Par Brandon Gillet
Dans un monde où la technologie change continuellement nos habitudes de vie et de travail, il est impératif de ne jamais cesser d’apprendre. La Gazette s’est entretenue avec trois personnes que la soif d’apprendre a poussées à revenir sur les bancs de l’université des années après les avoir quittés. Quels conseils ont-elles pour ceux et celles qui voudraient suivre leur exemple?
Marc Lamarre, 63 ans
Après avoir obtenu son baccalauréat en biologie à l’Université d’Ottawa et son doctorat en chirurgie dentaire à l’Université de Toronto, Marc Lamarre (B.Sc. 1977, MBA 2011), a été dentiste militaire pour les Forces armées canadiennes en Allemagne de 1981 à 1984. Il a ensuite exercé la médecine dentaire pendant vingt ans à Ottawa, avant de déménager à Grand Caïman en 2003 et de prendre sa retraite en 2009.
Et puis, à 55 ans, il s’est inscrit au programme de MBA pour cadres de l’École de gestion Telfer, fort de quelques idées à explorer pour éliminer ce qu’il appelle des « irritants » en dentisterie. Il s’était aussi rapidement lassé de la retraite. Il dit d’ailleurs à la blague que c’est la seule chose qu’il a ratée dans sa vie!
En 2013, M. Lamarre a cofondé Cumulus Dental. L’entreprise offre aux dentistes un système à commande vocale pour créer des schémas dentaires tridimensionnels précis en un tournemain. Elle travaille aussi à la mise au point d’une sonde parodontale qui facilitera le diagnostic précoce de la maladie des gencives en fournissant diverses mesures physiologiques comme la température. M. Lamarre a récemment obtenu un prix WISE 50 Over 50 pour son entreprise.
- Si vous n’avez pas étudié depuis très longtemps, il se peut que vous ayez un peu de travail à faire pour vous remettre dans le bon état d’esprit.
- C’est beaucoup plus agréable la deuxième fois! On est là purement pour le savoir, ce qui est très stimulant.
- Si vous démarrez une entreprise, attendez-vous à devoir travailler plus fort que jamais. Cela dit, je m’amuse comme un fou!
- Préparez-vous à subir un processus d’admission qui ressemble pratiquement à un processus de sélection pour un emploi (sauf que si vous l’obtenez, c’est vous qui payez!).
- Je crois fermement à l’importance et aux bienfaits mentaux de l’apprentissage à vie. Le jour où je cesserai d’apprendre, je serai mort.
Patricia Larkin, 55 ans
Patricia Larkin (Ph.D. 2017) détient un baccalauréat en géographie et en sciences de l’environnement de l’Université Trent (1983) ainsi qu’une maîtrise en géographie de l’Université Carleton (1996). Elle a travaillé dans la fonction publique fédérale tout en élevant ses trois filles, dont une étudie actuellement à l’Université d’Ottawa. Pendant cette période, elle a conçu et mené divers programmes d’éducation environnementale pour des écoles locales.
Mue par son intérêt pour la santé des populations, Mme Larkin a par la suite entrepris un diplôme d’études supérieures en évaluation et gestion du risque en santé des populations à l’Université d’Ottawa, qu’elle a obtenu en 2012. Ravie de son expérience, elle a décidé, vers la fin de son programme, de s’inscrire au doctorat. Aujourd’hui analyste principale en matière de politiques à Santé Canada, elle est une adepte de l’acquisition continue du savoir.
- Ne vous en faites pas trop à propos de la différence d’âge. Participez aux activités sociales, y compris les sorties au pub organisées par vos jeunes camarades!
- Si vous vivez à bonne distance du campus, ne surchargez pas votre horaire de cours, question de préserver votre santé mentale.
- Le dimanche matin est un excellent moment pour travailler, particulièrement propice à la lecture et à la réflexion.
- Si vous pensez changer de sujet de thèse, ne passez pas des mois à vous torturer. Votre directeur de programme et votre superviseur comprendront.
- Vous avez de la chance! Cultivez la gratitude et prenez plaisir à vos études!
Clifford Lincoln, 89 ans
Avant d’immigrer au Canada en 1958, Clifford Lincoln a étudié les assurances et le droit dans son île Maurice natale, puis en Afrique du Sud. Après avoir travaillé comme cadre dans le domaine des assurances, d’abord à Vancouver puis à Montréal, il a fait son entrée en politique. Il a siégé à l’Assemblée nationale du Québec de 1981 à 1989, et a été ministre de l’Environnement dans le gouvernement de Robert Bourassa.
M. Lincoln a fait le saut en politique fédérale en 1993. Député libéral de Lac-Saint-Louis pendant plus de dix ans, il a été secrétaire parlementaire du ministre de l’Environnement (1993-1996) et président du Comité permanent de Patrimoine canadien (1997-2004).
C’est en septembre 2017 que, renouant avec ses premières amours, il a commencé une maîtrise en droit de l’environnement à l’Université d’Ottawa.
- L’éducation est au cœur de tout. C’est un outil pour s’améliorer et s’accomplir comme être humain. Elle donne un sentiment d’appartenance et la satisfaction d’avoir exploité ses aptitudes mentales au maximum.
- Certains aspects techniques peuvent représenter un défi, tout comme la tâche de structurer un travail universitaire. C’est déroutant au début, mais après quelques semaines, tout se met en place.
- Je n’étais inquiet que d’une chose : aller à l’école avec des jeunes qui ont 50 ou 60 ans de moins que moi. Mais à ma grande surprise, personne n’en a fait de cas. J’ai trouvé mes camarades de classe très accueillants et très gentils.
- Dans mon cours de méthodologie juridique, la plupart des étudiants venaient de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe. Le mélange de nationalités et de groupes ethniques était tout simplement stupéfiant – et très inspirant.
- Surtout, ne vous découragez pas. Votre persévérance sera récompensée. Je recommande à tous ceux et celles qui le peuvent de retourner aux études. Ça vaut la peine!