Un examen international de l’intervention du Canada en réponse à la COVID-19 a mis en lumière des failles évidentes, découlant notamment des dysfonctionnements de longue date du système de santé publique du pays et de la mauvaise communication d’information entre le fédéral et les provinces.
Roojin Habibi et Adam R. Houston de la Faculté de droit, Section de common law, font partie de ces spécialistes provenant de 13 établissements canadiens qui ont participé à la série d’articles de l’équipe du British Medical Journal intitulée The BMJ Canada COVID Series, qui fait l’analyse critique des réussites et des échecs de la gestion de la crise sanitaire par le Canada. On y exige notamment la tenue d’un examen national indépendant, qui permettrait de tirer des leçons et de s’assurer que les autorités s’attribuent la responsabilité des activités de préparation antérieures et futures.
Roojin Habibi et Adam R. Houston – un professeur auxiliaire qui était membre du Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne – soutiennent que le Canada doit revoir son bilan de gestion de la COVID-19, éviter de sacrifier les besoins de la population au profit des investissements nationaux et faire preuve d’un leadership en santé sur la scène mondiale. Bien que le Canada ait atteint une couverture vaccinale élevée au pays, il a accumulé des stocks de vaccins contre la COVID en plus de ne pas avoir appuyé les mesures visant à augmenter l’approvisionnement à l’échelle mondiale, contribuant ainsi à l’iniquité vaccinale dans le monde.
« Cette série d’articles fait valoir la nécessité de mettre sur pied une enquête nationale indépendante et notamment de tirer des leçons des décisions et des mesures qui ont été peu. »
Roojin Habibi
— Professeure adjointe de la Faculté de droit - Section de common law
« Le Canada a lamentablement failli à son devoir de participer aux efforts de promotion de l’équité vaccinale à un moment où une distribution équitable était plus que nécessaire, et ce, en accumulant des doses de vaccin, en freinant l’action multilatérale qui avait pour but d’éviter qu’une telle situation se reproduise et en s’en remettant à l’industrie pharmaceutique en ce qui concerne les positions de principe pharmaceutiques nationales », affirme Roojin Habibi, une professeure adjointe – dont l’expertise se situe au carrefour du droit international, du droit de la santé et des droits de la personne – dans son analyse de l’interprétation normative du droit de la santé à l’échelle mondiale et des changements connexes.
« Cette série d’articles fait valoir la nécessité de mettre sur pied une enquête nationale indépendante et notamment de tirer des leçons des décisions et des mesures qui ont été peu, voire aucunement efficaces, de mettre en place un cadre concret qui permettra de réformer les systèmes de soins de santé et de santé publique du Canada et de donner au pays les moyens de ses ambitions de devenir un leader mondial. »
Selon des spécialistes, les leçons tirées de l’épidémie de SARS-CoV-1, en 2003, ont été jetées aux oubliettes. Les gouvernements et les autorités sanitaires du Canada étaient donc mal préparés pour faire face à la pandémie de COVID-19, et le leadership fragmenté en santé a fait obstacle à la mise en œuvre d’une intervention concertée.Malgré la présence d’un système de soins de santé universel, chaque vague frappait de plein fouet les communautés les plus socialement et économiquement marginalisées du Canada, notamment les personnes qui vivaient en foyers de soins de longue durée, une situation qui a accablé de honte le pays tout entier.
« En 2021 seulement, il aurait été possible de sauver un million de vies dans des pays défavorisés si des États bien nantis, comme le Canada, avaient partagé plus généreusement leurs doses de vaccins », note la série. « Ces vies perdues ne valent-elles pas la peine qu’on tente d’empêcher l’histoire de se reproduire? »
Adam R. Houston et Roojin Habibi ont signé l’article Canada’s role in covid-19 global vaccine equity failures, inclut dans la série sur le Canada et la COVID du BMJ. DOI : 10.1136/bmj-2023-075149
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