Quand vient le temps de retracer la contribution des femmes en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), la tâche s’avère plutôt difficile. C’est qu’elles sont encore largement sous-représentées dans la littérature.
Ce constat a amené Ruby Heap, professeure émérite au Département d’histoire de la Faculté des arts, à mettre sur pied le projet d’Archives canadiennes des femmes en STIM, aux côtés de Monique Frize, la première diplômée féminine de la Faculté de génie de l'Université d'Ottawa, et de la professeure de l’Université Laval Claire Deschênes.
« Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire des femmes en génie, j’ai été vite frappée par l’absence de documentation dans les archives, se rappelle la professeure Heap. Je me suis alors demandé quel était l’intérêt de consacrer du temps sur le sujet, s’il y avait si peu à raconter. Une collègue américaine m’a alors amenée sur une nouvelle piste : il fallait tenter de comprendre pourquoi elles sont si invisibles dans l’histoire des STIM. Ç’a été le déclic. »
Ainsi, plus on creuse dans les archives et qu’on récolte des récits, plus on constate que l’histoire de ces femmes est riche, vaste et fascinante. En tant que collectivité, nous n’en savons pas suffisamment à propos de leur impact dans le secteur l’innovation au Canada.
Le portail d’Archives canadiennes des femmes en STIM, lancé en 2018, a donc pour objectif de rassembler et de rendre accessible une panoplie de documents historiques servant à enrichir les connaissances et à soutenir la recherche actuelle et future, notamment en histoire et en études féministes. Le répertoire Web, qui recense des documents et des fonds d'archives de partout au pays, est le fruit d’une étroite collaboration entre la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa, Bibliothèque et Archives Canada et l’Education and Research Institutede l’International Network of Women Engineers and Scientists (INWES-ERI).
Paver la voie pour les prochaines générations
Les temps changent, mais les secteurs des STIM sont encore aujourd’hui composés majoritairement d’hommes. Il est donc primordial de faire connaître des modèles pour la population féminine qui s’intéresse à la science. En dressant un portrait historique plus diversifié, en racontant l’histoire de celles qui y ont œuvré, et en soulignant leurs réalisations dans les avancées scientifiques et technologiques, on arrivera à inspirer les prochaines générations.
« Si on veut montrer aux jeunes filles qu’elles ont bel et bien leur place dans les STIM, il faut qu’elles aient des modèles et qu’elles puissent s’appuyer sur le travail de leurs prédécesseures qui ont contribué à l’avancement de ces disciplines. Monique Frize en est un excellent exemple », souligne Ruby Heap.
En effet, Monique Frize, ingénieure biomédicale et professeure à l'Université d'Ottawa, fait partie des instigatrices du portail d’archives. Elle a été la première à faire don de ses documents aux archives et elle milite aujourd’hui pour sensibiliser ses pairs à léguer leurs récits, documents et artefacts pour enrichir la collection. Les mémoires de cette pionnière en ingénierie paraîtront bientôt aux Presses de l’Université d’Ottawa.
L’histoire des femmes dans les STIM est encore jeune, mais la croissance des fonds d’archives permettra des avancées importantes et plus rapides. Les femmes scientifiques d’aujourd’hui vivent à une époque charnière et doivent participer à la construction et à la promotion de leur mémoire collective.
« Il y a des professeures et des étudiantes ici même à l’Université d’Ottawa qui ont assurément une histoire exceptionnelle à raconter. Si je peux leur lancer un message, c’est de ne pas sous-estimer leur contribution dans l'évolution des savoirs », note la professeure Heap.
Les Archives et collections spéciales de l'Université d'Ottawa ont récemment acquis les documents de l'ingénieure et pionnière Claudette Mackay Lassonde, un don important qui s'ajoute aux archives de Monique Frize et celles d'INWES qui sont disponibles pour consultation à la bibliothèque Morisset.
Pour en savoir plus sur le projet, effectuer des recherches dans les archives, faire un don de documents pour archivage ou vérifier s’il est possible d’ajouter vos dossiers et artefacts à la collection, consultez le site Web des Archives canadiennes des femmes en STIM.