La pauvreté cachée au Canada

Par Paul Logothetis

Media Relations Agent, University of Ottawa

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Expertise universitaire
Faculté des sciences sociales
Recherche et liaison en matière de politiques publiques
Un homme ouvre son portefeuille et découvre qu'il est vide
Towfiqu Barbhuiya (Unsplash)
Le taux de pauvreté officiel du Canada ne donne pas une image complète de la faim et de l'insécurité alimentaire au Canada; selon un nouveau rapport historique : Mesure de la pauvreté au moyen d'un indice de privation matérielle (IPM) : Un indice mis à jour pour le Canada, publié par Banques alimentaires Canada.

Geranda Notten, professeure titulaire en politiques publiques comparatives à l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa, est une des auteures principales de ce nouveau rapport qui présente un indice de défavorisation matérielle (IPM) - une mesure de la pauvreté très utilisée en Europe pour mesurer un niveau de vie sous le seuil de pauvreté - à partir de données canadiennes.

L'IPM met en lumière la pauvreté cachée en révélant qu'environ 25 % des Canadiens vivent dans la pauvreté faute d'avoir les moyens de s'acheter deux produits essentiels ou plus. Cela représente près de 6 millions de Canadiens de plus que ce que révèlent les données les plus récentes sur le taux de pauvreté de Statistique Canada.

La professeure Notten – de la Faculté des sciences sociales – nous explique les conclusions de l’étude :


Question : Pourquoi avez-vous choisi IPM pour ce rapport ?
Geranda Notten : « L'IPM mesure la pauvreté en examinant une série de situations factuelles que les Canadiens considèrent comme nécessaires pour atteindre un niveau de vie acceptable. Notre indice comprend 11 éléments de ce type, comme la possibilité pour une personne de maintenir sa maison à une température confortable tout au long de l'année. En 2023, nous avons constaté qu'un Canadien adulte sur quatre ne pourrait pas s'offrir au moins deux de ces éléments. »


Q : Pourquoi l’IPM n'est-il pas utilisé au Canada ? Devrait-il l'être ?
GN : « Historiquement, la pauvreté au Canada a été mesurée en examinant le revenu d'une famille. Il s'agit d'un déterminant important du niveau de vie d'une famille, mais les besoins et les circonstances spécifiques des familles comptent. Malheureusement, les mesures de la pauvreté monétaire ont du mal à prendre en compte les situations spécifiques des familles.

Au lieu de mesurer le revenu - un intrant - l'IPM mesure les résultats matériels des familles. L'IDM permet de savoir si les gens peuvent s'offrir une série de biens, de services et d'activités que la plupart des Canadiens considèrent comme nécessaires à un niveau de vie acceptable. Il est plus précis car il n'a pas besoin de savoir si un membre de la famille souffre d'une maladie chronique, s'il a besoin d'un régime alimentaire particulier ou s'il doit encore rembourser un prêt étudiant. »

Q : Quelles sont les principales conclusions que vous tirez de ce rapport ? Quelles sont les conclusions qui devraient nous alarmer le plus ?
GN :« La pauvreté au Canada est plus répandue que ne le suggère l'indicateur officiel de pauvreté, car il sous-estime le montant dont les familles ont besoin en fonction de leur situation. Par exemple, à la suite d'un récent déménagement, l'appartement d'une famille peut coûter des centaines de dollars de plus que celui de ses voisins. Il en va de même lorsqu'un membre de la famille a besoin de médicaments alors qu'il n'a pas accès à l'assurance-médicaments. »


Demandes d’entrevue : media@uOttawa.ca