L’arrivée précoce du printemps dans certaines régions de l’Amérique du Nord met en péril la survie des bourdons et, par conséquent, les cultures agricoles et les végétaux qui dépendent de ces pollinisateurs, selon une recherche de l’Université d’Ottawa.
Publiée dans la revue Biological Conservation, l’étude compte parmi les premières à évaluer les effets sur les bourdons des fluctuations saisonnières dues au réchauffement du climat. L’équipe de recherche de la Faculté des sciences a découvert que leur réveil n’est pas synchronisé avec l’arrivée prématurée du printemps, de sorte qu’ils trouvent plus difficilement leurs sources de nourriture, ou passent complètement à côté.
« L’étude nous fournit des données cruciales pour comprendre l’incidence du réchauffement climatique sur le synchronisme saisonnier des événements biologiques, explique Olga Koppel, coauteure principale et doctorante au Département de biologie de la Faculté des sciences.
« La survie des bourdons est intimement liée à la nôtre, puisqu’ils sont les principaux pollinisateurs de nos cultures de fruits, de légumes et de fibres naturelles, comme le coton. Les plus de 40 espèces de bourdons d’Amérique du Nord nous rendent un service inestimable, dont nous sommes fortement dépendants. »
Le lien entre les changements climatiques et le déclin de la biodiversité est clairement établi, et la recherche s’intéresse de plus en plus aux conséquences sur les nombreuses espèces. Le réchauffement mondial augmente la probabilité d’une arrivée précoce du printemps et, avec lui, de l’éclosion de la flore printanière, sauvage et arboricole. Or, au sortir de leur longue hibernation, les reines bourdons affamées ont besoin du pollen et du nectar que leur fournissent ces sources indispensables de nourriture.
Il est essentiel que les bourdons se synchronisent avec les ressources florales. Si leur réveil survient trop tôt, le manque de nourriture menace leur survie, réduit la taille des colonies et diminue leurs chances de subsister l’année suivante. En revanche, les bourdons dont la sortie d’hibernation concorde avec l’arrivée du printemps profitent pleinement de leurs sources de nourriture et améliorent leurs chances de subsister.
Olga Koppel et son collègue et coauteur principal, Jeremy Kerr, professeur titulaire et directeur du Département de biologie, ont observé les relations entre le climat et la sortie d’hibernation des bourdons à partir d’une base de données de spécimens de collections muséales en Amérique du Nord, comptant 17 000 bourdons de 21 espèces. L’étude a révélé une forte corrélation entre le climat et les variations de la sortie d’hibernation chez 15 des 21 espèces.
« Notre recherche démontre une nette influence du réchauffement climatique sur le réveil des bourdons, une conclusion qui pourrait orienter les recherches de même nature sur d’autres espèces et la prise de mesures urgentes pour préserver ces précieux pollinisateurs, espère Olga Koppel. Elle peut servir de feuille de route pour évaluer à grande échelle les réponses temporelles aux changements climatiques de nombreux autres insectes et animaux. »
L’article Strong phenological shifts among bumblebee species in North America can help predict extinction risk, par Olga Koppel et Jeremy Kerr, Département de biologie, Faculté des sciences, est publié dans le numéro d’août de la revue Biological Conservation. DOI : 10.1016/j.biocon.2022.109675
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