Tant de choses à lire, mais si peu de temps! Talia Chung, bibliothécaire en chef, nous présente quelques inspirations littéraires à l’occasion du Mois du patrimoine asiatique

Portrait de la bibliothécaire en chef, Talia Chung, dans un jardin
Pour marquer le Mois du patrimoine asiatique, la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa vous invite à faire connaissance avec certains membres de son personnel qui sont fiers de leurs origines asiatiques. Voici Talia Chung, bibliothécaire en chef et vice-provost (gestion des savoirs).
Portrait de la bibliothécaire en chef, Talia Chung

Le Mois du patrimoine asiatique est entre autres l’occasion de célébrer les merveilleuses contributions des Canadiennes et Canadiens d’ascendance asiatique.

Créé en 2002, l’événement porte un thème tout à fait approprié cette année : Reconnaissance, résilience et audace, inspiré par la hausse inouïe du racisme anti-asiatique qui persiste depuis le début de la pandémie. Bien que ce contexte provoque une myriade d’émotions, il donne aux membres de la communauté, ainsi qu’à leurs alliées et alliés, le pouvoir de s’élever contre le racisme et la discrimination.

La Bibliothèque de l’Université d’Ottawa a choisi de marquer la célébration en mettant en vedette certains membres de son personnel qui sont fiers de nous faire connaître un volet de leur héritage asiatique. Parmi ces membres figure Talia Chung, bibliothécaire en chef et vice-provost (gestion des savoirs).

Talia a été nommée à ce poste en octobre 2018. Auparavant, elle a été bibliothécaire associée pour les Services de recherche, directrice de la Bibliothèque des sciences de la santé et chef du Centre d’information géographique, statistique et gouvernementale à la bibliothèque Morisset.

Dans cette courte entrevue, Talia discute de son héritage asiatique, en commençant par l’immigration de sa famille au Canada, des gens qui l’inspirent le plus et de l’évolution de son rôle à la Bibliothèque.
 

Comment allez-vous célébrer le Mois du patrimoine asiatique cette année?

TC : Comme tout le monde de nos jours, en suivant tous les protocoles sanitaires en vigueur! Plus sérieusement, mon héritage asiatique n’est jamais vraiment très loin de mon quotidien.

Si quelqu’un cherche des façons de souligner le Mois du patrimoine asiatique, je serais ravie de faire quelques suggestions. Parce que je suis bibliothécaire, mon réflexe est de recommander des livres!

L’année dernière, j’ai beaucoup apprécié le voyage culturel d’Ann Hui au Canada, intitulé Chop Suey Nation: The Legion Café and Other Stories from Canada’s Chinese Restaurants, ainsi que les mémoires familiaux de Mark Sakamoto, Forgiveness: A Gift from My Grandparents.

Je ne peux passer sous silence l’ouvrage de notre diplômé Vincent Lam, Bloodletting and Miraculous Cures, une lecture passionnante qui a remporté le prix Scotiabank Giller 2006. Au cours de la dernière année, le Dr Lam a formulé des commentaires perspicaces sur la pandémie du point de vue d’un médecin.

Tant de choses à lire, si peu de temps!
 

Dites-nous quelque chose que la majorité des gens ignorent à votre sujet.

TC : Beaucoup sont surpris d’apprendre que je suis née au Brésil de parents originaires du sud de la Chine.

L’histoire de l’immigration de notre famille a débuté dans le sud de la Chine, que mes parents ont quitté pour se rendre à Hong Kong, puis au Brésil, où je suis née et où nous avons vécu quelques années. Notre périple s’est finalement terminé par un soir de novembre lorsque nous avons atterri sur le tarmac de l’aéroport de Montréal. Inutile de dire que cette arrivée au Canada sous la neige a été un choc pour une famille habituée à un climat chaud!

En grandissant à Montréal, j’ai eu la chance d’être exposée à un monde linguistique et culturel riche. J’habitais dans le Mile-End, j’avais des amis dans le quartier chinois et dans Rosemont, et toute la ville était imprégnée de culture.

J’étais entourée de voisins et d’amis francophones, j’étudiais et je regardais la télévision en anglais, et ma vie familiale se déroulait principalement en chinois. Je me demande parfois si je maîtrise vraiment l’une ou l’autre de ces langues, mais je me sens certainement chanceuse de pouvoir entrer dans ces mondes grâce à mes compétences linguistiques.
 

Parlez-nous d’une personne qui vous a inspirée.

TC : Wow – par où commencer? C’est une question difficile, car je n’ai aucun mal à trouver quelque chose d’inspirant ou d’intéressant chez les personnes que je rencontre. Qu’il s’agisse d’un talent particulier, d’une preuve de courage ou de l’intelligence d’une personne dans sa façon de s’exprimer, je me sens souvent entourée de gens inspirants, notamment au sein de l’équipe de ma Bibliothèque.

J’ai récemment lu deux livres sur des pionnières canadiennes qui ont franchi nombre d’obstacles afin de siéger à la plus haute cour de justice au pays. Le premier, Two Firsts: Bertha Wilson and Claire L’Heureux-Dubé at the Supreme Court of Canada, a été écrit par Constance Backhouse, professeure de droit à l’Université d’Ottawa. Elle y expose les défis et la discrimination vécus par Claire L’Heureux-Dubé et Bertha Wilson au fil de leur carrière juridique, avant qu’elles deviennent les premières femmes nommées à la Cour suprême du Canada.

J’ai également adoré la biographie de Beverley McLachlin, Truth Be Told: My Journey Through Life and the Law, dans laquelle elle parle de l’importance, durant sa jeunesse, de la bibliothèque municipale de Pincher Creek dans sa vie intellectuelle.

Ces histoires sont si importantes parce qu’elles nous font prendre conscience de la lutte acharnée et récemment gagnée pour l’avancement des droits des femmes au Canada, mais nous rappellent aussi qu’il y a encore du chemin à faire. Ce sont des femmes inspirantes avec lesquelles j’aimerais m’asseoir pour avoir une longue conversation (et un bon repas).
 

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre carrière?

TC : Lorsque j’ai commencé, j’imaginais que cette carrière me mènerait à un travail essentiellement solitaire. J’imaginais passer des heures à cataloguer ou à indexer, ou encore à coder dans le domaine émergent des systèmes de bibliothèque.

En fait, je me suis vite lassée de ce genre de cette solitude et j’ai appris que j'avais besoin de côtoyer de nombreuses personnes différentes, et de préférence avec toutes sortes d’informations et quelques technologies pour que les tâches restent intéressantes et stimulantes. J’ai eu l’immense chance d’explorer une multitude de facettes du travail en bibliothèque.

J’ai également trouvé fascinant d’observer l’évolution des rôles des bibliothécaires et de la proposition de valeur des bibliothèques au sein de leurs communautés d’usagers et de leurs institutions mères. La mission des bibliothèques se poursuivra tant que les gens continueront à poser des questions et à chercher des réponses.
 

Quel est l’acte le plus généreux que vous avez vu récemment?

TC : C’est peut-être en raison de la situation que nous vivons tous actuellement, mais je suis extrêmement reconnaissante envers les travailleuses et travailleurs de la santé de première ligne qui font de leur mieux et risquent leur vie pour répondre aux besoins créés par la pandémie de la COVID-19.

De façon plus subtile, j’ai vu des gens faire preuve de gentillesse – que ce soit par leurs gestes ou leurs paroles – envers des personnes qui leur étaient inconnues. À cause de la pandémie, mon quartier semble soudainement plus soudé.

Je n’oublierai pas la fois où un voisin d’un voisin, qui est un violoncelliste du CNA, a offert à notre quartier un spectacle improvisé sur le trottoir. Ça a fait du bien à l’âme!


Nous vous invitons à faire la connaissance d’autres membres du personnel de la Bibliothèque. Vous pouvez lire leurs entrevues ici.