une voiture
Mick Tinbergen (Unsplash)
Les chercheurs et les cliniciens derrière l’étude Candrive sur les conducteurs âgés (en anglais seulement) utilisent un nouvel outil pour évaluer le risque qu’une personne soit impliquée dans une collision. Cet outil, le premier du genre, fournit des points de référence objectifs permettant de déterminer le risque qu’une personne soit impliquée dans une collision et aide les cliniciens à évaluer la capacité de conduire des Canadiens vieillissants.

À partir de données pancanadiennes recueillies sur une période de sept ans et portant sur la conduite et la santé de 928 conducteurs âgés de plus de 70 ans, l’équipe a mis au point l’Outil de stratification du risque Candrive (en anglais seulement), qui permet aux professionnels d’un cabinet médical d’obtenir un résultat en seulement cinq minutes et qui fournit une mesure objective du risque qu’un aîné en bonne santé soit impliqué dans une collision.

« C’est une grande responsabilité que de manœuvrer 3 000 livres de métal sur l’autoroute, dit Bill Campbell, 88 ans, qui a participé à l’étude. Mais la décision de renoncer à conduire pour de bon ne doit pas être prise uniquement en fonction de l’âge. Une approche unique n’est pas appropriée. Nous avons besoin de critères objectifs permettant de déterminer si une personne doit renoncer ou non à conduire. »

La conduite automobile est un élément important de l’autonomie et de la mobilité des Canadiens vieillissants, et la révocation d’un permis constitue souvent une expérience frustrante qui suscite beaucoup d’émotions. Certains problèmes de santé, comme la démence, sont souvent des indicateurs clairs de l’incapacité à conduire, mais chez de nombreux aînés, la question est complexe.

Pour bon nombre de cliniciens, l’évaluation de la capacité à conduire d’un aîné revient souvent à prendre une seule décision critique généralement liée à des problèmes de fragilité ou de cognition. Pourtant, de nombreux outils de diagnostic proposent une vision dualiste de la capacité de conduite – dont les résultats possibles sont « apte à conduire » ou « inapte à conduire » – et ne distinguent pas les nuances du risque et de l’aptitude à conduire.

« Notre population vieillit, et les cliniciens feront face à de plus en plus de cas d’incertitude concernant la capacité de conduire », dit le Dr Shawn Marshall, professeur titulaire au Faculté de médecine et membre de l'Institut de recherche sur le cerveau. « La révocation prématurée d’un permis de conduire entraîne d’importantes conséquences pour la personne concernée. Malheureusement, les outils dont nous disposons actuellement ne tiennent pas compte du risque et n’utilisent pas une approche de stratification du risque. »

Faute d’outils d’évaluation objective du risque, les fournisseurs de soins de santé peuvent avoir de la difficulté à valider les incertitudes potentielles concernant les capacités de conduite d’un aîné. En utilisant une méthode de stratification du risque, c’est à dire en déterminant le niveau de risque d’un patient, les fournisseurs de soins de santé peuvent prendre une décision en fonction du niveau de risque personnel du patient, plutôt que de devoir s’en remettre à une recommandation de type « tout ou rien ».

Le Dr Marshall - médecin et chercheur à l’Institut de recherche Bruyère et à L’Hôpital d’Ottawa - souligne que son équipe est consciente des avantages liés au fait de laisser les aînés conduire plus longtemps, et qu’il s’agit là d’une occasion d’aider les fournisseurs de soins de santé et les patients à aborder la question de la conduite sous un angle positif, sans devoir nécessairement passer immédiatement à la révocation du permis de conduire.

« Cela confirme l’idée qu’il vaut mieux savoir qu’il y a un problème pour pouvoir s’y attaquer et y donner suite », soutient le Dr Marshall. « Si un clinicien constate qu’une personne présente deux fois plus de risques d’être impliquée dans un accident qu’une autre personne de son groupe d’âge, il peut l’aider à comprendre pourquoi il pourrait recommander des tests de conduite pratiques ou des suivis. Le risque d’accident suscite un écho significatif chez les patients. Nous espérons donc que l’existence d’une mesure objective favorisera les conversations productives. »

M. Campbell, qui vivait alors à Ottawa, explique qu’il était motivé à participer à l’étude, car il avait vu de ses propres yeux à quel point d’autres aînés de son entourage avaient été réticents à renoncer à leur permis de conduire, et combien il avait été difficile pour leur famille d’insister sur le fait qu’il était temps pour eux d’arrêter de conduire. Selon lui, un système comme l’Outil de stratification du risque peut aider les fournisseurs de soins de santé à faire passer le message, en particulier auprès de personnes réticentes et dans les administrations qui n’ont pas de programme d’évaluation officiel pour les conducteurs âgés.

« La plupart des gens reconnaissaient qu’il était temps pour eux d’arrêter de conduire et cessaient alors de le faire », explique M. Campbell à propos de résidents de la maison de retraite où il vit actuellement, en Arizona. « C’était ça, ou ils avaient un accident. »

L’Outil de stratification du risque est actuellement mis en place et validé sur les campus hospitaliers de Bruyère, où l’équipe de Candrive étudiera les moyens d’appuyer l’adoption de l’outil et de favoriser son utilisation à grande échelle dans d’autres milieux de soins de santé.

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