Tracy Vaillancourt lauréate d’un prestigieux prix en psychologie du développement

Par Christine L. Cusack

Conseillère, Communications et marketing, Faculté d'éducation uOttawa

Tracy Vaillancourt s'exprimant depuis un podium.
Professeure Tracy Vaillancourt | Crédit image : Pickering Centre for Research in Human Development, Carleton University
Félicitations à la professeure Tracy Vaillancourt, qui s’est vu décerner le prix Pickering pour contribution exceptionnelle à la psychologie du développement au Canada en 2025.

Au moment de recevoir le prix Pickering et de prendre la parole lors de la conférence publique Pickering 2025 devant un atrium rempli d’étudiantes et étudiants, de ses collègues et de membres de sa famille, Tracy Vaillancourt a commencé par une question toute simple : pourquoi faire ce travail?

« Pour améliorer la qualité de vie des enfants du Canada et du monde entier », a-t-elle répondu dans la foulée.

Le prix Pickering a été créé en 2010 en hommage au philanthrope d’Ottawa C. E. Pickering (1881-1983), qui a fait de généreux dons au Département de psychologie de l’Université Carleton pour appuyer la recherche sur le bien-être de la petite enfance. Cette distinction est attribuée chaque année à une chercheuse ou un chercheur canadien ayant « contribué de façon remarquable à la psychologie du développement par son excellence en leadership, en mentorat et en recherche […] durant une longue période », selon le Pickering Centre for Research in Human Development. Ce centre était l’organisateur de la cérémonie de remise du prix, qui a eu lieu le 25 septembre à l’Université Carleton. La professeure Vaillancourt est la douzième à recevoir ce prix depuis sa création.

 

Une leader et une mentore

La professeure Vaillancourt est renommée pour sa recherche sur l’agression, plus particulièrement sur les effets à long terme de l’intimidation et les pratiques exemplaires de prévention et d’intervention en la matière. Elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et en prévention de la violence chez les jeunes. Elle est également membre de la Société royale du Canada (SRC), dont elle a présidé le groupe de travail sur la COVID-19. Enfin, cette fondatrice et directrice du Laboratoire d’étude du cerveau et du comportement de l’Université d’Ottawa est une sommité mondiale dans le domaine de la santé mentale des jeunes, plus particulièrement des conséquences neurobiologiques à long terme de l’intimidation.

Prolifique érudite, elle compte à son actif plus de 300 publications et presque autant de conférences, présentations, entrevues dans les médias et épisodes de balados – un volumineux corpus qui témoigne de l’influence de ses travaux interdisciplinaires. Son livre Mean, à paraître en 2026, s’adressera à un vaste lectorat et portera sur les dynamiques genrées de l’agression et de la compétition sociale.

Les membres du comité d’attribution du prix Pickering ont été impressionnés par les réalisations de la professeure Vaillancourt, mais aussi touchés par son dévouement pour le mentorat auprès de la relève en recherche et dans les professions de la santé mentale. Plus d’une cinquantaine de ses anciens étudiants et étudiantes ont fait carrière en médecine, en psychologie, dans l’enseignement, dans la fonction publique et en recherche dans le secteur privé.

L’intimidation : l’antithèse de l’appartenance

Lors de sa présentation, la professeure Vaillancourt a « débroussaillé [scientifiquement] » les effets neurobiologiques et les conséquences à long terme de la victimisation par les pairs.

« Les problèmes de santé mentale débutent durant l’enfance et prennent racine, a-t-elle expliqué. C’est la principale cause d’invalidité chez les adultes dans le monde. Ces adultes aux prises avec des problèmes de santé mentale élèvent leurs enfants qui formeront la prochaine génération. C’est très difficile de s’occuper de jeunes enfants quand on souffre de dépression, qu’on manque de motivation ou qu’on se sent triste et sans espoir. » 

Les causes des problèmes de santé mentale sont variées et complexes, mais l’intimidation est un facteur de mal-être particulièrement important. « J’ai consacré beaucoup de temps à réduire la victimisation par l’intimidation pour améliorer la santé mentale des enfants et des jeunes », a souligné la chercheuse.

Elle a présenté ses conclusions au sujet des victimes d’intimidation durant l’enfance, « qui ont plus de risques de souffrir d’anxiété et d’avoir des idées suicidaires que les personnes n’ayant pas été intimidées durant l’enfance. Même à 50 ans, ces victimes n’ont pas encore surmonté leurs difficultés », soutient-elle.

« Quarante ans plus tard, le traumatisme entrave toujours leur prospérité individuelle, sociétale et économique, assure-t-elle. L’intimidation cause des souffrances immédiates et à long terme, et elle entraîne des dommages collatéraux sur les générations suivantes. »

« Pourquoi l’intimidation a-t-elle des effets néfastes aussi profonds?, a demandé la professeure. Parce qu’elle empêche le développement du sentiment d’appartenance, qui est un besoin fondamental. D’innombrables études depuis plus de 70 ans ont démontré que les liens sociaux ne sont pas un luxe, mais un facteur crucial pour le développement optimal. Le sentiment d’appartenance forme un socle pour l’évolution personnelle. L’appartenance à un groupe est synonyme de protection. » 

Tracy Vaillancourt
Prix de recherche

« Mon travail porte sur le sentiment d’appartenance; j’aide les enfants à se sentir importants, valorisés et liés aux autres. De cette manière, on peut non seulement prévenir la souffrance, mais aussi créer les conditions propices à l’épanouissement... »

Tracy Vaillancourt

— Chaire de recherche du Canada en santé mentale et en prévention de la violence chez les jeunes

« Au bout du compte, mon travail porte sur le sentiment d’appartenance; j’aide les enfants à se sentir importants, valorisés et liés aux autres, enchaîne la professeure. De cette manière, on peut non seulement prévenir la souffrance, mais aussi créer les conditions propices à l’épanouissement des enfants. »

« Je suis très honorée d’avoir été choisie pour le prix Pickering, en particulier parce qu’il reconnaît l’importance du mentorat, a-t-elle ajouté. 

C’est important d’offrir un environnement où les étudiantes et étudiants peuvent réaliser leur potentiel, obtenir du soutien et prendre des risques pour que la prochaine génération de chercheuses et chercheurs continue d’améliorer la vie des enfants et des jeunes du monde entier. »

Au sujet de Tracy Vaillancourt

La professeure Tracy Vaillancourt est titulaire de Chaire de recherche du Canada en santé mentale et en prévention de la violence chez les jeunes. Elle est professeure titulaire à la Faculté d'éducation, professeure titulaire à la fois en psychologie clinique et à l'École de psychologie, et chercheuse principale au Centre for International Governance. Elle codirige l'Étude sur la santé et les relations entre pairs (HPRS). Les recherches de la professeure Vaillancourt portent sur les liens entre l'intimidation et la santé mentale, avec un accent particulier sur les neurosciences sociales. Ses recherches sont financées par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines et la Fondation ontarienne de la santé mentale. Elle est membre de la Société royale du Canada et fait partie du comité national d'experts de Sécurité publique Canada sur la lutte contre la radicalisation menant à la violence.  Ses projets de recherches sont financés par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines et la Fondation ontarienne de la santé mentale.