Par Johanne Adam
Les écoles primaires et secondaires de langue française en Ontario sont confrontées à un problème persistant de recrutement. Depuis plusieurs années, elles ont du mal à trouver des enseignants qualifiés en nombre suffisant et à les maintenir en poste.
Les acteurs du milieu de l’éducation sont nombreux à se tourner vers la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa pour trouver des pistes de solution, puisqu’il s’agit du plus important fournisseur de nouveaux enseignants de langue française dans la province.
« Nous avons nos idées, mais ça prend énormément de collaboration », fait valoir Richard Barwell, doyen de la Faculté d’éducation. « Le milieu de l’éducation est un véritable écosystème et pour trouver des solutions, il faut réunir l’ensemble de la communauté. »
M. Barwell a donc lancé une invitation aux principaux acteurs du milieu pour qu’ensemble, ils puissent cogiter sur ce problème et déterminer les meilleures pistes de solutions.
« Nous chercherons aussi à faire comprendre les contraintes de notre côté en tant qu’établissement d’enseignement, et voir s’il est possible d’éliminer certains obstacles », poursuit M. Barwell.
Le Sommet sur la pénurie d’enseignantes et d’enseignants dans le système scolaire de langue française en Ontario a eu lieu le 16 mai 2019 au Pavillon des diplômés Alex-Trebek.
L’ensemble des conseils scolaires y étaient représentés, tout comme le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, l’Université Laurentienne, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens, le ministère de l’Éducation de l’Ontario ainsi que le ministère de la Formation et des Collèges et Universités.
Quelles sont les répercussions de cette pénurie?
Les conseils scolaires n’ont parfois d’autre choix que d’embaucher des enseignants non qualifiés, avec la permission du ministère.
« Parfois, ils n’ont vraiment personne », raconte Richard Barwell.
Qu’est-ce qui contribue à cette carence du corps enseignant?
En plus des nombreux départs à la retraite, d’importants changements démographiques sont à la source du problème.
La population francophone dans le sud de l’Ontario est en croissance. Depuis huit ans, les écoles francophones connaissent une hausse annuelle de quelque 2000 élèves.
« On constate une migration du nord vers le sud. Les gens quittent Sudbury pour descendre vers Windsor par exemple. »
L’immigration francophone est par ailleurs en hausse en Ontario. On compte un nombre croissant d’élèves d’ascendance africaine, maghrébine et haïtienne, notamment. Ainsi, non seulement les conseils scolaires doivent-ils composer avec une hausse des inscriptions, mais également avec les défis particuliers liés à l’enseignement dans un milieu minoritaire et diversifié.
Le nombre d’enseignants qui quittent la profession est en hausse en raison d’une lourde charge de travail.
Seules deux universités proposent un programme de formation en enseignement de langue française en Ontario : l’Université d’Ottawa et l’Université Laurentienne.
Quelles sont les pistes de solution?
L’élimination du contingentement des programmes en enseignement figure parmi les solutions envisagées. « Nous comptons en faire la demande auprès du ministère, mais nous devons être sûrs d’en avoir la capacité. Il faut s’assurer d’avoir suffisamment de placements de stages par exemple », souligne Richard Barwell.
« Il va aussi falloir penser à des solutions innovatrices, comme la création de stages en régions éloignées. »
À l’heure actuelle, les stages en enseignement ne sont pas rémunérés. Des stages payés impliqueraient une modification aux règlements ministériels.
« L’éducation de langue française en Ontario est en bonne partie la raison d’être de la Faculté d’éducation depuis 50 ans. Nous sommes très fiers de nos accomplissements, mais nous constatons qu’il y a un problème et nous allons contribuer à améliorer la situation. »