La Dre Arezu Jahani-Asl, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neurobiologie des maladies, apporte des preuves convaincantes qu’un médicament utilisé pour ralentir la progression de la sclérose latérale amyotrophique s’avère prometteur pour éliminer les cellules souches cancéreuses capables de s’autorenouveler, remettant en question les normes de soins actuelles pour le traitement des tumeurs cérébrales mortelles de stade 4.
Les résultats obtenus par son équipe pourraient se révéler extrêmement utiles, car les cellules souches des tumeurs cérébrales sont au cœur même de la résistance thérapeutique et de la récurrence des tumeurs dans le glioblastome, un type de cancer dévastateur résistant aux traitements qui touche quatre personnes sur 100 000 au Canada.
Selon la Dre Jahani-Asl, professeure agrégée au Département de médecine cellulaire et moléculaire et membre de l’Institut de recherche sur le cerveau de l’Université d’Ottawa, la découverte de moyens de cibler efficacement ces rares populations de cellules hautement résistantes pourrait contribuer dans une large mesure aux efforts mondiaux de lutte contre le cancer du cerveau.
Voici ce que l’équipe dirigée par l’Université d’Ottawa a découvert : l’édaravone (dont le nom commercial est Radicava) inhibe l’autorenouvellement et la prolifération des cellules souches de tumeurs cérébrales, de sorte que le repositionnement de ce médicament pourrait constituer une puissante arme contre le glioblastome. Les chercheurs ont fait part de leurs conclusions dans la revue Stem Cell Reports.
« Nous montrons que l’édaravone cible spécifiquement les cellules souches cancéreuses et qu’il est particulièrement efficace en association avec les rayonnements ionisants, explique-t-elle. L’étude suggère que [ce médicament] peut être efficace pour éradiquer les cellules souches cancéreuses, et devrait donc réduire les risques de résistance au traitement et de récidive chez les patients atteints de glioblastome. »
Le rayonnement ionisant est un type de rayonnement utilisé dans le traitement du cancer pour tuer les cellules malignes ou inhiber leur croissance.
Le repositionnement des médicaments déjà commercialisés et approuvés pour un usage humain est une stratégie de plus en plus répandue pour lutter contre différents types de cellules cancéreuses. Les composés dont l’innocuité a déjà été démontrée peuvent passer plus rapidement aux essais cliniques. Étant donné que l’édaravone est un composé approuvé dont l’innocuité a déjà été démontrée chez l’humain, la Dre Jahani-Asl estime que le repositionnement du médicament et son application au glioblastome sont « très prometteurs ».
En 2017, l’édaravone a été approuvé par la Food and Drug Administration aux États-Unis pour traiter la sclérose latérale amyotrophique et cinq ans plus tard, sa formulation orale sera approuvée par Santé Canada. L’édaravone est également utilisé pour traiter les accidents vasculaires cérébraux.
Avant que l’étude n’apporte des preuves convaincantes que l’édaravone sensibilise les tumeurs du glioblastome à la radiothérapie dans les modèles animaux, l’équipe a effectué une analyse de l’expression génique dans les cellules souches de tumeurs cérébrales dérivées de patients en l’absence et en présence du médicament. « Nous avons trouvé des panels de gènes dérégulés de manière importante liés aux propriétés des cellules souches et aux mécanismes de réparation de l’ADN, explique la Dre Jahani-Asl, ce qui constitue le point de départ d’une nouvelle voie de recherche importante. »
L’acquisition de nouvelles connaissances sur la régulation des cellules souches des tumeurs cérébrales est à l’avant-plan des efforts de lutte contre le glioblastome, un travail dans lequel la Dre Jahani-Asl joue un rôle de premier plan à l’échelle internationale. Son programme de recherche à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa est axé sur l’élaboration de nouvelles stratégies thérapeutiques pour traiter les maladies cérébrales complexes et dévastatrices.
Les chercheurs doivent maintenant s’atteler à la rédaction d’un protocole sur les meilleures façons d’optimiser le dosage de l’édaravone en association avec la radiothérapie et la chimiothérapie.
« Nous espérons maintenant optimiser le dosage pour obtenir une fenêtre thérapeutique sécuritaire, explique la Dre Jahani-Asl. Une fois que nous aurons établi une dose sécuritaire dans le cadre d’une polythérapie, nous disposerons des connaissances nécessaires pour passer à la phase clinique. »
Demandes médias : media@uOttawa.ca
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