Dre Donna Kimmaliardjuk
Dre Donna Kimmaliardjuk - Crédit photo : la clinique de Cleveland
À l’âge de six ans, la Dre Donna Kimmaliardjuk a appris pourquoi elle n’avait jamais connu son grand-père paternel. Ce moment est gravé dans sa mémoire.

« Mon père m’a raconté que son père était mort de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie qui ronge les nerfs et fait mourir le corps, mais le cerveau vit encore, se remémore-t-elle. Je n’avais que six ans, mais j’ai décidé que je voulais devenir chirurgienne. Je voulais inventer une chirurgie pour guérir la SLA. »

Cette résolution précoce a tracé sa vie. Une fois diplômée de l’École de médecine Cumming de l’Université de Calgary, en 2014, elle s’est orientée vers la chirurgie cardiaque. Sa résidence à l’Université d’Ottawa a fortement influencé la chirurgienne qu’elle est devenue. 

Dre Donna Kimmaliardjuk

« Ottawa était mon premier choix pour ma résidence, car je sentais que c’était le meilleur endroit au Canada pour une formation en chirurgie cardiaque. »

Dre Donna Kimmaliardjuk

— Diplômée de la Faculté et première chirurgienne cardiaque Inuk au Canada

« Ottawa était mon premier choix pour ma résidence, car je sentais que c’était le meilleur endroit au Canada pour une formation en chirurgie cardiaque, affirme la Dre Kimmaliardjuk. Et je crois que je ne me suis pas trompée. »

Aujourd’hui spécialisée en revascularisation coronaire avancée, en pontage aorto-coronarien et en myomectomie, la Dre Kimmaliardjuk travaille à la clinique de Cleveland, l’un des meilleurs hôpitaux au monde pour la chirurgie cardiaque et le traitement des maladies cardiovasculaires. Elle est également la première Inuk à avoir exercé cette spécialité au Canada.

Ses patientes et patients vantent ses mérites, sa sensibilité et son calme, comme en témoigne cette personne : « La Dre Donna “Special K” est la personne la plus bienveillante et authentique que j’ai rencontrée. Au lieu d’appréhender mon opération, je l’attendais avec sérénité et la certitude que tout allait bien se passer. »

La Dre Kimmaliardjuk affirme que sa motivation réside toujours dans ce désir initial d’éviter aux gens la perte d’un être cher ou, comme dans son cas, le regret de n’avoir pas connu une personne défunte. « Les patientes et patients sont des gens comme tout le monde, dit-elle. C’est toujours la mère, l’épouse, le mari, la fille, la tante, le frère ou la sœur de quelqu’un. »

La représentation et les liens avec les patientes et patients

Le travail de la Dre Kimmaliardjuk dépasse le bloc opératoire et les frontières. Elle défend un meilleur accès à la santé et une représentation plus diversifiée dans la profession médicale, particulièrement dans le Nord, où elle a toujours de la famille et des proches. Très souvent, les personnes qui vivent en région éloignée doivent partir loin de leurs proches pour recevoir des soins dans de grandes villes, où le système de santé centralisé est souvent mal adapté aux réalités autochtones. La docteure déplore le coût culturel et émotionnel de ces déplacements. « La diversité du personnel médical est très bénéfique pour les patientes et patients et pour le système de santé en général, affirme-t-elle. Tout le monde n’est pas sensible à toutes les nuances et les réalités. »

La Dre Kimmaliardjuk a d’ailleurs pu le constater elle-même. Pendant sa résidence, à Ottawa, elle a traité un bébé inuk atteint d’une maladie cardiaque congénitale. Dans son dossier médical, une phrase l’a troublée.

« Quelqu’un avait noté au dossier “toxicomanie maternelle présumée”. Or, il n’y avait aucune indication en ce sens, aucune raison de le croire. La seule raison qui expliquait cette note, c’était l’origine inuk de la mère. J’en ai été profondément blessée et choquée. »

Cet incident lui a durement rappelé la persistance du racisme systémique au Canada.

La Dre Kimmaliardjuk l’a signalé à l’hôpital et à l’Université, qui ont pris les mesures nécessaires. Mais, pour elle, ce n’était plus comme avant.

« Cette injustice a marqué un tournant pour moi, confie-t-elle. J’ai réalisé que le racisme existe encore, même en 2020, à Ottawa. Et j’ai senti le besoin de le dénoncer. J’ai compris l’importance de me faire entendre et de prendre plus de place. »

Depuis, même si elle travaille aux États-Unis, la Dre Kimmaliardjuk continue de s’investir pour améliorer le système de santé canadien. Elle siège à plusieurs comités nationaux, dont l’Alliance canadienne de santé cardiaque pour les femmes, le conseil sur les maladies coronariennes et vasculaires de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, et le Comité sur la santé des Autochtones du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada.

Le désir de transmettre

La maternité a ouvert un nouveau chapitre dans la vie de la Dre Kimmaliardjuk et lui a donné une nouvelle raison d’être. Son fils, explique-t-elle, porte en lui deux cultures et un double héritage dont elle veut qu’il soit fier.

« Depuis que je suis mère, je prends davantage conscience de ce que je fais, livre-t-elle. Je veux que mon fils sache qui il est, d’où il vient, et je veux qu’il puisse prendre la route de son choix. »

Dre Donna Kimmaliardjuk

« Depuis que je suis mère, je prends davantage conscience de ce que je fais, livre-t-elle. Je veux que mon fils sache qui il est, d’où il vient, et je veux qu’il puisse prendre la route de son choix. »

Dre Donna Kimmaliardjuk

Parallèlement, elle fait souvent part de ses réflexions avec franchise aux étudiantes et étudiants qui aspirent à une carrière en santé : « Il est normal de douter de soi-même. Ça m’arrive aussi quand j’ai affaire à un cas complexe. Je me demande si je suis capable de faire ce que j’ai à faire, si je suis assez bonne. Mais je dis toujours aux gens que ça ne doit pas les freiner. »

Son conseil est trempé dans l’expérience : « Il y aura des moments difficiles. Mais c’est temporaire. Entourez-vous de personnes qui vous soutiennent. Et, par-dessus tout, persévérez. Ne perdez pas espoir. À force de volonté, vous réussirez. »

Une reconnaissance acceptée avec humilité

La Dre Donna Kimmaliardjuk incarne un modèle de soins à la fois fidèle aux normes d’excellence clinique et profondément ancré dans la sensibilité humaine, culturelle et sociale.

Cette lauréate du prix Indspire dans la catégorie jeune Inuit en 2018 et du prix « One to Watch » de l’Université Queen’s en 2019 n’a jamais cherché la reconnaissance publique ni le prestige. Ces honneurs récompensent son parcours remarquable, mais représentent aussi l’espoir d’une plus grande diversité dans la santé et de soins mieux adaptés aux populations autochtones et mal desservies.

Cette vision d’un meilleur avenir pour la santé des Autochtones est au cœur de la mission du Programme autochtone de la Faculté de médecine, qui vise à recruter, à soutenir et à former des étudiantes et étudiants autochtones en médecine et à intégrer les perspectives autochtones dans l’enseignement de la médecine et dans les soins. Au cours des prochaines années, le Centre de recherche et d’éducation en santé autochtone (CRESA) s’appuiera sur ces initiatives pour soutenir la recherche en santé, l’enseignement de la médecine et l’engagement communautaire autochtones au sein de la Faculté.

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